Voyage en Aragon et en Catalogne

Au cours de l’été 2025, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer un road trip en Aragon, en Catalogne et dans d’autres régions intéressantes de la péninsule Ibérique. Dans ce carnet de voyage, je vous partage notamment quelques connaissances culturelles intéressantes, de l’histoire maure de Saragosse à l’architecture moderniste de Barcelone, en passant mon expérience d’apprentissage très rudimentaire du catalan…

Valladolid, le dimanche 13 juillet 2025

Si vous connaissez un peu la géographie de l’Espagne, vous vous demandez pourquoi j’ouvre cet article sur la capitale de Castilla y León. Rassurez-vous : ce sera bref. Je compte bel et bien consacrer ce billet à ma visite de l’Aragon et de la Catalogne, qui commencera dans quelques jours. ⏳

Pour l’heure, j’aimerais vous partager mon expérience du trajet aller. En effet, alors que je voyage presque toujours en car de nuit, surtout pour des raisons environnementales, j’ai dû venir cette année en voiture. Sur la fin du périple, vous comprendrez l’utilité de ce véhicule. C’est la deuxième fois de ma vie que je conduis à l’étranger et la première fois que je le fais en Espagne.

J’ai mis quelques heures de plus que ce que prévoyait le GPS en raison de ma politique d’écoconduite radicale. 🌱 Entre Irún et Valladolid, j’ai donc dû mettre 6 ou 7 heures, sans compter les pauses sur les aires de repos.

En quoi la conduite en Espagne diffère-t-elle de ce à quoi nous sommes habitués en France ? Tout d’abord, lorsque j’ai traversé le pont Saint-Jacques, en sortant d’Hendaye, j’ai vu le panneau « Guipúzcoa », puis le panneau « Irún », mais pas le panneau « España »… Un activiste séparatiste basque l’aurait-il fait disparaître ?

J’ai aussi remarqué que les limitations de vitesse sont souvent dix kilomètres/heure en dessous de la norme française. ⭕ L’autoroute est limitée à 120 (ça, je l’avais remarqué depuis longtemps), la quatre-voies à 100, les courbes et les périphéries à 60 et, dans certaines zones où il faut être prudent, on voit assez régulièrement un panneau « 40 ». Par ailleurs, j’ai très souvent vu le panneau « vitesse conseillée » (🔟), alors que celui-ci est extrêmement rare en France (du moins, dans la région plate où je réside). Cet affichage était très fréquent sur les routes sinueuses et montagneuses du Pays basque, mais je l’ai aussi vu dans le paysage légèrement vallonné de la Meseta.

Enfin, les Espagnols m’ont semblé plus nerveux que les Français au volant. Ils ne sont pas plus désagréables, mais ils dépassent plus volontiers les limitations de vitesse et n’hésitent pas à doubler quand vous n’allez pas assez vite. Par conséquent, je me suis laissé entraîner dans leur dynamique. Bien évidemment, j’ai tâché d’être prudent et de ne pas faire d’excès de vitesse, mais mon écoconduite s’est avérée moins radicale après le passage des Pyrénées… 😉

Faro, le mercredi 16 juillet, an de grâce 2025

Après 48h assez tranquilles dans le chef-lieu de la Castille-et-León, j’ai mis le cap sur le Portugal. Cette fois-ci, j’ai opté pour un trajet en car de nuit, dont la faible empreinte carbone est compensée par quelques euros en plus sur le prix du billet, permettant à la compagnie routière d’œuvrer en faveur de notre environnement. Ma bagnole est restée à Valladolid, d’où je partirai dimanche vers Saragosse. J’ai proposé un trajet bon marché sur Blablacar, précisant que la contrepartie de ce tarif plus bas que la moyenne est une heure de route supplémentaire du fait de la mise en œuvre de mes techniques d’écoconduite radicale. 🌻

Après la traversée de la frontière, le trajet jusqu’à Porto s’est avéré assez pénible. Je ne me souvenais pas que le Nord du Portugal était aussi montagneux. Néanmoins, j’ai pu profiter du temps qui m’était ainsi donné pour travailler intellectuellement. J’ai notamment entamé le cours de catalan sur Duolingo.

Une fois arrivé à Faro (chef-lieu de l’Algarve, dans l’extrême Sud du pays), j’ai visité la ville en attendant l’arrivée de Mickaël. C’est la troisième fois que je voyage au sein de la péninsule Ibérique avec cet ami linguiste. Entre autres, l’été dernier, il m’a accompagné sur une partie de mes voyages en Castille et en Andalousie. 🏰💃

J’ai notamment pris quelques clichés de la vieille ville et des collections du musée municipal. J’ai aussi pu visiter un monument magnifique situé en bordure d’un parc (voir vidéo sur ce lien). 🎬 Bien évidemment, tous ces contenus iconographiques et audiovisuels sont publiés avec l’autorisation expresse des autorités compétentes. ⚖

Mickaël est arrivé vers 18h30. Nous avons dîné dans un restaurant typique, puis profité de la beauté du centre-ville une fois la nuit tombée. 🌃

Car Flixbus n°1010, quelque part entre Faro et Lisbonne, le jeudi 17 juillet 2025

Ce matin, Mickaël et moi nous sommes levés de bonne heure pour prendre le bus en direction de l’Île de Faro. 🏝 Là-bas, nous avons passé quelques heures à la plage. Quand l’un se baignait, l’autre surveillait nos affaire. Nous sommes rentrés en ferry. Depuis la poupe du bateau, j’ai pris une nouvelle vidéo, que vous pourrez visionner en cliquant sur ce lien… 🛥🏖🛫

Après un repas très bon et assez sain dans le restaurant qui jouxte l’embarcadère, nous avons pris la route pour Coïmbre, d’où nous nous embarquerons dans un car de nuit en direction de Salamanque… 💀🐸

Salamanque, le vendredi 18 juillet 2025

Arrivés vers 4h30 dans l’une des grandes villes historiques d’Espagne, nous avons somnolé et gardé les affaires à tour de rôle. Lors des plages d’éveil, j’écoutais des podcasts en lien avec un concours que je prépare ou je travaillais mon catalan, mon arabe et mes maths sur l’appli susmentionnée. 🦉

En milieu de journée, nous avons visité certains coins de la plus ancienne université du monde hispanique. 👨‍🎓👩‍🎓 Après avoir un peu flâné dans les locaux de la faculté de traduction et d’interprétation, nous avons trouvé notre bonheur dans les rayons de la librairie universitaire. 📚 Pour ma part, j’ai investi dans des ouvrages qui pourront m’être utiles à l’avenir, en tant que traducteur, enseignant-chercheur et/ou tout simplement pour le plaisir d’étudier les langues et les lettres hispaniques. J’ai ainsi scruté le rayon « traductologie » et sélectionné 4 monographies pertinentes (dont 2 références internationales). J’ai également acheté une grammaire arabe bien faite, ainsi que des œuvres de deux universitaires salmantins qui devinrent de grands noms de la littérature espagnole : le frère Louis de León [fray Luis de León, mystique de la Renaissance] et le philosophe Miguel de Unamuno. 📖 Bien évidemment, j’ai demandé à la libraire d’apposer le cachet de son commerce sur les ouvrages de ces deux grands écrivains, afin que je puisse prouver que je me les suis procuré à Salamanque. 😉

Sur la façade de style plateresque qui fait face à la statue du frère Louis de León, j’ai soumis Mickaël à une tradition pluriséculaire liée à l’intégration des étudiants : trouver où se cache la grenouille parmi ce complexe de bas et de hauts-reliefs. 🐸 Après cette courte soirée d’intégration effectuée en milieu de journée, nous avons visité le musée de l’université. En mode déconnexion à ce moment-là, j’ai pu savourer sur place la beauté des bâtiment et l’intérêt historique des collections. La seule photo (prise par mon compagnon de voyage) que je vous partage est ce facsimilé d’une carte du détroit de Magellan, datant probablement du XVIIe siècle. Certains lecteurs et certaines lectrices bien spécifiques comprendront ce que cette image vient faire au sein de cet article, un certain nombre de lignes avant le récit de la visite de monuments édifiés à Barcelone entre 1888 et 1929… 😉

Comme vous pouvez le constater, la connaissance de cette contrée australe remota n’était pas très précise. Les Autochtones à moitiés nus montrent que ce territoire hostile était le fief de quelques tribus considérées comme des sauvages n’ayant pas encore eu la chance d’être civilisés. Malheureusement, lorsque ces territoires seront conquis, quelques siècles plus tard, par le Chili et l’Argentine, les premiers habitants du Sud de la Patagonie et de la Terre de Feu seront aussi malmenés que les ethnies d’Amérique du Nord lors de la conquête de l’Ouest… ☠ À l’époque de l’édition de cette carte, la topographie relative aux Antilles et au Golfe du Mexique (des zones fortement colonisées à partir des voyages de Christophe Colomb) témoigne d’une connaissance beaucoup plus fine de la géographie de cette région. 🌎

Vers la fin de la visite, une section est consacrée aux sciences naturelles. Dans une vitrine exposant des pièces de paléontologie, on peut observer quatre crânes, ayant appartenu à un hippopotame pygmée, à un tigre à dents de sabre, à un Australopithèque et à un Néandertalien. 💀 Hormis celui du cousin de Lucy, qui provient d’Éthiopie, ces restes d’ossements sont, me semble-t-il, tous issus de la région. Une fois de retour à l’hôtel, j’ai calculé combien de générations de 15 ans (ce qui devait être une moyenne à la préhistoire) pouvaient nous séparer de nos ancêtres d’il y a 3 millions d’années. Selon ces estimations, une chaîne de 200 000 hominidés nous relie à cette créature dont la boîte crânienne était largement plus réduite que la nôtre…

Après le déjeuner, nous avons scruté les médaillons de la Plaza Mayor, qui sont à l’effigie des grands personnages historiques espagnols. Les rois, reines et autres chefs d’État sont de loin les plus nombreux. 👑 Depuis ma dernière visite (fin 2009), le bas-relief représentant Franco a été retiré. Lorsque ce dictateur siégeait aux côtés d’Alphonse X le Sage, des Rois Catholiques, de Charles Quint et de Philippe II, un anonyme avait customisé son portrait en y ajoutant une moustache qui faisait Führer. Actuellement, des allégories personnifient la Première et la Seconde Républiques, tandis que Jean de Bourbon, le père de Juan Carlos Ier, a lui aussi droit à son médaillon, bien qu’il n’ait jamais régné. En effet, il était ouvertement trop démocrate aux yeux du Caudillo, qui a désigné son fils comme successeur, sans se douter que celui qui n’ouvrait pas la bouche et semblait tout acquiescer était loin d’être simplet ; il avait des idées de Transition derrière la tête… 🗳 Outre les politiciens, sont honorés quelques écrivains, à l’instar de fray Luis de León, Cervantès et Unamuno. Entre autres personnages clés, un médaillon représente Antonio de Nebrija, qui publia en 1492 la toute première grammaire de la langue espagnole. 🇪🇸

Saragosse, le dimanche 20 juillet 2025

Après un saut de 24h à Valladolid, où j’ai pu revoir des amis de longue date, j’ai pris la route pour Saragosse, covoiturant Antonio et son fils Rodrigo. Nous avons longé le Douro et traversé la province de Soria, dont les paysages désertiques, vallonnés et calcaires m’ont époustouflé. 😮Antonio m’en a appris un peu plus sur la signalisation espagnole. En effet, j’avais remarqué depuis le Pays basque que certaines routes sont nommées par deux lettres originales, suivies d’un nombre. En fait, il s’agit de l’équivalent de nos départementales, mais, au lieu du D, on trouve les lettres qui identifient la province. Par exemple, les routes relevant de la compétence de la diputación de Valladolid commencent par VA, celles qui sont administrées par la province de Soria s’ouvrent avec les initiales SO, idem pour ZA dans la division administrative de Saragosse (Zaragoza), etc. Cela concerne notamment le périphérique de chaque chef-lieu.

Peu après que nous avons passé le panneau « Aragón », il s’est mis à pleuvoir. Toute référence à un grand film du cinéma français ne serait que coïncidence… 😉 Le paysage était tout aussi beau, tandis que nous nous y enfoncions au coucher du soleil. Nous avons traversé un bourg nommé Borja. D’après Wikipédia (dont la page dédiée en français aurait pu être mieux traduite), cette localité était peuplée dès la période celtibère, connut quelques siècles plus tard une période hispano-arabe, puis fut le berceau des Borgia, une famille de papes pas très catholiques… Du fait de mon écoconduite radicale, nous sommes arrivés à destination à la tombée de la nuit. Demain, je visiterai certains monuments phares et vous en écrirai davantage.

Saragosse, le lundi 21 juillet 2025

Ce matin, je suis parti vers le centre-ville pour visiter la basilique du Pilar. Chemin faisant, j’ai longé San Pablo, une église aux allures de mosquée. En voici quelques clichés :

Un peu plus loin, je suis tombé sur un complexe architectural édifié sur des ruines romaines et abritant notamment l’office de tourisme :

Arrivé vers midi à la basilique-cathédrale Nuestra Señora del Pilar, j’ai pu visiter cet immense édifice construit à la gloire et à la louange de Dieu. ✝️😇 Voici quelques photos de l’intérieur et de l’extérieur de la bâtisse :

Dans l’après-midi, j’ai visité une tout autre merveille architecturale : le palais d’Aljafería. Riche de mille ans d’histoire, ce joyau de l’art hispano-musulman fut le siège de la taïfa de Saragosse, puis, après la Reconquête chrétienne, du royaume d’Aragon. ☪✝ À cette époque, des artisans arabo-musulmans restèrent librement sur leur terre d’origine et participèrent au développement architectural de ce complexe. Appelés mudéjares, ils développèrent un style de construction éponyme. Cette vidéo vous offre un aperçu de la cour centrale. Voici quelques clichés de l’intérieur et de l’extérieur de l’édifice :

Le palais abrite également une collection de peintures de Goya et de certains de ses précurseurs. En effet, le célèbre peintre de la Cour était aragonais d’origine. Comme vous l’avez peut-être remarqué en feuilletant les clichés d’El Pilar, il peignit au moins une fresque sous une coupole de cet édifice. Veuillez trouver ci-après quelques photos d’œuvres et/ou des commentaires en lien avec don Francisco et certains de ses confrères :

Pour conclure le récit de mon bref séjour à Saragosse, voici quelques clichés capturés en ville. Vous y verrez notamment quelques vues de Nuestra Señora del Pilar à la tombée du soir, prises depuis des ponts qui enjambent l’Èbre. Vous pourrez également lire une plaque commémorative honorant les victimes du siège de la ville par les troupes napoléoniennes :

Aire autoroutière sur l’A2, à quelques kilomètres de la frontière entre l’Aragon et la Catalogne, le mardi 22 juillet 2025

Parti plus tard que prévu de Saragosse (j’avais besoin de roupiller un peu), j’ai décidé de ne pas ouvrir le trajet à d’éventuels covoitureurs, pour différentes raisons. Au milieu des paysages tout aussi vallonnés et désertiques que la campagne vallisolétane, j’ai roulé la plupart du temps à 60 km/h, pour des raisons environnementales et budgétaires. Je me suis fait klaxonner deux fois, ce qui m’était peu arrivé depuis que j’ai franchi la frontière. Il faut dire que je n’ai pas encore pris le temps d’imprimer et d’afficher la version espagnole de mon écriteau « Écoconduite : doublez-moi ! », que j’ai placé sur la lunette arrière. Néanmoins, j’imagine que les automobilistes et camionneurs qui me suivent comprennent l’idée de la version française, d’autant plus que la police est en vert. Si ce message leur était vraiment hermétique, je me ferais certainement beaucoup plus klaxonner. 😅

Barcelone, le même jour, tard dans la soirée

Après moult péripéties, je suis enfin arrivé à l’auberge de jeunesse où je resterai cinq jours et cinq nuits. Environ deux heures avant d’arriver, je me suis arrêté dans un petit restaurant de village, dans la province de Lleida. Le barman était très sympathique. Pour m’adapter à la culture de la région qui m’accueille, j’ai commandé une crema catalana et utilisé le peu de mots que je connais dans la langue locale pour échanger avec le personnel et les autres clients. J’ai aussi vérifié quels quartiers de Barcelone craignent le plus. On m’a déjà raconté quelques histoires qui incitent à la prudence. Je ne sais pas dans quelle mesure cela relève de la réalité ou de la légende urbaine. Quoi qu’il en soit, j’ai programmé le GPS de manière à ne pas garer ma voiture dans un endroit où elle ne soit pas en sécurité. 🔒

La raison de cette longue pause et l’un des motifs de ma conduite très tranquille étaient ma volonté d’éviter l’heure de pointe. En effet, la deuxième agglomération des Espagnes est trop petite pour son propre parc automobile et les innombrables cyclomoteurs qui vrombissent en son sein. 🏍 Si j’ai vu de beaux paysages une fois arrivé en Catalogne, notamment les montagnes de roche rougeâtre qui avoisinent l’abbaye de Montserrat, la dernière section n’a pas été de tout repos. À l’approche de la Cité comtale, j’ai roulé au moins sur deux tronçons indiqués comme fortement accidentogènes. J’ai aussi manqué une fois de justesse de me retrouver au milieu d’un carambolage (pourtant en dehors de ces zones à risque). Bien que je me fusse trouvé sur ce réseau routier un mardi estival vers 20h30, la circulation y était encore assez vive. De mon humble point de vue, à la suite de cette brève expérience, la conduite à Barcelone et dans sa périphérie est plus dangereuse qu’en région parisienne. ⚠

Une fois arrivé dans la ville intra-muros, il a été très compliqué de trouver où me garer. Après y être parvenu, j’ai vécu d’autres mésaventures sur lesquelles je ne vais pas m’étendre, jusqu’à enfin pouvoir me poser pour rédiger ce billet. Heureusement, les personnes que j’ai croisées lors de certaines galères se sont montrées très coopérantes, dotées d’une amabilité caractéristique du peuple espagnol. En revanche, le peu de transactions que j’ai eu à effectuer depuis mon arrivée dans la Ville comtale, il y a deux heures et demie, me laisse penser que les Catalans méritent tout à fait leur réputation d’avarice maladive. Mais ils ne savent pas encore qu’à ce jeu-là, je peux, moi aussi, être très bon. Barcelone, à nous deux ! 😉

Barcelone, le mercredi 23 juillet 2025

En milieu de journée, j’ai donné un paseo dans la ville. Voici quelques clichés, dont une vue de la Sagrada Família, ainsi qu’un balcon d’immeuble arborant le drapeau séparatiste :

En début d’après-midi, j’ai visité le Parque de la Ciutadella. Sur cette vidéo, vous pourrez vous mettre au vert avec une prise de vue de l’Umbracle. Voici un pêle-mêle de photos capturées dans cet immense jardin très travaillé :

Après ce long paseo, je me suis rendu sur la place de Catalogne pour une visite guidée à participation libre (free tour). Notre guide, Cristina, nous a d’abord menés sur la fameuse Rambla. Cette avenue qui descend vers la mer était à l’origine un fleuve, que les Arabes ont asséché lors de leur brève occupation de la région (718-801, soit 83 ans, jusqu’à la création de la Marche d’Espagne par Charlemagne). 🕌 Au XIXe siècle, la partie supérieure de la Rambla était habitée par de riches bourgeois. Ceux qui le souhaitaient avaient le droit de louer une place assise avec une licence pour critiquer les passants. Voici quelques images de la fameuse avenue qui sépare le centre historique des quartiers urbanisés à l’époque contemporaine :

Nous avons ensuite vu quelques ruines romaines, comme ce cimetière ou, vers la fin du parcours, ces colonnes du temple d’Auguste au milieu d’un quartier piéton :

La cathédrale gothique revêt un intérêt historique tout particulier. Construite sur plus d’un siècle au Moyen Âge, elle exposait à l’origine un extérieur assez dépouillé. Or, à l’approche de l’exposition universelle de 1888, il fallait montrer aux grands de ce monde une belle image de Barcelone. En l’état, le siège du diocèse n’était pas considéré comme présentable. On lança un appel à projets. Un certain Antoni Gaudí proposa des aménagements originaux, qui ne furent pas retenus. 😥 Un autre architecte fut recruté sur la base d’un état projeté beaucoup plus conforme aux canons de l’art gothique. Un an après avoir essuyé ce refus, Gaudí entreprit l’édification de la Sagrada Família. Cette dernière accueille en moyenne 11 000 visiteurs par jour, quand la cathédrale est seulement fréquentée par 3 000 fidèles au plus fort de son affluence, à savoir, les jours de solennités. Une belle revanche !

Malheureusement, le mécène du projet de restauration de l’église gothique rencontra quelques problèmes financiers et ne put soutenir que l’embellissement de la façade. Sur ces photos, l’on peut voir que la partie cachée par la rue est restée assez sobre :

Au Moyen Âge, la communauté juive revêtait une certaine importance à Barcelone. Elle bénéficiait de la protection des autorités politiques, car, comme les fidèles israélites n’étaient pas assujettis à la dîme, ils payaient aux détenteurs du pouvoir temporel un impôt beaucoup plus fort que les chrétiens. Dans les trois religions abrahamiques, l’usure était considérée comme un péché grave lorsque l’on prêtait ou que l’on empruntait à des coreligionnaires. ✡✝☪ Néanmoins, pour les grosses sommes, l’intérêt était nécessaire pour couvrir les risques. Les chrétiens s’adressaient donc aux juifs, qui s’établissaient sur un banc (banco) au milieu de la rue. De là nous vient le terme « banque » (banco). Lorsqu’un débiteur se trouvait dans l’incapacité de rembourser, notamment car il ne pouvait pas honorer de forts intérêts (dus à un risque élevé), par exemple à cause d’une mauvaise récolte, il venait casser le banc de son créancier juif (« banc cassé » se disait en espagnol médiéval banca rota, ce qui a donné « banqueroute » en français). Entre autres mésaventures des juifs d’Europe à l’époque médiévale, on les accusa de sorcellerie car ils furent largement plus épargnés de la peste que leurs frères chrétiens. L’une des raisons de cette préservation sanitaire était la meilleure hygiène des Israélites, qui se lavaient les mains de manière rituelle avant de prier et de manger. 🧼 Devant le courroux des foules qui saccageaient les juderías, les autorités ecclésiastiques prirent la défense du peuple de la Première Alliance et arguèrent que la peste était un juste châtiment divin, appelant les fidèles à se détourner de leurs péchés. Lorsque le quartier juif de Barcelone fut rasé par des foules en furie, il ne resta qu’un bâtiment sur pied, à savoir, la synagogue. 🕎 Pourquoi le plus juif des édifices du quartier juif fut-il le seul épargné par la haine antijuive ? Eh bien, parce que, vu de l’extérieur, rien n’indique qu’il s’agit d’une synagogue :

En un autre point du centre-ville, une cour témoigne d’autres blessures de l’Histoire. Comme vous pourrez le voir sur les photos suivantes, cette église voit le bas de son mur criblé d’impacts datant de la Guerre civile. Barcelone était un fief républicain. Cristina nous a donc demandé qui avait causé ces dégâts. Naturellement, nous avons pensé que cela était dû à une fusillade de prêtres ou de religieuses par des extrémistes, après un jugement sommaire et en haine de la foi. Elle nous a fait remarquer que les impacts sont bien plus importants que ceux qu’auraient causé de simples balles, d’autant plus que la partie basse du mur d’un édifice aussi haut est nécessairement bâtie avec des pierres très solides. En 1938, Franco voulait prendre Barcelone, qui résistait farouchement. ✊ Il savait que, si la Cité comtale tombait, l’Espagne serait à lui. Aux îles Baléares, ses amis italiens avaient quelques bombardiers qui pouvaient lui permettre de frapper fort. Sur cette place, une institution républicaine constituait une cible parfaite pour les rebelles phalangistes et leurs alliés fascistes. Elle fut donc bombardée, mais il y eut de nombreuses victimes collatérales, notamment les enfants pris en charge par un orphelinat géré par l’Église. 😥 Aujourd’hui, le collège Saint-Philippe-Néri s’est installé à cet endroit, en hommage à ces innocents massacrés pour des intérêts politiques qui leur échappaient. Pour honorer ces martyrs, la joie est l’un des piliers du projet éducatif de cet établissement. Voici quelques clichés de ce lieu tristement chargé d’histoire :

Nous avons également fait halte devant la mairie, où des camions des Mossos d’Esquadra étaient positionnés pour encadrer une manifestation séparatiste, dont certains participants brandissaient des pancartes avec la couronne d’Espagne à l’envers :

Au terme du free tour, nous avons écouté Cristina nous commenter la fabuleuse histoire de Santa María del Mar. Alors que les nobles et les proto-bourgeois construisaient la cathédrale avec de grands moyens, les petites gens ne pouvaient pas facilement s’y rendre pour prier, à la fin de leur journée de travail. Ils devaient payer pour s’y asseoir, ce qui leur était inaccessible. Ils décidèrent donc d’édifier leur propre cathédrale, dans leur quartier. ⛪ Chaque corporation d’artisans fut mise à contribution. Les orfèvres purent apporter des moyens financiers afin d’acheter les matériaux ; les maçons et les charpentiers mirent leurs compétences au service du chantier. Quant aux dockers du port, ils chargeaient sur leur dos les pierres extraites d’une montagne avoisinante. 💪 Et ils le faisaient non pas pendant leurs RTT, leurs vacances ou leurs périodes de chômage, mais à la fin de leur journée de travail, après avoir déchargé des bateaux pendant douze heures. Dans son best-seller La catedral del mar1, le romancier Ildefonso Falcones honore ce monument et ses humbles bâtisseurs qui expédièrent leur chantier en un temps record, bien qu’ils disposassent de bien moins de moyens qui les constructeurs de nos célèbres cathédrales. En 54 ans (1329-1383), le peuple barcelonais réussit ce qui durait plus d’un siècle dans le cas des édifices diocésains. ✝ À titre de comparaison, la Sagrada Família est en construction depuis 1882, soit plus de 140 ans, et devrait voir sa touche finale posée en 2032. Et ce, bien que le projet reçoive d’énormes financements et dispose de grues et d’ordinateurs. Voici quelques clichés de ladite « cathédrale de la mer », en plus de la vidéo que vous pourrez lire en cliquant sur ce lien :

Dans cet édifice religieux, aucun noble n’est enseveli. Les seuls mécènes honorés sont les orfèvres. Voici les armes de leur corporation (gremio) :

De même, la corporation des dockers est dûment reconnue par cette épigraphe :

Sur la route du retour, à la tombée du soir, j’ai pris deux autres photos de monuments qui illustrent bien la facette moderniste de Barcelone :

Vendredi, je suivrai un autre free tour, sur la Barcelone moderniste. En attendant, je vous souhaite de buenas noches !

Barcelone, le jeudi 24 juillet, an de grâce 2025

Aujourd’hui, il fait vraiment un temps de chien. Je me suis donc dit que j’allais privilégier les visites en intérieur, à commencer par la Sagrada Família. 🎅 Malheureusement, je me suis vu refuser l’entrée, car il fallait réserver sur internet et c’est complet jusqu’au 4 août. Sous la pluie, j’ai donc pu réaliser un petit shooting de l’extérieur de la basilique :

Lors de mon trajet pédestre vers le Musée de l’histoire de Barcelone, j’ai eu la chance de passer à proximité de l’arc de triomphe de la ville. Voici quelques clichés de ce monument et des environs :

La visite du musée s’est avérée intéressante, mais je n’y ai pas trouvé grand-chose sur la période de l’histoire contemporaine qui nécessite des recherches particulières de ma part (1888-1929). 🚂 Au début de la visite, le film d’introduction m’a néanmoins enseigné qu’à cette époque, le développement économique de l’agglomération était très inégalitaire et que les autorités ne faisaient que réprimer les manifestations ouvrières. ✊ Cette absence de dialogue social provoqua un développement fulgurant de l’anarcho-syndicalisme. Voici quelques photos prises à l’intérieur du musée ainsi qu’à proximité de ce dernier :

Sur le chemin du retour, j’ai pris deux photos qui reflètent l’histoire contemporaine de la Cité comtale :

Barcelona, el viernes, 25 de julio de 2025

En fin de journée, j’ai eu la chance d’effectuer un free tour sur la Barcelone moderniste, magnifiquement guidé par Juan Pablo.

En guise d’introduction, ce dernier a commencé par circonscrire ce phénomène architectural, en répondant à quelques questions-clés :

Quand ? Grosso modo, pendant la dernière décennie du XIXe siècle et première décennie du XXe siècle.

Quoi ? Le modernisme s’inspire de la nature.

Où ? Ni dans le centre historique ni dans le Raval, qui n’était pas urbanisé à l’époque. Le quartier moderniste est l’Ensanche, qui, comme son nom l’indique, est un espace, périphérique à cette époque-là, où la ville s’élargit. Le style moderniste s’inspire de l’architecture haussmannienne, alors en vogue à Paris. Même si ce nouvel espace urbain visait à accueillir toutes les classes sociales, dans les faits, ce seront surtout les riches qui se feront construire des maisons dans cette zone. 💶

Pourquoi ? La population augmente et ne tient plus à l’intérieur du mur d’enceinte défendu par des canons. Il était jusqu’alors interdit de construire à l’extérieur des remparts, car la périphérie ne pouvait pas être protégée des assaillants. À l’époque de la révolution industrielle, ce système défensif est obsolète. Les alentours déserts (une exception à cette époque) peuvent donc être investis pour le développement urbain.

Sur la Gran Vía, un pavé foulé par les passant est l’œuvre d’Antoni Gaudí en personne :

Ils représentent des motifs des fonds marins. Selon l’artiste, les lignes droites sont l’œuvre des humains, tandis que les courbes sont celle de l’Architecte par excellence, Dieu Créateur.

L’Ensanche commença à être urbanisé dans les années 1850. Les indianos, bourgeois qui avaient fait fortune en Amérique, voulaient attirer l’attention, comme tous les nouveaux riches de toutes les époques. Ils le firent par la construction de demeures originales, comme celle-ci, bâtie pour une famille de producteurs de tabac en Argentine. Elle est l’un des premiers monuments de ce type édifiés dans le quartier. Située sur la Gran Vía, elle témoigne de la transition du style néoclassique vers le modernisme. En voici quelques clichés :

Voici la Casa Lleó i Morera, une œuvre de Lluís Domènech i Montaner, qui fut aussi le créateur du Palau de la Música :

La décoration fait référence à la symbolique familiale (nom et histoire) ou à l’identité nationale naissante, notamment le dragon de saint Georges (Sant Jordi est le patron de la Catalogne) et le griffon. En effet, lleó signifie « lion » en catalan :

Un peu plus loin sur la même avenue, la Casa Amatller était la maison d’un chocolatier, dont le nom signifie « amandier ». De la même manière, l’on y trouve des motifs végétaux liés à cet arbre fruitier :

Le célèbre Antoni Gaudí créa la maison qui jouxte la Casa Amatller, à savoir la Casa Battló. Lorsque cet étudiant en architecture fut diplômé, ceux qui furent ses professeurs lui dirent qu’ils ne savaient pas s’ils remettaient ce bout de papier à un fou ou à un génie. L’histoire allait répondre à cette question. Il commença sa carrière grâce au mécénat d’Eusebi Güell i Bacigalupi, comte de Güell. Sur cette façade, qui a été apposée sur un bâtiment déjà existant, l’on remarque les couleurs de la Méditerranée. 🐟 Encore une fois, le modernisme s’inspire d’éléments naturels. Les balcons évoquent des crânes et les colonnes, des os. Bien qu’il s’agît d’une commande de la part de la famille qui allait vivre dans cet édifice, Gaudí considérait que son seul chef était Dieu. C’est pourquoi la tourelle est couronnée d’une croix en trois dimensions. Sur le fût de la tour apparaît un sigle faisant référence à la Sainte Famille. En effet, la célèbre basilique était LE projet qui importait réellement à l’architecte. Le toit rappelle les écailles du dragon abattu par saint George. 🐲 L’épée de ce dernier est symbolisée par la tour, plantée dans le dos de l’animal légendaire. La façade représente les entrailles de la bête, qui digère des cadavres humains. À l’époque, cette maison causa un véritable scandale dans tout Barcelone. Ses habitants la détestaient et ne parlaient que d’elle. C’était justement ce que voulait Gaudí et ce fut ce qui rendit cet édifice célèbre.

Ci-dessous, vous verrez un cliché d’une autre maison moderniste, de la même époque, non commentée par notre guide à l’ensemble du groupe. J’ai néanmoins demandé à Juan Pablo s’il avait des choses à me dire au sujet de cet édifice. Il s’agit d’un hôtel, construit à la même époque que les bâtisses présentées lors de la visite guidée. L’une des caractéristiques du modernisme est l’usage de matériaux très divers. Entre autres, la brique est une matière pauvre, utilisée pour les constructions modestes. Que dire alors de l’Alhambra, somptueux palais des derniers princes arabo-musulmans de la Péninsule ? ⛲ Eh bien, justement, la dynastie des Nasrides avaient bien conscience que le royaume de Grenade n’en avait plus pour longtemps. Au lieu de bâtir un palais en marbre, que les conquérants chrétiens auraient sans doute détruit à leur arrivée, ils l’édifièrent en briques et en stuc. Cependant, époustouflés par la beauté du château rouge, les Rois catholiques le laissèrent sur pied. Pour faire le lien entre Al-Andalus et la Barcelone d’il y a un gros siècle, Juan Pablo m’a précisé que le modernisme puisait notamment dans l’orientalisme, s’inspirant, entre autres, des civilisations chinoise, indienne et arabe. Voici un cliché de l’édifice en question :

La Casa Milà, également de Gaudí, n’est pas la rénovation d’un bâtiment préexistant, contrairement aux trois autres édifices commentés par notre cher guide. L’architecte la conçut de A à Z. La façade est pétrie de symbolique religieuse, notamment la prière du chapelet. On peut également tracer quelques parallèles entre certains éléments et la série cinématographique Star Wars. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à scruter et à analyser la photo ci-dessous :

Avant de prendre le métro pour le monument le plus visité d’Espagne, nous avons traversé un une rue piétonne assez sympa, qui fait on ne peut plus bobo :

Revenons-en de manière plus académique à la Sagrada Família. Celui qui eut l’idée de construire une église à cet endroit était un libraire, nommé José María Bocabella y Verdaguer. Il fut président de l’Association spirituelle des dévots de saint Joseph, qui visait à « exalter la foi et à embrasser la charité ». Cette organisation eut l’idée de bâtir un temple expiatoire, où, avec l’accord officiel de l’Église, les dons des pécheurs pour son édification permettrait une remise de dette au purgatoire. L’entrée pour la visite de la basilique coûte un certain prix, mais, en compensation, d’après qui y croit, les fautes commises en ce monde sont en partie pardonnées. À la fin du XIXe siècle, le lieu où fut initié le chantier n’était pas encore urbanisé. C’était un village de paysans, notamment chevriers. 🐐 Le premier architecte en charge du projet proposa une église néogothique. Il y renonça et Gaudí prit la relève en 1883, dans un tout autre style qui nous est désormais familier. 😉

La raison de la lenteur et de l’irrégularité de ce chantier plus que centenaire réside dans son caractère expiatoire. Il ne peut avancer que s’il reçoit les financements nécessaires de la part des donateurs et des visiteurs. Mais il y a également d’autres raisons historiques. Tout d’abord, Gaudí mourut soudainement, sans avoir désigné de successeur. Il fut renversé par un tram, et personne ne l’assista pendant plusieurs heures car on le prit pour un clochard. Même si ça avait été le cas, d’où un SDF mérite-t-il la non-assistance à personne en danger ? 😡 Il fut ensuite pris en charge par un guardia civil (équivalent d’un gendarme) qui passait par-là. Sans savoir qui il était, il mena l’homme accidenté à un hôpital pour les nécessiteux (el Hospital de la Santa Creu), où il mourut trois jours plus tard. Ce fut le 10 juin 1926. Le jour de ses obsèques, le 12, un silence de mort régnait dans Barcelone. Cinq mille personnes accompagnèrent le cortège funèbre. L’architecte fut enterré à l’intérieur de la Sagrada Família, à laquelle il avait dédié les 43 dernières années de sa vie. Dix ans plus tard, la Guerre civile freina le chantier, puis la misère qui régna en Espagne lors des premières décennies du franquisme n’arrangea rien. Dans les années 1960, le chantier commença à se poursuivre plus sérieusement. En 1992, les Jeux olympiques de Barcelone donnèrent au projet une visibilité mondiale. Depuis, les visiteurs affluent et les financements aussi.

Gaudí voulut évangéliser en sculptant la Bible dans la pierre. Veuillez trouver ci-dessous la façade de la Passion. Les lignes sont droites et anguleuses, ce qui accentue la violence des histoires relatées. L’on peut voir le baiser de Judas accompagné d’un serpent qui symbolise la trahison (et certainement Satan, l’auteur du péché), mais également sainte Véronique avec le linge où Jésus aurait essuyé son visage pour soulager une partie de ces maux, et où la Sainte Face aurait été miraculeusement imprimée. À côté de cette femme de Jérusalem qui n’apparaît que les dans évangiles apocryphes, des soldats romains portent une armure semblable à celle des clones de Star Wars. Derrière eux apparaît un personnage représentant Gaudí dans sa vieillesse. Il est inspiré de la dernière photo de l’architecte qui nous soit connue. Au-dessus des scènes de la Passion, l’on peut voir une représentation du tombeau vide, et, tout en haut, le Christ glorieux ressuscité. 😃

La façade de la Nativité est la plus ancienne. Gaudí put la voir achevée. Elle est plus arrondie et plus chargée. Elle représente la Naissance de Jésus, mais aussi ce qui vient avant et après dans le récit néotestamentaire, comme l’Annonciation, l’Adoration des bergers et des mages, etc. L’on peut aussi remarquer l’Arbre de vie.

En début de soirée, j’ai marché jusqu’à la Place de Catalogne, dans l’optique d’acheter des produits soldés auprès de deux grandes marques espagnoles. Finalement, à ce stade de l’été, tous les beaux vêtements sont écoulés et il ne restait que des horreurs. Je suis donc rentré bredouille. Néanmoins, j’ai trouvé beaucoup de bâtiments intéressants d’un point de vue architectural. S’ils ne relèvent certainement pas tous du mouvement moderniste, il m’a semblé que tous valaient la peine d’être photographiés et exposés dans le pêle-mêle ci-après :

Barcelone, le samedi 26 juillet 2025

Ce midi, j’ai déjeuné avec Lukas, l’un des autres baroudeurs avec qui j’ai sympathisé à l’auberge de jeunesse. Lorsque ce Tchèque parle anglais, sa voix et son accent slave rappellent un peu la manière dont Volodymyr Zelensky s’exprime dans la langue des Shakespeare. Je le lui ai dit. Il s’en est montré surpris et amusé.

Après m’être restauré et avoir pris congé de mon compagnon, qui était sur le départ pour Dublin, j’ai cheminé jusqu’au Parc Güell. Devant poireauter une heure avant de pouvoir rentrer, je me suis rendu compte que j’avais faim. Ne voulant pas céder aux arnaques des marchands de chucherías qui bordent l’entrée du célèbre jardin, je suis monté vers le quartier populaire qui surplombe cette zone, afin d’y trouver un bar barato. Lors de mon ascension, j’ai pu capturer cette vue sur la Méditerranée, devancée par la Sagrada Família et un building aux allures londoniennes que les Barcelonais surnomment, paraît-il, « le Suppositoire ». Attablé dans un bar-restaurant devant lequel stationne une voiture des Mossos d’esquadra, je commande un sandwich thon-crudités, effectivement à un prix très abordable, et je vérifie où je me trouve. Apparemment, je suis à l’orée du Mont Carmel, le quartier mal famé d’où vient le personnage principal du roman Teresa l’après-midi / Últimas tardes con Teresa, de Juan Marsé.

Je suis ensuite entré dans le parc, quand mon heure était enfin venue. Voici quelques clichés de certains endroits du début de la visite, parfois assortis de panneaux explicatifs :

Après m’être promené dans cet environnement étonnant et fort agréable, j’ai pu visiter la maison-musée d’Antoni Gaudí. Sur cette vidéo, vous pourrez voir une frise de l’histoire du Parc Güell, en lien avec le reste de l’œuvre de cet architecte que l’on ne présente plus. Ce pêle-mêle vous montre quelques éléments du musée, parfois assortis de panneaux explicatifs :

Dans la maison-musée d’Antoni Gaudí, cette vidéo en catalan (sous-titrée en castillan et en anglais) explique l’histoire du Parc Güell

Voici enfin quelques clichés de la seconde partie de la visite du parc :

Après avoir quitté les lieux, j’ai à nouveau marché vers la Sagrada Família pour y vivre la messe dominicale anticipée et découvrir l’intérieur de l’édifice par la même occasion. 🙂 Ayant alors très peu de batterie à ce moment-là, je n’ai pu prendre que quelques photos de la crypte, seul espace qui nous était accessible. Contrairement à mes attentes, la décoration m’a paru, au premier coup d’œil, assez classique, assez semblable à ce qu’on trouve dans une église gothique. Mais, en scrutant davantage, j’ai découvert que les style néogothique et moderniste y sont très élégamment mêlés, produisant à résultat à la louange et à la gloire de l’Artiste par excellence. 🎨 À ce titre, le tabernacle, où repose le Corps du Christ, me semble particulièrement réussi. La lumière rouge signifie que des Hosties consacrées se trouvent à l’intérieur et donc que, pour les croyants, Dieu y est réellement présent :

C’est aussi dans cet espace souterrain de l’édifice que Gaudí est enterré. Il est indiqué qu’il a été reconnu vénérable par l’Église catholique, au terme d’un examen approfondi de sa biographie, à travers les témoignages des personnes qui l’ont fréquenté, la réputation qu’il a laissée après sa mort, ses écrits publics et privés, etc. 🔎 Cette longue investigation, qui a duré plus de vingt ans, a prouvé qu’il a vécu les vertus évangéliques, notamment la charité, de manière héroïque. D’après la religion chrétienne, cela est impossible à un être humain sans la grâce de Dieu. Entre autres, il a beaucoup aidé des personnes défavorisées, donnant et se donnant sans compter. Vivant chichement et chastement, il finança par exemple, grâce à ses économies, l’École de la Sagrada Família, afin que les enfants des ouvriers du chantier et ceux des familles les plus modestes du quartier pussent être scolarisés. 👩‍🏫 Renonçant même sur une période à ses honoraires d’architecte, car le chantier recevait peu de financements, il dut faire preuve d’humilité en demandant l’aumône. Entre autres dévotions, il assistait à la Sainte Messe quotidiennement. Si un miracle est obtenu à son intercession et si une enquête très rigoureuse prouve que les faits constatés sont inexplicable par la science, alors don Antoni sera béatifié par le Pape et recevra le titre de « bienheureux ». Si un second miracle est prouvé au terme d’une enquête tout aussi rigoureuse, il sera ensuite canonisé et les catholiques pourront l’invoquer sous le nom de « saint Antoni Gaudí ». 😇

Pour terminer, voici un pêle-mêle de ce que j’ai pu photographier de la crypte avant que mon téléphone ne se mette tout seul en mode « messe » :

Lors de la célébration de l’Eucharistie, en plusieurs langues, le prêtre a commencé en latin, a poursuivi en espagnol, a consacré les Saintes Espèces en anglais et a, d’après mes souvenirs, prononcé l’envoi en catalan. 🌍 Les lectures étaient en italien, en catalan et en espagnol. L’Évangile était aussi en castillan. Pour la prière universelle, nous avons été plusieurs à être sollicités pour lire dans notre langue maternelle. J’ai donc eu l’honneur de prononcer les seuls mots en français de la célébration.

Monastère de Montserrat, le dimanche 27 juillet, an de grâce 2025

Parti de Barcelone ce matin, je me trouve maintenant dans un autre lieu emblématique de la Catalogne. ✝️😃 Le toponyme catalan Montserrat signifie « le Mont Scie ». En effet, il a été bâti sur un ensemble rocheux tout en longueur, dont les sommets qui se succèdent rappellent les dents de l’outil des bûcherons et des menuisiers. Le paysage est à couper le souffle, comme le montre cette vidéo. De mon point de vue de croyant, le monastère construit il y a mille ans, avec tous les défis que cela devait représenter à cette époque, est une manière de rendre gloire au Créateur de cette nature extraordinaire et bénie. 🌲🌳 Voici quelques clichés de cet endroit magique :

Pour des raisons techniques sur lesquelles je ne m’étendrai pas, je n’ai malheureusement pas pu visiter la basilique. En revanche, j’ai pu filmer une tradition catalane nommée « l’arrivée des géants ». L’un des participants m’a expliqué que, normalement, la chauve-souris était censée cracher du feu, mais que les autorités locales ne leur en ont pas donné l’autorisation. 🦇🔥 Cela est sans doute lié au risque d’incendie, qui menace actuellement les forêts en Catalogne comme dans toute l’Espagne.

Les géants : une tradition catalane

J’ai poursuivi la route vers la frontière, sur laquelle toutes les indications n’apparaissaient qu’en catalan. Quand c’est à l’écrit, j’arrive à comprendre sans problème, puisque ça ressemble beaucoup au castillan et au français. En revanche, à l’oral, j’ai plus de difficultés. Je comprends mieux l’italien que, pourtant, je n’ai jamais étudié très sérieusement. Mais les Ritales parlent lentement et distinctement, alors que la prononciation catalane est assez fermée. Nous verrons bien sur la suite du séjour si je m’acclimate… 😉

Port-Vendres, le lundi 28 juillet 2025

Hier soir, au terme d’une route en écoconduite radicale et pleine de défis, j’ai rejoint mon ami Albert et sa famille. J’y ai commencé la lecture de La crise catalane : une opportunité pour l’Europe. À travers des entretiens avec le journaliste Olivier Mouton, le leader séparatiste Carles Puigdemont explique les fondements du mouvement dont il fait partie. Il le fait de manière très humble, précisant que cette volonté d’indépendance concerne tout un peuple et que lui-même n’est que le serviteur qui était en poste au moment du référendum. Par conséquent, emprisonner les cadres dirigeants qui ont organisé cette consultation inconstitutionnelle n’éteindra en rien le désir d’émancipation démocratique et non-violent de millions de personnes qui se reconnaissent comme une nation à part entière. 🟨🟥🟨🟥🟨🟥🟨🟥🟨 Je poursuivrai ma lecture au cours de cette phase du voyage, qui s’accompagnera des conversations avec mes hôtes. En effet, ces derniers partagent ces convictions idéologiques. Pour ma part, je ne prends pas partie dans ce débat, qui concerne la politique intérieure d’une patrie dont je ne suis pas citoyen. J’essaie juste de comprendre la mentalité des uns et des autres. De même, Carles Puigdemont invite les lecteurs à consulter aussi ce qu’en dit la diplomatie espagnole, afin de tisser leur propre avis, nuancé et libre, sur cette question complexe.

Cet après-midi, j’ai fait quelque chose que je n’avais encore jamais fait : me baigner dans la mer Méditerranée en France. 🐓 Je l’avais déjà fait en Espagne, en Israël et en Algérie. La dernière fois, c’était à Valencia le 1er janvier 2023. Elle était un peu froide, mais pas plus qu’en Bretagne méridionale autour de Pâques. Donc, c’était faisable, mais je ne suis pas resté très longtemps. Aujourd’hui, je me suis baigné avec mon ami Albert et son chien Fila. 🌊🐕 Il y avait beaucoup de vent, donc des vagues d’une intensité peu commune dans cette crique, ce qui a rendu la baignade intéressante. 😉

Sant Miquel de Cuixà, dimarts 29 de juliol del 2025

Aujourd’hui, Albert et sa famille m’ont emmené en un autre haut lieu de l’histoire catalane, l’abbaye millénaire de Saint-Michel de Cuxa. Avant de rentrer dans l’abbaye, mes hôtes ont sympathisé avec une autre famille catalane et ils ont conversé pendant un bon quart d’heure dans leur langue maternelle. J’ai assez bien compris ce qu’ils disaient, notamment lorsqu’ils parlaient de géographie et d’autres sujets techniques. Dans ce cas, la terminologie est assez transparente d’une langue à l’autre. Bien que je ne pusse pas participer dans ce bel idiome, j’ai pu rire à certaines blagues, savourer cette mélodie nouvelle pour mon oreille et je ne me suis absolument pas ennuyé. 😊 Voici quelques photos de l’entrée et du début de la visite :

En arrivant dans le cloître, l’on peut lire ce beau poème en catalan :

Le cloître a été partiellement reconstitué assez récemment. Certaines pièces manquantes se trouvent actuellement dans un musée new-yorkais. En marbre rose, les chapiteaux des colonnes sont tous différents et, bien souvent, n’ont rien à voir avec la religion chrétienne. 🏛 Par exemple, l’un d’entre eux est historié en référence à l’épopée de Gilgamesh ; d’autres exposent des motifs non figuratifs arabes ou perses. Les représentations de lions, griffons et singes symbolisent les dangers qui guettent l’âme en ce monde. Près de l’abbatiale, l’on trouve aussi deux ensembles de colonnes géminées. Voici quelques clichés de cet ensemble riche :

Dans l’église préromane dédiée à saint Michel Archange, on trouve notamment des arcs en fer à cheval, une technique wisigothe reprise par les Arabes :

Voici la pierre tombale d’un abbé (reconnaissable au couvre-chef qui couronne l’écu) :

Après avoir été délaissée et dégradée pendant plusieurs siècles, l’abbaye a été restaurée depuis quelques décennies et remise au service du culte. Les scientifiques, les archéologies et les historiens travaillent également ensemble pour comprendre le passé de ce lieu, le préserver avec respect et le rendre accessible au public.

Voici quelques derniers clichés de l’abbaye, dont la tombe d’un ancien doge vénitien qui s’y fit moine, puis fut canonisé après sa mort :

Eus, mateix dia, a la tarde (Eus, le même jour, dans l’après-midi)

Nous voici dans l’un des plus beaux villages de la Catalogne du Nord, perché dans un magnifique paysage pyrénéen :

Port-Vendres, le jeudi 31 juillet 2025

Ce matin, Albert et moi nous sommes promenés avec notre compagnon canin aux alentour d’une ancienne forteresse nommée « la Mauresque », dont vous pourrez lire l’histoire officielle sur ce lien. Voici quelques clichés du paseo :

Au retour, j’ai donné à mon ami son premier cours de portugais. Pour moi aussi, c’était une première. En effet, j’avais toujours cru que j’étais incapable d’enseigner cette langue que j’ai apprise de manière assez peu académique. En revanche, je peux la traduire sans problème. Cet article fait état d’une partie de mon expérience en la matière. 🌍 Concernant l’arabe, c’est tout l’inverse : je suis capable d’enseigner les bases de cette langue et de son écriture, mais mon niveau (sans doute A2) ne me permet pas de travailler comme traducteur professionnel à partir de cet idiome. Comme support pédagogique pour l’apprenti lusophone, nous nous sommes notamment appuyés sur la dernière vidéo du site Vejo e Acredito.

De mon côté, je continue à progresser, à mon rythme, en catalan, notamment sur Duolingo. Du peu que j’ai étudié pour le moment, j’y trouve beaucoup de similitudes avec la langue de Pessoa, qui ne sont pas partagées par celle de Cervantès. Par exemple, « aide » se dit ajuda en portugais comme en catalan, quand la variante castillane remplace le J par un Y, du fait que le phonème fricatif dorso-palatal sonore [ʒ] n’existe pas dans le système phonétique de cet idiome, du moins dans sa variante dialectale péninsulaire. 🤓 Par ailleurs, l’article défini apparaît devant les prénoms. Il est tout à fait académique de dire o João ou el Joan dans les deux langues périphériques de la péninsule Ibérique, alors que el Juan est beaucoup moins fréquent en espagnol et que le Jean fait très campagnard, ironique et/ou humoristique en français. Enfin, bon dia et bom dia sont tous deux au singulier, tandis que l’espagnol européen saluera formellement le matin par un ¡Buenos días! au pluriel. Si mon nouvel élève souhaite persévérer dans l’apprentissage commencé aujourd’hui, il pourra progresser très rapidement grâce à tous ces liens entre l’une de ses trois langues maternelles et une autre langue romane du même sous-groupe, par ailleurs très proche du castillan par son vocabulaire et sa grammaire, et assez similaire à la langue de Molière quant à son système phonologique… 🙂

Port-Vendres, divendres, 1er d’agost del 2025

Ce matin, nous avons fait une nouvelle promenade tous les trois de l’autre côté de la crique, d’où nous avons pu apercevoir la Mauresque à travers les buissons. Voici une demi-douzaine de clichés y afférent :

Dans l’après-midi, Albert et moi avons fait une longue promenade, notamment sur les hauteurs et sur le rivage. À un stade du parcours, je ne parlais qu’en portugais au nouvel apprenant. Il comprenait sans trop de difficultés.

Port-Vendres, dissabtes, 2 d’agost del 2025

Aujourd’hui, la journée commence à nouveau tranquillement. Mes hôtes m’ont autorisé à vous partager cette photo de deux coussins représentant l’âne des Pyrénées, symbole de la Catalogne, ainsi que l’écu de cette région historique. D’après cette source, les quatre bandes gueules sur fond or évoquent des faits qui remonteraient au IXe siècle, alors que les Francs créèrent la Marche d’Espagne après avoir chassé les Maures de la région. Ces quatre lignes rouges représentent la trace des quatre doigts sanglants de l’empereur carolingien Louis de Pieux (fils et successeur de Charlemagne) qui, blessé en combattant contre les Normands, aurait ainsi marqué le bouclier de Guilfred le Velu, premier comte de Barcelone. Voici le cliché susmentionné :

Collioure, le même jour, en fin d’après-midi

Au terme d’une marche avec mes compagnons humains et canidé, nous voici dans un village régulièrement primé comme l’un des plus beaux de France (tout comme Eus). Veuillez trouver ci-après une première vue de Cotlliure, depuis la bordure du cimetière de Port-Vendres :

Chemin faisant, nous avons pu apercevoir le Fort de Saint-Elme, dont voici une photo en contre-plongée :

À la sortie de Port-Vendres, l’on pouvait distinguer le village côtier que nous allions visiter au terme d’une marche de trois kilomètres. À l’horizon se dessine, d’après l’un de mes hôtes, la Côte d’Azur, notamment la montagne Sainte-Victoire, qui borde Aix-en-Provence. Un internaute doué en géographie et en orientation considère que c’est beaucoup trop loin pour que ce soit le cas. Selon ce lecteur, il s’agirait plutôt des monts du Haut Languedoc, plus proches et plus au nord. Voici lesdites vues dûment capturées et publiées :

Voici quelques clichés du palais du roi de Majorque :

Dans le Pays catalan, une mode est mise à disposition des touristes depuis quelques années. Un marchepied surmonté d’un cadre permet aux personnes qui le souhaitent d’observer une belle vue et éventuellement de la photographier. 📸 Voilà ce que ça donne :

En bordure de la digue, l’église est malheureusement fermée au public, a priori pour éviter les vols d’objets liturgiques, artistiques et cultuels qui ont déjà pu se produire ici ou là. J’ignore pourquoi la devise de la République est inscrite sur le tympan. L’édifice aurait-il été financé par la mairie, comme ce fut le cas pour la basilique d’Argenteuil ?

Voici un pêle-mêle de différents lieux du village, dont la mer bordant le quai, sillonnée par des canards, comme si l’eau y fût douce :

Port-Vendres, el mismo día, por la noche

Au soir de notre journée, une fois en bordure de Port-Vendres, nous avons pu nous extasier devant le magnifique coucher de soleil qui couronnait notre village de provenance :

Cadaqués, el diumenge, 3 d’agost del 2025

Ce matin, Albert et moi sommes allés à la messe dans l’église paroissiale de Port-Vendres. Face à la mer, elle dresse sa façade rose, d’une chaleur pâle hospitalière pour les vacanciers :

Les textes de la liturgie invitaient, entre autres, à ne pas amasser vainement les richesses et les succès, mais à se préoccuper de l’essentiel. 🙂 En effet, les aléas pécuniaires vont et viennent. Tout est vanité. À l’heure où je vous écris, les taux d’intérêts viennent de baisser en réponse à un phénomène macroéconomique lié à l’inflation. Les indices boursiers européens se cassent la figure depuis l’accord douanier annoncé conjointement par la Maison-Blanche et la Commission européenne. 📉 Comme ce dernier prévoit que l’Union consomme une certaine quantité d’armement étatsunien, la chute a été particulièrement à pic concernant les actions Thalès et Dassault. Néanmoins, comme le fou de Washington vient d’annoncer l’envoi de deux sous-marins nucléaires au large des côtes russes, ces deux valeurs pourraient bien remonter en flèche dès demain. 📈 Un technicien peu scrupuleux pourrait s’enrichir sans états d’âme sur ces rumeurs de Troisième Guerre mondiale. Mais tout est vanité. Si l’argent n’est pas mis au service du bien commun (et des plus démunis en particulier), mais n’est considéré qu’à des fins égoïstes, on passe à côté de l’essentiel : la Loi d’amour édictée par Dieu. ✝️❤ Au soir de notre vie, nous n’emporterons rien de ce que nous aurons amassé sur Terre. En revanche, l’amour dont nous aurons fait preuve (ou non) envers notre prochain demeurera pour l’éternité. 😃😰

Voici le texte de l’Évangile dominical, suivi d’une note de bas de page, où vous pourrez consulter les autres textes bibliques (vétérotestamentaires et paulinien, pour faire semblant d’être aussi calé qu’un exégète pédant) lus à la messe d’aujourd’hui :

Évangile

« Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 13-21)

Alléluia. Alléluia.
Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux !
Alléluia. (Mt 5, 3)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus :
« Maître, dis à mon frère
de partager avec moi notre héritage. »
    Jésus lui répondit :
« Homme, qui donc m’a établi
pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »
    Puis, s’adressant à tous :
« Gardez-vous bien de toute avidité,
car la vie de quelqu’un,
même dans l’abondance,
ne dépend pas de ce qu’il possède. »
    Et il leur dit cette parabole :
« Il y avait un homme riche,
dont le domaine avait bien rapporté.
    Il se demandait :
‘Que vais-je faire ?
Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’
    Puis il se dit :
‘Voici ce que je vais faire :
je vais démolir mes greniers,
j’en construirai de plus grands
et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
    Alors je me dirai à moi-même :
Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition,
pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’
    Mais Dieu lui dit :
‘Tu es fou :
cette nuit même, on va te redemander ta vie.
Et ce que tu auras accumulé,
qui l’aura ?’
    Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même,
au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Source : AELF2

En fin d’après-midi, nous avons pris les routes tortueuses de la corniche pyrénéenne qui borde la Méditerranée. Avec Albert, nous avons beaucoup parlé politique dans la langue de Cervantès lors du trajet. 🐍 Après avoir passé la frontière, nous sommes arrivés en « Catalogne du Sud« . Une fois installés dans la maison familiale de mes chers hôtes à Cadaqués, nous avons rejoint des amis d’Albert pour un concert de trompette et de saxophone en l’église Sainte-Marie. 🎺🎷 Comme c’est le jour du Seigneur, je vous partage ces image pieuses du village natal du célèbre peintre Salvador Dalí. Admirez notamment cette statue de Sant Jordi terrassant le dragon et protégé par un écu aux couleurs de la Catalogne :

Vous pourrez visionner un bref enregistrement du concert en question en cliquant sur ce lien et/ou sur celui-ci. Un grand bravo aux artistes, Mireia Farrés et Llibert Fortuny ! 👏🏅👍 N’hésitez pas à faire un tour sur leur site web officiel.

Le parvis se trouve sur une terrasse qui surplombe le port et une partie de la ville. En cliquant ici, vous pourrez visionner une vidéo capturée à la sortie du concert.

Nous avons poursuivi la soirée avec les amis d’Albert, qui sont allemands. 🥨 Bien que nous ayons surtout conversé en castillan, j’ai tout de même pu m’entraîner un peu dans la langue de Goethe, dont je ne maîtrise pour ainsi dire que les bases.

Cadaqués, el lunes, 4 de agosto de 2025

Après une soirée disons festive, je me suis levé vers onze heures et demie, laissant Albert terminer sa nuit. Sentent un besoin d’introversion, j’ai cheminé seul vers le port, le long du chemin côtier. Voici quelques clichés de ma promenade dite matinale :

Une fois en bordure du port de plaisance, j’ai poursuivi la lecture du livre de Carles Puigdemont. ✊ Voici comment il explique le modernisme et les avant-gardes qui se sont développés en Catalogne au début du siècle dernier :

En début d’après-midi, je suis revenu sur mes pas, photographiant le chemin côtier d’un point de vue différent et sous une luminosité légèrement distincte :

Dans la soirée, je suis sorti avec Albert au restaurant Can Rafa (« Chez Rafa »), spécialisé dans les fruits de mer à la catalane. Nous avons notamment mangé du fideu de arroz negro, une sorte de paëlla dont le riz est noirci par une sauce à base d’encre de pieuvre ou d’un autre invertébré marin. 🐙 Nous avons mangé les gambas avec de l’aïoli, une sauce constituée d’ail et d’huile d’olive battue. 🧄

Cadaqués, el martes, 5 de agosto de 2025

Ce matin, Albert et moi avons fait une petite promenade avec son oncle et son grand-oncle en bateau à moteur. Voici quelques images de la sortie de la crique où nous avons embarqué :

À travers les vagues et autres remous, nous avons longé la côté à une certaine vitesse. J’ai savouré l’instant, mais sans pouvoir l’immortaliser, car les terres rares qui composent mon téléphone portable auraient certainement fini par intoxiquer l’écosystème méditerranéen. 🐬 Après cette traversée, nous avons mouillé dans la Cala Bona (la « Bonne crique » en catalan), qui fait partie du parc naturel du Cap de Creus. Ce dernier est le point le plus oriental de toute la péninsule Ibérique. 🧭 Voici quelques clichés de cet endroit magique :

Après cette magnifique virée, nous avons pris un repas en famille, couronné par un dessert typiquement catalan (qui se prend normalement plutôt à Pâques), le pescado de nata (« poisson à la crème ») :

Ressentant le besoin de me dépenser, je me suis promené sur le littoral rocheux en fin d’après-midi. Voici quelques clichés de cette ballade, illuminés par un soleil très occidental :

À la tombée du jour, nous sommes repartis pour une virée paradisiaque. L’oncle d’Albert a jeté l’ancre au bord de l’île Messina. Nous avons pu nous baigner en medio de la nada, entre la colonie de cormorans et les nuées de cendres provenant de l’Aude, où d’immenses étendues boisées sont dévastées par un feu de forêt d’une gravité exceptionnelle… 😥 Voici quelques clichés nous rappelant que la nature est belle et que nous avons le devoir de la protéger :

Plus tard dans la soirée, j’ai pu photographier la lune. Elle est rougeâtre du fait des nuées de cendres chargées par la tramontane. Parfois, leur épaisseur était telle que le satellite de la Terre était tout simplement invisible.

Cadaqués, le mercredi 6 août 2025

Vers midi, Pol, un ami d’Albert, nous a emmenés en bateau à moteur dans un autre coin paradisiaque. 🛥 Au passage, nous nous sommes arrêtés quelques minutes dans une grotte nommée la Cova de l’Infern (« la Caverne de l’Enfer » en catalan). Cette vidéo en montre une vue plus ou moins panoramique. Vous pourrez aussi en avoir un aperçu à travers ces quelques clichés :

Après quelques minutes de navigation, nous avons pu mouiller dans une autre crique du Cap de Creus, nommée Cala Portaló. ✝ Nous y sommes restés plusieurs heures, notamment pour y accomplir quelques défis sportifs. 🏊‍♂️ Voici un pêle-mêle de photos de cet autre espace préservé, qui témoigne du talent du Créateur :

Très familier de cette crique, Pol m’a fait remarquer la forme de deux rochers bien précis. « El oso responde al lobo » [L’ours répond au loup], m’a-t-il dit… 🐺🐻

Il se trouve que Pol Zendrera Agulló est architecte à Cadaqués. Voici l’une de ses réalisations, qu’il nomme arquitectura tradicional moderna del Cap de Creus :

Il ne s’agit pas d’une rénovation. Pol est parti de zéro pour réaliser ce projet moderne, avec des techniques et des matériaux traditionnels, notamment de la céramique naturelle. 🧱⚱

Cadaqués, el jueves, 7 de agosto de 2025

Il est environ 13h et je suis levé depuis peu. Albert dort encore. Il faut dire qu’hier, nous avons fait la fête à l’espagnole, dans un coin de la ville dûment surnommé Carrer del pecat [rue du péché]. Sans doute trouvez-vous que cela est incohérent pour un blogueur catholique… ✝ Pour ma part, je n’ai rien à cacher. Je me suis limité à un chupito et mes excès ont même été en-deçà de la limite que je m’étais fixée. Sans doute que cette sortie assez sobre a été très saine, car mon compagnon et moi avons énormément ri, ce qui est excellent pour la santé mentale et physique. 😅 Nous sommes rentrés un peu après 4h du matin, ce qui n’est pas excessivement tard.

À l’heure où je reprends la plume, il est 16h39. Sentant des effets similaires à ceux d’une légère resaca (certainement davantage dus au manque de sommeil qu’à autre chose), je suis sorti vers 15h. J’ai exploré un chemin côtier qui m’était jusqu’alors inconnu. Il y aurait eu de très belles photos à prendre, mais j’ai décidé de ne pas trop charger cet article. Albert et moi venons de sortir de table, après avoir dégusté du gaspacho, du jambon serrano et quelques autres mets plus ou moins savoureux ou sains. 🍅🧀 Je sens que la fin du séjour sera assez tranquille pour que mon retour en voiture s’effectue prudemment. Une fois arrivé à la maison, je commencerai à préparer la rentrée, ainsi que les défis professionnels qui m’attendront en octobre et peut-être aussi en février-mars et/ou en juin… ✌

Lors de la sobremesa, Albert et moi avons débattu de l’existence de Dieu. M’ayant souvent accompagné à la messe, mon ami m’a confessé ses croyances personnelles : « En Catalogne, on sait très bien que Dieu n’existe pas. Tout a été inventé pour contrôler les hommes. Dans notre histoire nationale, la seule chose que le catholicisme ait apporté est l’Inquisition. » Il a essayé de me convertir à sa vision des choses, mais sans succès. 😉 Chacun est libre de croire ou non, mais moi, j’ai mes propres raisons d’avoir la foi. Bien sûr, le message d’amour de Jésus a souvent été profané par des chrétiens qui contre-témoignaient par leur conduite mauvaise. Moi-même, je suis un grand pécheur à certains niveaux. J’ai donc répondu à mon ami que l’athéisme avait aussi perpétré des horreurs, de la Shoah aux dizaines de millions de morts imputés à Staline et à Mao Zedong, en passant par les génocides arménien et cambodgien, ou encore l’univers totalitaire et concentrationnaire du régime nord-coréen.

Chacun restant sur ses positions, j’ai détendu l’atmosphère en faisant écouter à mon hôte « Casposos » de Ska-P. 🎸🥁🎺 Bien que tout catholique considérerait que certaines paroles de cette chanson sont blasphématoires, elle vise surtout les guérisseurs, magnétiseurs, chamanes et autres rebouteux. Si le point de vue athée de ce grand groupe considère seulement que ce sont des arnaqueurs qui profitent de la faiblesse des personnes malades pour s’enrichir à leurs dépens (en gros, ce qu’Albert reproche à l’Église), le catholicisme voit d’un très mauvais œil ces pratiques dites de « magie blanche », également pour des raisons supplémentaires. En effet, les forces utilisées seraient d’origine démoniaque. 😈 Le mal ne serait pas éliminé, mais déplacé, pouvant surgir de manière plus grave à un autre niveau. Ainsi, d’aucuns considèrent que des personnes estampillées comme des malades mentaux incurables sont en fait infestées ou possédées, et que, si les soins du psychiatre s’avèrent insuffisants, il faudrait peut-être songer à consulter un exorciste en parallèle. C’est le point de vue avancé par certaines branches conservatrices de l’Église catholique, en particulier la Communauté de l’Emmanuel. N’étant pas spécialiste de ces questions, je ne l’ai sans doute pas exprimé de manière aussi précise que le ferait un expert en démonologie. 👨‍🏫 Quoi qu’il en soit, chacun est libre d’adhérer ou non à ce point de vue. Comme beaucoup d’athées, Albert rétorque que les prêtres diffusent de fausses rumeurs sur leurs concurrents pour garder la mainmise sur leur clientèle. Pour ma part, je fais davantage confiance à des personnes qui ont donné leur vie à Dieu et pour les autres, célèbrent, confessent et exorcisent gratuitement, qu’à d’autres personnes qui demandent du pognon pour faire des incantations, en se basant sur des croyances qui se contredisent les unes les autres. Par ailleurs, comme je le suggère dans cet ouvrage, j’ai mes propres raisons sensibles de me méfier de ces choses-là… 🙂

Après ce débat et la lecture de cette piste, puis la répartition de la corvée de vaisselle, mon ami est parti se promener avec une personne de sa famille et son chien. Pour ma part, j’ai avancé sur plusieurs chantiers intellectuels, notamment la lecture de La catedral del mar et le livre de Carles Puigdemont. 📚 En effet, ces deux ouvrages catalan(iste)s reflètent une mentalité athée, ou du moins sécularisée et ouverte. Je suis ravi de me confronter à ce point de vue qui n’est qu’enrichissant pour moi. J’y apprends plein de choses intéressantes, mais, comme tout adulte doté d’esprit critique, je fais la part des choses entre ce que j’ai envie de prendre et ce que j’ai envie de laisser. 😊

Et vous, que pensez-vous de tout cela ? 😉 Vos commentaires sont les bienvenus !

Vers 19h, je suis sorti pour aller voir la maison-musée de Salvador Dalí, dans un village voisin de Cadaqués, nommé Portlligat. Alors que je suivais les indications du GPS, j’ai vu qu’un sentier se perdait sur la droite ; il était indiqué qu’il menait vers ma destination. Je me suis dit que cela promettait de rendre le trajet bien plus intéressant. Je m’y suis donc engagé sans hésiter et je n’ai pas été déçu, comme le montrent cette vidéo et ces quelques photos :

Lors de cette randonnée improvisée, j’ai eu la joie d’apercevoir trois sangliers qui attendaient patiemment que les voitures passent pour traverser la carretera. 🚦 Il s’agissait certainement d’une laie avec deux marcassins déjà adolescents. J’aurais bien aimé pouvoir les photographier, mais j’étais un peu loin et ceux d’entre vous qui me connaissent personnellement savent que la rapidité n’est pas mon point fort. 🐢 Après m’être réjoui de la beauté de la création et de l’aménagement qu’en ont fait les humains, je suis arrivé à Portlligat. En bordure du village, je me suis arrêté à l’ermitage Sant Baldiri, qui jouxte le cimetière :

Après être redescendu vers le port, j’ai atteint la maison où Salvador Dalí et son épouse Gala ont vécu de manière stable jusqu’en 1982. Attiré par le paysage, la lumière et l’isolement, le peintre s’était installé dans ce qui n’était alors qu’une baraque de pêcheur. Pendant quarante ans, il l’aménagea à sa façon, pour la transformer en l’espace le plus propice possible à sa créativité. 🎨⌚🐜 Il y a sans doute réalisé la plupart de ses œuvres mondialement connues… À titre personnel, je suis particulièrement attaché à cet artiste original, sans doute car je suis aussi zinzin et perché que lui. 😜 Malheureusement, je n’ai pas pu visiter le musée en question, car il fallait réserver ; c’est complet jusqu’au 15 août et je regagnerai la Mère Patrie le 9. À défaut, voici un shooting de l’extérieur :

Un peu essoufflé par ma longue marche le soir d’un lendemain de soirée, j’ai regagné la maison par un autre chemin, suivant ce que disait le système de géolocalisation du Pentagone. J’ai longé un paysage de maquis qui, sous le soleil couchant, m’a assez intrigué pour que je prenne quelques photos :

Ça m’a même tellement intrigué qu’à proximité de la destination, j’ai décidé de suivre un sentier de pierres qui filait à travers les broussailles. Au bout de quelques dizaines de mètres, je me suis rendu compte qu’il ne menait nulle part et j’ai donc dû rebrousser chemin. Toutefois, cette fausse piste n’a pas été vaine, car errer à travers la garrigue m’a permis d’en prendre quelques clichés intéressants, que voici :

Cadaqués, el viernes, 8 de agosto de 2025

Après une matinée plutôt calme, que j’ai consacrée en partie à l’organisation de mon voyage de retour et en partie à la préparation de mes concours, Albert et sa famille m’ont invité au restaurant Villa Salvador. Toute l’ambiance y est très catalane, de la langue maternelle du personnel à l’architecture de pierre sèche et de chaux (semblable aux œuvres de notre ami architecte), en passant par les motifs de décoration, inspirés des créations du peintre local éponyme. 🎨 Le jardin est typiquement méditerranéen, simple et composé de plantes endémiques et/ou adaptées au climat de la région. Certains plats servis incluent d’ailleurs des légumes et des herbes cultivés sur place. Les mets servis étaient, pour leur part, soit espagnols, soit des créations originales de la maison. Vers la fin du repas, une cliente très sympa a commencé à converser avec nous dans la langue de Dante. 🍝 Je comprenais à peu près tout ce qu’elle nous disait, mais je peinais à répondre dans un italien correct. Il faut dire que je ne me suis jamais penché très sérieusement sur l’apprentissage de cet idiome, que je considère surtout comme un outil pour communiquer avec des natifs. Beaucoup le trouvent magnifique. Pour ma part, je mets davantage de passion dans les langues plus dures, à l’instar de l’espagnol ou de l’arabe. En revanche, mes trois hôtes catalans arrivaient beaucoup plus spontanément à s’exprimer dans cette langue, que la plupart d’entre eux n’ont sans doute jamais appris très sérieusement non plus. Notre interlocutrice les a même félicités pour leur bonne maîtrise du toscan.

Entre 20h et 21h, avant de despedirme de mes chers hôtes, j’ai pris quelques clichés d’une partie de la côte que je n’avais pas encore photographiée. Je conclus donc la phase catalane de ce long article par des images marines, minérales et végétales de la Costa Brava, illuminées par le soleil couchant :

Quelque part en France, le mardi 12 août, an de grâce 2025

Épilogue

Enfin de retour chez moi, je souhaite tirer quelques conclusions de ce long voyage riche en rencontres, en culture, en nature et en beauté. 😀

Tout d’abord, j’ai bien conscience que tout le monde n’a pas la chance de pouvoir prendre un mois pour voyager autant et vivre ce type d’expériences très intéressantes. J’ai la chance d’avoir eu les moyens de le faire, mais tel n’a pas toujours été le cas. Comme je l’explique dans cet article, j’ai aussi connu certaines périodes difficiles sur le plan matériel. Je me suis battu pour améliorer ma situation, j’ai passé des nuits blanches à plancher sur des traductions ou à corriger des copies. J’ai aussi beaucoup économisé pour avoir les moyens de dépenser mon argent dans des choses qui en valent la peine. ✌ Outre l’écoconduite radicale, vous pourrez découvrir dans l’article susmentionné les sacrifices que je fais au quotidien pour mettre de l’argent de côté en vue de mes vacances et de l’imprévu. Il y a donc une part de mérite derrière ce long périple qui peut sembler très « bourge ».

Mais, soyons honnêtes : je n’ai pas payé mes vacances plein pot. J’ai eu la chance d’être accueilli, invité et aidé à plusieurs reprises, par des personnes que je remercie chaleureusement : des amis, de la famille, des personnes que je venais de rencontrer, voire des inconnus. Un merci tout spécial à Albert et à sa famille ! 👨‍👨‍👦‍👦

Par ailleurs, le fait d’être enseignant et célibataire me donne le temps, la disponibilité et les moyens de vivre ce que j’ai vécu en péninsule Ibérique. Toutes les personnes qui ont déjà enseigné vous diront que c’est un métier difficile. Seuls ceux qui ne l’ont jamais fait de leur vie croient naïvement que c’est un métier de planqués. Il paraît que c’est la même chose pour les fonctionnaires, qui subissent une pression que nous ne soupçonnons pas, malgré la sécurité de l’emploi. Le célibat comporte aussi son lot de difficultés. Lors de mon parcours, j’ai croisé des familles nombreuses qui n’ont pas la possibilité d’effectuer des voyages comme le mien. Ma situation personnelle et professionnelle comporte donc des inconvénients, mais au moins l’avantage de pouvoir vivre ce que je viens de vous partager. 🧭 Par ailleurs, étant donné que je suis traducteur et professeur de langues, il est nécessaire pour moi de pratiquer sur le terrain, dans une optique de formation continue. Le but ultime de ce voyage était d’ailleurs de me préparer à des concours qui me permettront de sortir du statut de vacataire et de développer certaines compétences très utiles pour les enseignants. J’ai l’impression que ces objectifs sont atteints. ✅

Enfin, si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi parce que j’ai eu la chance de naître et de grandir dans d’assez bonnes conditions. J’ai été élevé par une famille aimante, en pleine campagne, avec une éducation authentiquement chrétienne et des conversations édifiantes à table (y compris en anglais). 🙂 J’ai eu la chance de pouvoir pratiquer des activités artistiques, de développer un sens de l’effort et de l’engagement en travaillant à la ferme de mon père, en faisant 10 ans de scoutisme et en voyant mes deux parents et mon grand-père engagés dans des activités paroissiales, syndicales et caritatives. Mes parents ont toujours fait beaucoup pour aider les autres. En contrepartie, les gens les apprécient et ils bénéficient d’un solide réseau de vrais amis. Le réseau familial est aussi très solidaire, même au niveau des cousins issus-de-germain. J’ai d’ailleurs été très bien accueilli par certains d’entre eux, côté maternel, sur la route du retour. 🚗 Si l’aisance relationnelle n’est pas innée chez moi, ces valeurs de solidarité et de service, ainsi que quelques bases de psychologies reçues de ma mère, professionnelle du secteur, et de ma formation d’enseignant, m’ont permis de développer une empathie et une réciprocité grâce auxquelles j’ai développé, au fil du temps, mon propre réseau. Un grand merci à mes parents, à mes défunts grands-parents et à tous ceux sur qui j’ai pu compter jusqu’ici ! 😀

Tout le monde n’a pas eu la même chance que moi et je ne juge personne. Chaque parcours est unique. Nous ne partons pas tous sur un pied d’égalité, mais n’oublions pas la fin de la fable « Le lièvre et la tortue ». J’ai beaucoup d’estime pour ceux qui reviennent de loin et franchissent la ligne d’arrivée après avoir cheminé à leur rythme, souvent hors des sentiers battus. En partie à ce titre, je voudrais vous partager une autre réflexion, à partir d’une théorie de management que j’ai apprise récemment. 💡 D’après un expert en la matière, pour être un bon chef d’équipe, il faut appliquer l’équation suivante : (connaissances + expérience) x attitude. Cela m’a servi notamment pour gérer certains covoitureurs atypiques. Par exemple, l’un d’entre eux, que nous appellerons Jean-Charles, m’a laissé un message vocal qui m’a donné quelques indices sur la personne à laquelle j’avais affaire. En effet, s’agissait de quelqu’un d’expérimenté, en situation précaire et au parcours chaotique (rue, prison, etc.). À peine entré dans la voiture, il a commencé à ouvrir une canette de bière. 🍻 J’ai un peu râlé et il m’a dit qu’il n’en avait que deux. J’ai donc dit « ok », puis j’ai roulé sans aucune inquiétude. Pourquoi ? Il y a quelques années, j’ai eu besoin de faire un stage pour rattraper des points sur mon permis de conduire. Bon, vous vous doutez bien que ce n’était pas pour excès de vitesse ! 😉 J’y ai appris des choses très intéressantes, notamment que les responsables des accidents dus à l’alcool sont, dans la grande majorité des cas, des buveurs occasionnels qui sortent de soirée et ont soumis leur corps à une dose à laquelle il n’est pas habitué. Les piliers de comptoir, eux, ont en permanence un certain grammage d’alcool dans le sang et savent se contrôler sous cette dose qui me mettrait dans le coma éthylique. Jean-Charles était dans un état normal lorsqu’il est monté à bord et, vu le bonhomme, je me disais que deux binouzes n’allaient ni le rendre agressif ni le faire gerber dans ma bagnole. Les connaissances acquises lors d’une formation spécialisée me permettaient donc de ne pas m’inquiéter. Quant à mon expérience, il se trouve que j’ai fréquenté de très près des personnes au profil similaire. Dans Unis par le Camino, le personnage de Scratch est inspiré d’un ami que j’ai vu dans des états que certains ne peuvent peut-être pas imaginer. 🥴 Cette même personne inspirera un autre personnage de mon deuxième roman, qui s’intitulera Un traducteur chez les fous et dont l’intrigue se déroulera à Valladolid. Je sais donc que je suis capable d’interagir avec ce genre de loustic sans me mettre en danger. Je sais aussi qu’ils ont de très bon côtés. Je savais donc qu’avec Jean-Charles, j’allais pouvoir me confier sans filtre, beaucoup rire et bénéficier des conseils d’un homme rendu sage par une expérience hétérodoxe. Il se trouve d’ailleurs que j’avais besoin de me confier à ce moment-là, et la seule personne auprès de qui je pouvais le faire s’est avérée relativement efficace à ce sujet. 🙂 Les connaissances et l’expérience étaient une base, que j’ai multipliée par l’attitude en acceptant d’emblée de faire un détour pour déposer ce passager, en le tutoyant dès notre rencontre physique (un mimétisme qui me mettait très à l’aise), en le traitant d’égal à égal, en acceptant de m’arrêter quand il avait besoin de s’en griller une, ou encore en parlant comme un charretier, sans renier pour autant mes convictions religieuses. Lui aussi a fait preuve d’une attitude exemplaire à certains niveaux : il m’a offert du pain et du vrai fromage bien français avant même que le moteur ne démarre (et il se trouve que j’avais faim à ce moment-là), il a accepté de ne pas fumer dans la voiture et il a agi en bon copilote quand j’en avais besoin.

Concernant les covoiturages, j’aurais quelques remarques à ajouter. Premièrement, les passagers étaient prévenus à l’avance que je roule comme une tortue et que nous arriverions plus tard que ce que prévoyait le site de Blablacar. 🐢 Le trajet a été jalonné de défis : embouteillages annoncés par Bison Futé, canicule qui m’a incité à mettre la clim’ à fond, pas mal de conduite en montagne et un peu de conduite en agglomération. Nous avons fait environ 1285 km à travers la France dans ces conditions, le plus souvent en écoconduite radicale. Combien ai-je consommé ? Seulement l’équivalent d’un plein ! Mon réservoir a une capacité de 50 ou 60 litres, ce qui nous fait donc une moyenne de 3,89 à 4,67 litres au cent. Je trouve que c’est pas mal pour un vieux véhicule diésel classé au niveau 4 par la vignette Crit’Air. J’y vois une preuve que mes techniques d’écoconduite radicale fonctionnent, même si ça nécessite de ne pas être pressé… 🐌

Je terminerai avec une réflexion d’ordre sociologique. Le covoiturage et, dans une moindre mesure, les auberges de jeunesse, permettent à des personnes de différents milieux et d’origine diverse de se rencontrer. Toutes les études montrent que la société française est fragmentée. ⚡ Ce communautarisme multiple (j’y inclus aussi bien des salafistes, des fachos, des antifas, des personnes LGBT+, des véganes, des profs, des chefs d’entreprise, des agriculteurs, des toxicomanes et des cathos) crée des tensions. Comme on ne fréquente que des gens qui nous ressemblent, on a des a priori sur les autres tribus, on vote contre elles, on interprète leurs attitudes à travers un prisme biaisé, puis on s’énerve, ça dégénère en conflit, alors qu’on aurait pu désamorcer la bombe avec une attitude appropriée. 💣 Par exemple, tout à l’heure, j’ai vu une femme de la rue lancer des insultes racistes à un jeune homme de couleur qui lui avait fait une queue de poisson en trottinette. Ce dernier a eu l’intelligence de ne pas lui répondre. Peut-être que cette femme en voulait à la Terre entière parce que sa vie est difficile, mais, objectivement, y a-t-il un lien de causalité entre la manière dont ce jeune conduit et sa couleur de peau ? Moi aussi, il m’arrive d’énerver les autres sur la route. Pourtant, personne ne me traite de « sale Blanc » ! 🥛 De même, certains jeunes endoctrinés par des imams salafistes agressent leurs pairs parce qu’ils portent une croix. Si ces fanatiques avaient l’occasion de sortir de leur cité, de rencontrer des chrétiens qui vivent l’Évangile avec charité, de dialoguer et de fraterniser avec eux, ils verraient sans doute que ce que le christianisme dit de lui-même est plus fiable que certains versets du Coran et leur interprétation par certaines personnes bornées et/ou malintentionnées.

Ma mère psychologue m’a dit un jour que chaque agresseur a d’abord été agressé. Quand on a une vie difficile et qu’on voit d’autres personnes mieux réussir que soi, parfois du seul fait de leur naissance, ou du fait de tout ce qu’on projette sur eux, on peut être tenté de se venger. 👊 De mon côté, comme je l’ai écrit plus haut, je me sens ressourcé par ces vacances, notamment car j’ai vu de très belles choses (dont des paysages à couper le souffle sur la route du retour, même si je ne les regardais que furtivement pour des raisons de sécurité). J’ai aussi été accueilli avec bienveillance, j’ai fait des choses édifiantes, notamment culturelles et sportives, et je me suis bien marré. 😅 Si toutes les personnes qui vont mal avaient la possibilité de vivre ce que j’ai vécu cet été, elles se porteraient mieux et la relation avec leur entourage serait plus apaisée. Bien sûr, la coercition est parfois nécessaire, même si j’ai déjà été témoin que la police réagit parfois de manière violente quand une communication empreinte de finesse psychologique pourrait désamorcer un conflit au lieu de l’attiser. 🌺 Je salue donc le noble métier des travailleurs sociaux et des associations qui font un excellent travail sur le terrain, notamment en permettant à des jeunes qui ont eu moins de chance que d’autres jeunes de partir en vacances et d’y vivre des choses qui les tirent vers le haut.

Sur ce, je vous souhaite une bonne fin d’été et une bonne reprise, pour ceux d’entre vous qui ont la chance d’avoir du travail. Pour les autres, tous mes encouragements dans la recherche d’une activité qui vous convienne et vous épanouisse ! 😃

Saludos gabachos,

Jean O’Creisren


  1. Il se trouve que mon ami Albert m’a prêté ce roman il y a sans doute plus de 6 ans. Je le lis par petits bouts, mais j’avoue que j’ai quelques difficultés à avancer. En effet, j’ai toujours un certain nombre de lectures en cours en même temps, et j’avoue que j’ai un peu de mal avec la violence qui ponctue toute l’intrigue. C’est peut-être pour cela que mon premier roman manque un peu d’action et ne se vend pas beaucoup pour le moment. Pour que mes écrits deviennent des best-sellers, faut-il provoquer une overdose d’adrénaline ou d’une autre hormone stimulante ? J’en prends bonne note… Mes prochains livres seront donc plus pimentés ! 😉 Si l’ouvrage d’Ildefonso Falcones est un bon moyen de connaître l’histoire médiévale de la Cité comtale (notamment en ce qui concerne la communauté juive), l’anticléricalisme diffusé par certains passages me paraît exagéré. Entre autres, le personnage de Joan me semble peu réaliste, en tout cas jusqu’à un certain stade de l’histoire. Comment un enfant qui a grandi dans la rue, au contact d’une dure réalité, puis a eu la chance d’étudier, donc de développer une certaine hauteur de vue, peut-il devenir un clerc légaliste à 100 %, qui applique les règles sans réfléchir, sans rien remettre en question et sans jamais écouter son cœur ? Certes, nous parlons d’une époque où ni l’Humanisme ni les Lumières n’avaient incité les Européens à faire preuve d’esprit critique, mais ce frère lettré au passé mûrissant est bien plus stupide que l’ensemble des autres personnages. Cela ne tient pas debout. Du moins, si je compare aux nombreux prêtres que je connais autour de moi, presque tous empreints d’une sagesse et d’un recul qui incitent à s’appuyer, entre autres, sur leur jugement avant de prendre soi-même une décision libre et mûrement réfléchie. Néanmoins, quand l’Inquisition accuse son frère adoptif Arnau, le religieux fait preuve d’empathie et de stratégie pour le tirer d’affaire, malgré l’épée de Damoclès qui le menace. En revanche, l’Inquisiteur général croit sur parole les nobles qui lui racontent des accusations rocambolesques sur un homme juste qui remet en question des privilèges aussi peu catholiques de le droit de cuissage. Je ne suis pas historien, mais il paraît qu' »Inquisition » a le même sens étymologique qu' »enquête ». Certains médiévistes considèrent donc que ce tribunal ecclésiastique, qui menait une procédure rigoureuse et documentée, était un progrès par rapport à ce qui se pratiquait avant, à savoir le lynchage par les foules de personnes accusées de sorcellerie sans aucune preuve. Certes, l’Inquisition a condamné à mort et torturé, mais à une époque où la justice civile avait beaucoup plus recours à ces pratiques, que personne ne remettait en question. Voici certains discours que j’ai pu entendre de la part d’historiens ou d’influenceurs cathos. Vous avez bien sûr le droit de ne pas être d’accord et de me le faire savoir en commentaire, avec une argumentation fondée. 😊 Quoi qu’il en soit, j’ai emmené La catedral del mar dans mes bagages. Je comptais le terminer lors de ce séjour et le rendre à Albert dans la foulée. Finalement, je me suis arrêté à la page 543, notamment car mon hôte l’a récupéré lors du séjour à Cadaqués pour recommencer cette lecture depuis le début… ↩︎
  2. Première lecture – « Que reste-t-il à l’homme de toute sa peine ? » (Qo 1, 2 ; 2, 21-23) – Lecture du livre de Qohèleth
    Vanité des vanités, disait Qohèleth.
    Vanité des vanités, tout est vanité !
    Un homme s’est donné de la peine ;
    il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi.
    Et voilà qu’il doit laisser son bien
    à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine.
    Cela aussi n’est que vanité,
        c’est un grand mal !
    En effet, que reste-t-il à l’homme
    de toute la peine et de tous les calculs
    pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
    Tous ses jours sont autant de souffrances,
    ses occupations sont autant de tourments :
    même la nuit, son cœur n’a pas de repos.
    Cela aussi n’est que vanité.
        – Parole du Seigneur.
    Psaume
    (Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc)
    R/ D’âge en âge, Seigneur,
    tu as été notre refuge.
    (Ps 89, 1)
    Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
    tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
    À tes yeux, mille ans sont comme hier,
    c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.
    Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
    dès le matin, c’est une herbe changeante :
    elle fleurit le matin, elle change ;
    le soir, elle est fanée, desséchée.
    Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
    que nos cœurs pénètrent la sagesse.
    Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
    Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
    Rassasie-nous de ton amour au matin,
    que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
    Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
    Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.
    Deuxième lecture
    « Recherchez les réalités d’en haut ; c’est là qu’est le Christ » (Col 3, 1-5.9-11)
    Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

    Frères,
        si donc vous êtes ressuscités avec le Christ,
    recherchez les réalités d’en haut :
    c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
        Pensez aux réalités d’en haut,
    non à celles de la terre.
        En effet, vous êtes passés par la mort,
    et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
        Quand paraîtra le Christ, votre vie,
    alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.
        Faites donc mourir en vous
    ce qui n’appartient qu’à la terre :
    débauche, impureté, passion, désir mauvais,
    et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie.
        Plus de mensonge entre vous :
    vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous
    et de ses façons d’agir,
        et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau
    qui, pour se conformer à l’image de son Créateur,
    se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance.
        Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis,
    il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ;
    mais il y a le Christ :
    il est tout, et en tous.
        – Parole du Seigneur.
    Source : également AELF… 🙂 ↩︎

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Lettre ouverte à François Bayrou

Quelque part en France, le samedi 14 décembre 2024

L’honorable François Bayrou, Premier ministre de la République française

Monsieur le Premier ministre,

Tout d’abord, c’est avec une grande joie que j’ai appris votre nomination en tant que chef de notre futur gouvernement. En effet, votre nom figurait sur le premier bulletin que j’ai glissé dans l’urne. C’était à l’occasion de l’élection présidentielle de 2007. J’avais tout juste 18 ans et je croyais en votre projet. J’ai voté pour le MoDem aux élections législatives qui ont suivi, puis à nouveau pour vous en 2012 au premier tour. Depuis, il m’est arrivé de voter à droite, au centre et à gauche, mais jamais pour le FN/RN ou Reconquête ! Je n’ai jamais non plus donné ma voix à un parti que je considérais comme d’extrême gauche.

À l’heure où je vous écris, vous n’avez pas encore formé votre gouvernement. Je ne doute pas que vous saurez rassembler des ministres de différentes familles politiques. En effet, à mon sens, notre pays a besoin de la droite comme de la gauche, de création de richesses aussi bien que d’écologie, de liberté d’entreprendre et de justice sociale, ou encore de respect de la vie humaine autant que d’inclusion de toutes les minorités.

Comme vous, je confesse la foi catholique. En vertu du commandement divin « Tu ne tueras point » (Ex 20, 13), je vous demande instamment de nommer un(e) Ministre de la santé qui mettra fin au projet de loi sur la fin de vie. Je me permets de vous demander de faire tout votre possible pour que l’euthanasie et le suicide assisté ne soient pas légalisés en France et pour que la République garantisse à tous l’accès aux soins palliatifs.

Je sais que notre pays est très endetté. J’ai bien conscience que, plus nous sommes nombreux sur Terre, plus nous polluons. Pour ma part, je tâche de vivre de manière écologique et de m’acquitter honnêtement de toutes mes obligations fiscales.

Ayant une certaine fibre sociale, j’accompagne également Laurent, un ami atteint de la maladie neurodégénérative de Huntington. Depuis quelques années, il est hospitalisé en permanence, avec parfois de violentes crises accompagnées de tentations suicidaires. En tant qu’ami, j’ai toujours cherché à l’accompagner au mieux, par des visites, de longs appels téléphoniques et un soutien constant l’aidant à choisir la vie. C’est avec son accord que je vous parle de sa situation et que je le nomme. Très récemment, alors même que les symptômes s’accentuaient, il a décidé de continuer à se battre et s’est joint à ma voix pour vous écrire cette lettre. Aux yeux d’une partie de la société, Laurent est un assisté, qui vit de l’argent public et n’apporte rien. Or, je peux vous témoigner que cela est faux. Quand il va bien, il écrit des apophtegmes et pensées de différentes natures (y compris humoristique), que vous pourrez lire sur ce lien. Vous qui êtes un homme de lettres, peut-être conviendrez-vous que ses écrits constituent un grand apport à l’humanité, au même titre que ceux de Baudelaire, de Maupassant, et d’autres grands écrivains qui souffraient de symptômes dépressifs et/ou étaient considérés comme inutiles par l’esprit du monde.

En tant qu’électeur plutôt centriste, pétri de valeurs républicaines, citoyen du pays des droits de l’Homme, fils d’agriculteur et écrivain cherchant à suivre le Christ, je me permets de vous adresser cette requête du fond du cœur. Je ne sais pas si vous aurez le temps de lire cette missive avant de constituer votre gouvernement, ou de la lire tout simplement. Si, dans votre « emploi du temps de ministre », vous prenez le temps de parcourir ces quelques lignes, je vous en remercie vivement. Quelle que soit la politique que vous conduirez en la matière, je garderai la même estime pour votre personne et resterai attaché à la France ainsi qu’aux valeurs de la République.

Dans l’attente d’une réponse favorable, je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.

Jean O’Creisren

Dans cette vidéo, Laurent Jouet invite monsieur François Bayrou et tous nos dirigeants à ne pas légaliser l’euthanasie. Il invite également toutes les personnes qui souffrent à continuer à se battre. 💪✌

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Mariologie de comptoir

Qu’est-ce que la mariologie ? Quelle légitimité ai-je pour m’autoproclamer mariologue ? Que m’a appris mon expérience en la matière ?

Aujourd’hui est une date particulièrement appropriée pour aborder ce sujet. En effet, la « mariologie » se définit comme la « partie de la théologie catholique concernant la Vierge Marie » (dictionnaire en ligne du CNRTL). Or, nous sommes le 9 décembre, jour où l’Église catholique célèbre l’Immaculée conception. Normalement, c’est le 8, mais, cette année, le deuxième dimanche de l’Avent prime sur cette fête mariale. « Immaculée conception » : voilà une expression quelque peu perchée ! Si vous voulez savoir en quoi ça consiste exactement, je vous invite à voir cette vidéo. 😊 Si vous voulez approfondir ce concept, vous pouvez lire cet article.

Revenons à nos moutons. Quelle légitimité ai-je pour m’autoproclamer mariologue ? En guise d’avant-propos, je tiens à préciser que je ne suis ni prêtre ni diacre, donc je n’ai aucune autorité officielle de Rome pour prêcher. Je ne suis pas non plus théologien. Si j’ai nommé ce texte « Mariologie de comptoir », c’est justement car je ne prétends pas détenir la vérité. Je ne partage que mon opinion, comme une conversation de comptoir, avec l’ivresse en moins.

En effet, je suis sobre à l’heure où je rédige ces lignes. La seule altération de mon jugement réside dans le fait d’avoir invoqué l’Esprit Saint et la Vierge Marie avant de me mettre à rédiger. D’où puis-je tirer ma légitimité pour prendre la parole à ce sujet ? Peut-être de ma relation particulière à Marie, dont je vous ferai part ci-après. Je la tire également du fait que, sur des périodes longues, il m’est arrivé de prier le chapelet tous les jours. J’ai tâché de m’y atteler après mon voyage au Portugal (été 2023). J’y ai été assidu pendant un an, avec quelques baisses depuis août dernier, mais j’essaie d’appliquer ce que demande sœur Lucie dans son livre Apelos da mensagem de Fátima. Relayant le message de la Mère de Dieu, la témoin de ces visions reconnues par l’Église invite les fidèles à prier le chapelet tous les jours, plus particulièrement pour la conversion et le salut des pécheurs.

Peut-être vous dites-vous que cette prière est ennuyeuse, rébarbative, et que répéter sans cesse les mêmes invocations sans faire attention à ce que l’on raconte ne revêt aucun intérêt. Pourtant, d’après une révélation du père Amorth (ancien exorciste du Vatican), Satan lui a dit, à travers la personne possédée : « Chaque Je vous salue Marie du rosaire est pour moi un coup sur la tête. Si les chrétiens connaissaient la puissance du rosaire, ce serait la fin pour moi ! » (père Gabriele Amorth, Moi, le dernier exorciste, passage cité dans cet article d’Aletheia). S’il est extrêmement dangereux de dialoguer avec un démon, les exorcistes peuvent le faire dans des conditions très strictes et en se protégeant, pour dire à l’esprit impur de s’en aller. Quoi qu’il en soit, cela nous suggère que la prière du Rosaire est extrêmement puissante et peut déplacer des montagnes.

Récemment, j’ai aussi lu quelque part qu’un Je vous salue Marie récité correctement (j’imagine que ça signifie « en pesant chaque mot ») fait trembler tout l’enfer. Je ne sais ni d’où sort cette affirmation ni si elle est reconnue par Rome. Quoi qu’il en soit, cet autre article d’Aletheia rappelle que cette prière plaît énormément à celle qui écrase la tête du serpent et que la réciter nous obtient de nombreuses grâces, notamment si nous faisons attention à ce que nous disons.

Dernièrement, j’ai essayé de prier chaque dizaine en pesant bien les mots d’un Ave Maria en particulier. Je ne sais pas si ça a rendu ma prière plus efficace (Dieu seul le sait), mais ça m’a permis d’ébaucher une réflexion mariologique en me penchant sur le texte.

Avant de vous en dire plus, je vais vous avouer que j’ai longtemps été ingrat envers ma Maman du Ciel. Je la priais énormément à travers le chapelet, mais, influencé par le dialogue interreligieux avec des amis musulmans et par l’œcuménisme avec des amis protestants, je refusais de donner aux saints une importance démesurée. Grâce à un sermon du regretté abbé Bruno Le Pivain, qui se basait sur les écrits de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, j’ai pu comprendre qu’on ne peut prier Marie qu’en ayant conscience qu’elle est avant tout une créature comme nous, un atome à côté de la gloire de Dieu. Elle n’est qu’une simple humaine, humble et obéissante. C’est pour cela que, dans l’Évangile, on nous rapporte qu’elle ne comprend pas des mystères qui nous semblent évidents quand nous connaissons bien notre catéchisme. Par exemple, quand elle et Joseph retrouvent Jésus, alors adolescent, au milieu des docteurs de la Loi au Temple (Lc 2, 49-50), elle ne capte rien quand Jésus lui dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » C’est d’ailleurs parce qu’elle n’est qu’une simple créature que le démon se sent humilié lorsque nous la prions. Nous ne l’adorons pas comme une déesse, mais nous prions avec elle et nous lui demandons de prier pour nous, car elle est entièrement donnée à Dieu et ne peut que nous conduire à Jésus. Nous pouvons donc lui faire entièrement confiance, car le Dieu de tout amour ne peut nous faire que du bien. 😊

Cette homélie, qui date déjà d’y a quelques années, m’a permis de sortir de mon ingratitude et de nourrir une relation plus personnelle à Marie, même si je m’adresse plus volontiers aux trois Personnes de la Trinité lors de mes prières spontanées.

Après ce témoignage quelque peu perché, je vous ferai part de ce que j’ai cru comprendre en méditant la prière de l’Ave Maria. Avant tout, il faut savoir qu’en tant que linguiste, je la récite en espagnol, en latin, en portugais, en arabe, en français et, plus rarement, en anglais. J’ai donc une visibilité sur les manières dont cette prière a été traduite dans ces différentes langues (sans toutefois connaître l’original en grec des salutations de l’ange Gabriel et d’Élisabeth). Le fond reste le même, mais il y a parfois des nuances minimes, ne serait-ce que sur la salutation initiale. En effet, on ne dit pas « bonjour » de la même façon suivant les idiomes et les cultures.

  1. « Le Seigneur est avec vous » se dit en espagnol «El Señor es contigo». Parmi les deux verbes « être » que connaît la langue de Cervantès, on utilise ser, qui fait référence à l’essence, à ce qui est intrinsèque. Si la traduction de l’avemaría disait «El Señor está contigo», ça signifierait : « en ce moment, chère Marie, le Seigneur est avec toi » ou alors « comme tu n’es plus de ce monde, tu te trouve dans un lieu précis, le Ciel, auprès du Bon Dieu ». Or, le texte dit bien : «El Señor es contigo». Cela signifie que, par nature, Dieu est avec Marie. Ce qui nous éloigne de Dieu est le péché. Si el Señor es (y no «está») con María, alors Marie est totalement étrangère au péché. Elle a été conçue sans péché et « le Seigneur est avec vous » valide le dogme de l’Immaculée conception.
  2. Quelques lignes plus loin, on récite « et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni ». Jésus est donc bien le Fils de Marie. De ce fait, il est pleinement homme.
  3. Juste après, l’on récite : « Sainte Marie, mère de Dieu ». Cela signifie que Jésus n’est pas seulement homme, mais aussi Dieu. Cette prière est donc une catéchèse qui nous permet d’intégrer la double nature (humaine et divine) du Christ.

En définitive, Dieu est amour ; Dieu est un et trine. Jésus, vrai homme et vrai Dieu, est venu pour nous sauver et nous donner la vie en plénitude. Marie n’est qu’une humble créature qui ne fait que nous conduire vers Dieu, donc nous pouvons lui faire confiance. 😊

Bonne fête de l’Immaculée Conception ! Dieu vous bénisse !

Jean O’Creisren

Image par Myriams-Fotos de Pixabay


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Que dit la Bible sur les questions migratoires ?

Il y a quelques jours, j’ai pris un verre avec une amie. C’est une personne que j’apprécie, avec qui je partage la foi catholique et de nombreuses valeurs, malgré de réelles divergences au niveau politique. Nous appellerons cette jeune femme « Camille ».

Attablé à cette terrasse, un jeune homme que nous appellerons « Argan » se restaurait tandis que je commandai un jus de tomate. La conversation a vite tourné vers les préoccupations de tous les Français en ce moment, à savoir les élections législatives. Sachant que j’allais susciter des réactions, j’ai avoué que j’avais voté pour le Nouveau Front Populaire au premier tour car, pour moi, l’écologie est une priorité. J’ai néanmoins rassuré mes interlocuteurs en expliquant je n’étais pas d’accord avec tout ce que dit l’union de la gauche, particulièrement en ce qui concerne les questions bioéthiques.

Argan m’a alors dit :

– Ne penses-tu pas qu’une véritable écologie reviendrait à renvoyer tous les Noirs en Afrique ?

– Pourquoi dis-tu cela ?

– Dieu l’a voulu ainsi.

– Ah bon ?

– Oui, dans la Bible, on parle de « races » et de « nations ». Dieu l’a voulu et chacun devrait rentrer chez soi.

– La Bible parle aussi de mouvements migratoires voulus et orchestrés par Dieu…

– Moi, je suis contre le métissage ! Dieu nous a voulus blancs, noirs, jaunes. Nos corps sont différents et, si nous nous hybridons, nos âmes seront des mélanges dégénérés. C’est une simple question de biologie. Ce que je te dis là est tout à fait catholique.

– Pas de mon point de vue, mais je ne vais pas m’avancer dans ces débats pseudo-scientifiques. Je vais juste te dire que j’ai donné des cours de français à des migrants pendant 3 ans par le biais d’une association. Là, une dame originaire de RDC m’avait fait remarquer que les multinationales occidentales exploitent les ressources minières d’un pays qui pourrait être la 8e puissance mondiale si elle y avait accès. Les Français, les Chinois et d’autres grandes puissances vendent des armes aux différentes ethnies de ces pays-là pour qu’elles s’entretuent, ce qui leur permet de piller leurs ressources. Ainsi, cette dame considère qu’il serait juste que la France, qui s’enrichit par ce vol, donne un visa et du travail d’emblée aux migrants congolais qui arrivent sur son sol.

– Dans ce cas, je veux bien qu’on fasse un échange : on part de chez eux avec nos moyens de production et ils reprennent leurs ressortissants. De toute façon, sans nous, ils seront dans la merde, car les Noirs ne sont pas assez intelligents pour s’organiser et exploiter eux-mêmes leurs ressources.

Voilà ce qu’est capable d’expliquer un militant d’extrême droite qui se dit catholique. Pour moi, ça n’a rien de chrétien. J’ai cru comprendre que cet énergumène qui se prétend membre de l’Église est en fait proche de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X, qui, canoniquement, ne fait pas partie de l’Église catholique. Mais passons ces détails.

Quant à ce discours raciste, capillotracté et complètement incohérent, qu’a-t-il de catholique ? Si, heureusement, de nombreux électeurs du RN et de Reconquête ! (dont mon amie Camille) ne sont pas aussi extrémistes qu’Argan, peut-on se dire chrétien et tenir de tels propos ? Qu’enseigne réellement la Bible sur les questions migratoires ?

En tant que blogueur et écrivain catholique, j’ai mûrement réfléchi à la question, notamment en lisant Ce que dit la Bible sur l’étranger, du père Yves Saoût, bibliste et missionnaire au Cameroun pendant de nombreuses années. Sur le même sujet, vous pouvez lire, par exemple, l’entretien de Mgr Pontier paru dans La Vie. Pour ma part, je ne suis pas prêtre, mais j’ai lu la Bible en entier (dont le Nouveau Testament deux fois), je vais à la messe plusieurs fois par semaine et je lis les textes de la liturgie au quotidien. J’ai aussi beaucoup voyagé, je parle plusieurs langues et j’ai de très bons amis issus d’horizons sociaux, ethniques et religieux très divers.

Sur la base de mes lectures et de mes expériences, j’ai écrit le livre Unis par le Camino : une quête de sens sur le chemin de Compostelle. Je vous propose d’en lire un passage, où Jonaz, le personnage principal, débat avec des catholiques polonais d’extrême droite et démontre quelle est vraiment la vision chrétienne des questions migratoires :

Photo de Ahmed akacha sur Pexels.com

Jonaz discute avec ces Slaves très loyaux envers leur gouvernement. S’il ne partage pas toutes leurs idées, il est ravi d’en débattre sereinement, de manière constructive.

Pourquoi avez-vous refusé d’accueillir des réfugiés syriens en 2015 ?

Nous avons accepté d’accueillir les chrétiens, mais pas les musulmans. Notre pays sort d’un demi-siècle de communisme. Avant, notre élite intellectuelle avait été décimée par les nazis, qui avait aussi massacré nos concitoyens juifs, soit un tiers de notre population. Autrefois, nous étions l’un des rares endroits en Europe où les Israélites pouvaient vivre en paix. Depuis 1939, les totalitarismes ont cherché à tuer la Pologne, ses habitants et sa culture. Depuis la chute du rideau de fer, nous pouvons enfin nous reconstruire, et nous avons besoin de fermer nos frontières pour renforcer notre identité nationale et, peut-être, être capables de bien accueillir plus tard.

C’est vrai que je ne sais pas quoi dire. Je sais que votre peuple a beaucoup souffert et une telle souffrance invite à la compréhension et au respect. Mais en France, il me paraît normal d’accueillir les migrants. Nous sommes le pays des droits de l’homme, et nous avons aussi une dette envers les Africains. Nous pillons leurs ressources naturelles tout en créant chez eux des conflits interethniques par la vente d’armes. Par exemple, la République démocratique du Congo dispose d’un sous-sol extrêmement riche en or et en diamants. Ce pays pourrait être l’une des premières puissances mondiales, mais nous volons ses richesses en le livrant aux massacres. Une demandeuse d’asile congolaise m’a un jour dit qu’étant donné ces pillages, la France devrait compenser en donnant d’office un visa et du travail dans l’Hexagone à tous les Congolais qui veulent s’y installer.

C’est sûr : la France a une dette envers ces peuples. Mais pas la Pologne. Nous ne volons aucun pays en développement et nous ne leur devons rien. Nous fermons la frontière aux ressortissants de ces nations, mais nous sommes prêts à leur envoyer de l’argent pour les aider à rester chez eux. Sais-tu que beaucoup de Polonais sont en faveur de l’indépendance du Kurdistan ?

Ah bon ?

Eh oui, car le peuple kurde vit ce que nous vivions au XIXe siècle. Aujourd’hui, il ne dispose pas de son propre État, mais reste divisé entre l’Iraq, la Syrie, l’Iran et la Turquie. De même, notre pays était écartelé entre l’Autriche-Hongrie, la Russie et la Prusse. C’est pourquoi nous nous sentons proches d’eux.

Eh bien, tu m’apprends quelque chose !

Mais avec l’immigration, la France prend un mauvais chemin. Je prédis qu’à terme, une guerre civile éclatera chez vous !

Ça fait au moins vingt ans que les militants d’extrême-droite me prédisent cette guerre civile imminente. Je l’attends toujours ! J’ai vécu plusieurs années dans des cités, mon meilleur ami est arabo-musulman, et je peux t’assurer que le vivre-ensemble est non seulement possible, mais bien réel.

As-tu lu Le camp des saints, de Jean Raspail ? C’était un Français très visionnaire sur cette question. Il n’était pas croyant, mais il avait un grand respect pour la foi et la tradition catholiques…

Voilà un discours qui m’énerve : ce sont souvent les non chrétiens, quelles que soient leurs convictions, qui disent que nous devons voter comme eux ! J’ai déjà entendu des gens athées dire : « Pour moi, un chrétien cohérent doit voter à gauche », « Pour moi, tout catholique devrait être royaliste », « Jésus était le premier communiste » ou encore « Ça existe, les chrétiens de gauche ? Moi, je ne suis pas chrétien, mais quitte à l’être, autant voter à droite ! » Dieu n’est ni de droite ni de gauche ! L’Église n’est pas un parti politique ! Elle donne juste des orientations pour éclairer notre conscience politique. Si elle appelle à protéger la vie de sa conception à son terme naturel, si elle est proche des chrétiens persécutés, si elle défend la famille, le travail, le principe de subsidiarité et la propriété privée, elle appelle aussi à donner la priorité aux plus pauvres, à protéger l’environnement, à redistribuer équitablement les richesses, à dialoguer avec les autres religions, à accueillir les étrangers et elle condamne fermement le racisme ainsi que toute sorte de discrimination.

On peut vouloir contrôler l’immigration sans être raciste…

Bien sûr que tous les militants d’extrême droite ne sont pas nazis. Bien sûr que certains défendent leurs idées tout en respectant les personnes différentes d’eux qui croisent leur chemin. Et heureusement, d’ailleurs ! Mais, de mon point de vue, ce discours alarmiste sur les flux migratoires n’a rien de chrétien, et je vais te le prouver. Du début à la fin de la Bible, l’immigration est promue. Au jardin d’Eden, Dieu crée l’homme et la femme, puis leur dit : « remplissez la terre et soumettez-la »[1]. Après le déluge, Dieu réitère sa demande auprès des fils de Noé : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre. »[2]

Justement, coupe Jan Marian, dans ce passage, il est dit que Sem, Cham et Japhet ont peuplé trois parties différentes du monde. Ainsi, Dieu dit clairement qu’il a voulu que les Blancs restent en Europe, les Jaunes en Asie et les Noirs en Afrique.

Écoute bien la suite, et tu verras que cette théorie ne tient pas debout ! En interprétant à sa manière un passage isolé de la Bible, on peut lui faire dire n’importe quoi. L’histoire sainte ne s’arrête pas avec Noé ! Plus tard, Abraham quitte son pays à la demande du Seigneur pour s’installer en Canaan. Puis son petit-fils, Jacob, vient s’installer avec sa famille en Égypte. Après y avoir été traités comme des esclaves, les Hébreux émigrent à nouveau vers la Terre promise. Dans la Loi que leur transmet Moïse de la part de l’Éternel, il leur est clairement dit d’accueillir correctement les immigrés, car eux-mêmes ont été des immigrés en Égypte. L’arrière-grand-mère du roi David était d’ailleurs une étrangère nommée Ruth. Le roi Salomon vit une histoire d’amour avec la reine de Saba, une Éthiopienne à la peau noire. La suite de l’Ancien testament parle d’échanges pacifiques ou guerriers avec d’autres nations. Avec l’exil à Babylone, le peuple juif fonde des communautés dans de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe. Tout cela est voulu par Dieu. Dans le Nouveau testament, l’Enfant Jésus doit fuir en Égypte pour échapper à la persécution d’Hérode. La Sainte Famille se compose donc de trois réfugiés politiques. Lors de sa vie publique, le Christ ne fait aucune différence entre les Juifs et les autres. Il traverse la Samarie et quelques terres païennes, il s’émeut de la foi d’un centurion romain et d’une femme syro-cananéenne. Après sa mort et sa résurrection, les apôtres émigrent pour annoncer la Bonne Nouvelle. Ils évangélisent de l’Espagne à l’Inde. Pour ce faire, ils s’appuient sur la Diaspora juive disséminée dans tout le monde connu. Si ton peuple et le mien connaissent le nom de Jésus, c’est grâce à ces mouvements migratoires. Enfin, l’Apocalypse mentionne la migration finale des vivants et des morts vers la Jérusalem céleste. Je ne suis pas hostile à l’idée de patrie et de nation ici-bas. Je me considère même comme patriote. Néanmoins, ces concepts s’évanouiront le jour où tous les humains n’auront plus qu’une seule patrie : le Royaume de Dieu.

Jean O’Creisren (2023)
Unis par le Camino : une quête de sens sur le chemin de Compostelle,
Saint Ouen, Les Éditions du Net, chapitre 3.


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Commentaire linguistique sur Quevedo

¡¡Hola tod@s!!

Ces jours-ci, je passe les oraux de l’agrégation externe d’espagnol. C’est dans cette optique que j’ai écrit il y a quelques mois « L’ingérence et la corruption dans l’histoire politique de l’isthme de Panama (1501-1941) ».

Ce dimanche 23 juin an de grâce 2024, je sors de ma première épreuve (explication de texte, avec un sujet très perché) et je discute avec d’autres candidats, notamment de l’épreuve de commentaire linguistique, à laquelle nous aurons droit demain. Je me rends compte que je suis complètement à la ramasse dans ce que je suis censé connaître. Vous me connaissez : j’aime les défis ! 💪 Ceux s’entre vous qui me suivent depuis longtemps savent que je peux me taper 20h de car pour éviter de polluer en prenant l’avion et que je suis capable de marcher 40 km en un jour en mode clodo parce que je dois arriver à telle date à tel endroit pour pouvoir faire la manche. Ceux qui me connaissent personnellement savent aussi que je peux passer une nuit blanche pour fignoler une traduction avant de sauter dans un covoiturage pour réclamer mon visa au consulat d’Algérie. Récemment, je me suis couché à 5h50 pour corriger des copies dans les délais et me suis levé à 7h pour pouvoir faire passer des oraux à 8h30. Cette agreg, je la prépare en mode guerrier, avec les moyens du bord, donc j’ai un peu dépassé ma dose habituelle de caféine pour rédiger cet article avant de me reposer pour l’épreuve de linguistique du lendemain. 😉

Photo de Leeloo The First sur Pexels.com

Voici l’extrait que j’ai choisi de commenter, tiré de Los Sueños, de Francisco de Quevedo (Espagne, première moitié du XVIIe siècle). Il s’agit d’un sujet qui est tombé à la session 2023.

PRÓLOGO AL INGRATO Y DESCONOCIDO LECTOR

Eres tan perverso que ni te obligué llamándote pío, benévolo ni benigno en los demás discursos porque no me persiguieses; y ya desengañado quiero hablar contigo claramente. Este discurso es el del infierno; no me arguyas de maldiciente porque digo mal de los que hay en él, pues no es posible que haya dentro nadie que bueno sea. Si te parece largo, en tu mano está: toma el infierno que te bastare y calla. Y si algo no te parece bien, o lo disimula piadoso o lo enmienda docto, que errar es de hombres y ser herrado de bestias o esclavos. Si fuere oscuro, nunca el infierno fue claro; si triste y melancólico, yo no he prometido risa. Solo te pido, lector, y aun te conjuro por todos los prólogos, que no tuerzas las razones ni ofendas con malicia mi buen celo. Pues, lo primero, guardo el decoro a las personas y solo reprehendo los vicios; murmuro los descuidos y demasías de algunos oficiales sin tocar en la pureza de los oficios; y al fin, si te agradare el discurso, tú te holgarás, y si no, poco importa, que a mí de ti ni dél se me da nada. Vale.

DISCURSO

Yo, que en el Sueño del Juicio vi tantas cosas y en El alguacil endemoniado oí parte de las que no había visto, como sé que los sueños las más veces son burla de la fantasía y ocio del alma, y que el diablo nunca dijo verdad, por no tener cierta noticia de las cosas que justamente nos esconde Dios, vi, guiado del ángel de mi guarda, lo que se sigue, por particular providencia de Dios; que fue para traerme, en el miedo, la verdadera paz. Halléme en un lugar favorecido de naturaleza por el sosiego amable, donde sin malicia la hermosura entretenía la vista (muda recreación), y sin respuesta humana platicaban las fuentes entre las guijas y los árboles por las hojas, tal vez cantaba el pájaro, ni sé determinadamente si en competencia suya o agradeciéndoles su armonía. Ved cuál es de peregrino nuestro deseo, que no halló paz en nada desto. Tendí los ojos, cudiciosos de ver algún camino por buscar compañía, y veo, cosa digna de admiración, dos sendas que nacían de un mismo lugar, y una se iba apartando de la otra como que huyesen de acompañarse. Era la de mano derecha tan angosta que no admite encarecimiento, y estaba, de la poca gente que por ella iba, llena de abrojos y asperezas y malos pasos. Con todo, vi algunos que trabajaban en pasarla, pero por ir descalzos y desnudos, se iban dejando en el camino unos el pellejo, otros los brazos, otros las cabezas, otros los pies, y todos iban amarillos y flacos. Pero noté que ninguno de los que iban por aquí miraba atrás, sino todos adelante. Decir que puede ir alguno a caballo es cosa de risa. Uno de los que allí estaban, preguntándole si podría yo caminar aquel desierto a caballo, me dijo:

-San Pablo le dejó para dar el primer paso a esta senda.

Y miré, con todo eso, y no vi huella de bestia ninguna. Y es cosa de admirar que no había señal de rueda de coche ni memoria apenas de que hubiese nadie caminado por allí jamás. Pregunté, espantado desto, a un mendigo que estaba descansando y tomando aliento, si acaso había ventas en aquel camino o mesones en los paraderos.

Respondióme:

¿Venta aquí, señor, ni mesón? ¿Cómo queréis que le haya en este camino, si es el de la virtud? En el camino de la vida -dijo- el partir es nacer, el vivir es caminar, la venta es el mundo, y en saliendo della, es una jornada sola y breve desde él a la pena o a la gloria.

Diciendo esto se levantó y dijo:

-¡Quedaos con Dios!; que en el camino de la virtud es perder tiempo el pararse uno y peligroso responder a quien pregunta por curiosidad y no por provecho.

Source : Francisco de Quevedo, Los Sueñoshttps://freeditorial.com/es/books/sueno-del-infierno/readonline [consultée le 14 juin 2024]. Référence exacte de l’extrait : QUEVEDO, Francisco de, Los sueños, « Sueño del infierno », page 170, depuis « PRÓLOGO AL INGRATO… » jusqu’à « por curiosidad y no por provecho », p. 174.

  • Lecture de l’extrait : comment prononcer et justifier la prononciation ?

Voici ce que précise le Rapport du jury de la session 2023 :

« Le texte de Quevedo, daté de 1627, est publié alors que la vélarisation visant à différencier le phonème fricatif palatal du phonème fricatif apico-alvéolaire est désormais attestée. Il convient donc de produire cette vélarisation pour réaliser phonétiquement le graphème « j » et le graphème « g » (+voyelle palatale). La réalisation interdentale du phonème fricatif (pré)-dorso-dental issu de la désaffrication n’a, elle, en revanche, pas encore eu totalement lieu au moment où l’œuvre est publiée. Il n’est donc pas correct de produire un son interdental ([θ]) pour réaliser phonétiquement les graphèmes « z » (+ voyelle centrale ou voyelle vélaire) et « c » (+ voyelle palatale) ; en outre, le phénomène du yeísmo, qui consiste à ne pas opérer la distinction phonétique entre le phonème liquide latéral palatal correspondant au digraphe « ll » et celle du phonème fricatif palatal central correspondant au graphème « y » (+ voyelle) est attesté dès la fin du Moyen Âge, même s’il reste longtemps marginal. Au XVIIe siècle, il est encore considéré comme populaire ; le statut social de Quevedo et la nature même de son texte invitent donc, sur critère diastratique, à maintenir la distinction et à ne pas proposer de lecture yeísta. »

Sarah VOINIER et Cyril MÉRIQUE

Par ailleurs, comme l’observe Cristina Tabernero Sala dans le chapitre “La lengua española del Siglo de Oro en Los sueños de Quevedo”, c’est au cours de cette période que s’achève le processus de distinction phonologique entre la bilabiale occlusive /b/ et la fricative /v/.

Source : Javier Espejo Surós y Carlos Mata Induráin (eds.), Lienzos ficticios, fantasías oníricas. Estudios en torno a «Los sueños» de Quevedo, Pamplona, Servicio de Publicaciones de la Universidad de Navarra, 2023. Colección BIADIG (Biblioteca Áurea Digital), 70 / Publicaciones Digitales del GRISO. ISBN: 978-84-8081-755-4. [disponible gratuitement sous format numérique sur le site de l’Université de Navarre]

  • Qu’en est-il au niveau de la graphie ?

À l’époque de Quevedo, les normes graphiques du castillan n’étaient pas établies de manière aussi stricte qu’aujourd’hui. Dans cet extrait, on observe notamment l’adjectif masculin pluriel cudiciosos (cupides). Dans d’autres passages, l’auteur hésite entre cudicia et la forma actuelle codicia pour faire référence à la convoitise et à la cupidité.

Dérivé du latin fabulare, le verbe hablar (parler) a déjà remplacé le F initial de l’étymon, disparu phonétiquement, par un H au niveau graphique.

  • Exercice de phonétique historique

Apprenant la veille pour le lendemain qu’il faut être capable de mener un exercice de linguistique diachronique montrant comment tel mot est passé du latin à l’espagnol, je regrette de ne pas avoir pris de temps de consulter mes cours de L2. Pas de panique ! J’ai trouvé une ressource très intéressante en la matière (émanant de la Xunta de Galice) et j’ai bûché dessus pendant une bonne partie de l’après-midi. 😊

Remontons donc, pour commencer, l’étymologie du mot infierno (enfer), qui apparaît non seulement dans l’extrait à analyser, mais aussi maintes fois dans l’ouvrage. L’étymon latin est l’adjectif īnfernus, a, um, qui signifie « d’en bas, d’une région inférieure » ou « des enfers, infernal » (source : Gaffiot). Cette entrée nous renvoie à īnfernī, ōrum, m., à savoir « le séjour des dieux », qui est le pluriel d’un substantif de la deuxième déclinaison propre au latin d’Église : « īnfernus, ī, m., l’enfer » (source : Gaffiot). Le substantif espagnol infierno dérive de l’accusatif īnfernum de ce dernier. Dans ce cas comme systématiquement, le -m final disparaît. En espagnol, l’accent tonique tombe sur l’avant-dernière syllabe, puisque le mot, devenu infernu-, se termine par une voyelle. Or, le E tonique du latin diphtongue en IE, tandis que la position finale de la voyelle -u non accentuée s’ouvre en /o/. Cela nous donne bien le substantif infierno.

Essayons avec un autre exemple, à savoir le substantif diablo, qui vient du latin tardif « dĭăbŏlus, ī, m. ([du grec] διάϐολος), le diable, l’esprit de mensonge » (RAE et Gaffiot). Il s’agit également d’un étymon issu de la deuxième déclinaison des noms masculins, dont l’accusatif singulier est donc dĭăbŏlum. De la même manière, le -m final disparaît et le -u atone qui se retrouve donc en position finale s’ouvre en /o/. À l’exception du A, les voyelles post-tonique ont tendance à disparaître, à l’instar du I de nobilem qui devient noble ou du U de tabulam qui évolue en tabla. Ici, cela s’applique au phonème post-tonique /o/. *diábolo devient diablo.

Prenons enfin de verbe nacer (naître), qui apparaît à la troisième personne du pluriel à l’imparfait de l’indicatif : nacían. En latin, « ils/elles naissaient » se dit nascebantur (du verbe déponent nascor, nascĕris, natus sum, nata sum, natum sum…, – , nasci). Bon, ça paraît tordu… Je vais essayer avec un autre mot. 😉

Derecha (droite) vient de « dīrēctus (dērēctus), a, um, part. de dirigo pris adjt, […] qui est en ligne droite ». On part de l’accusatif féminin dīrēctam, où le -m final est élidé. Le /i/ long de la syllabe initiale devrait se maintenir, mais semble s’ouvrir en /e/. En fait, il ne s’agit pas d’une aperture, puisque dērēcta(m) est une variante de dīrēcta(m) en latin. Le groupe consonantique CT se palatalise en /tʃ/ sous l’influence d’un yod. Le /k/ se vocalise en dans un premier temps en Y, empêchant la diphtongaison du E tonique en IE. Le groupe /kt/ évoluera donc en /Yt/ avant de se palataliser en /tʃ/. À l’instar de noctem qui devient noche, dērēctam se transforme au fil du temps en derecha.

  • Exposé de la morphosyntaxe

Chez Quevedo, les laísmos, leísmos et loísmos sont assez fréquents. Dans cet extrait, nous ne repérons qu’un cas de leísmo, dans la réplique suivante : “¿Venta aquí, señor, ni mesón? ¿Cómo queréis que le haya en este camino, si es el de la virtud?” Ici, le pronom personnel le est inapproprié, puisqu’il ne remplit pas une fonction de COD, mais de COI renvoyant à venta et à mesón. Collectivement, ces deux substantifs donnent lieu à un masculin pluriel, donc le pronom COD devrait être los.

À ce stade de l’évolution de la langue, on note des cas d’enclise à la suite de verbes conjugués à la première personne du singulier au passé simple : Halléme. Cet usage n’est plus en vigueur en espagnol contemporain.

On note aussi quelques cas de construction partitive, avec le possessif contractant la préposition de avec un pronom personnel (dél), ou une contraction du même type avec le démonstratif neutre esto, ce qui donne desto. Cela est typique de l’espagnol archaïque et existe encore en portugais.

  • Rubrique de sémantique et pragmatique

La sémantique est la branche de la linguistique qui étudie la question du sens. La pragmatique est un autre champ des sciences du langage, assez récent. Si vous voulez en savoir plus, vous auriez pu lire il y a encore quelques mois un article de Jacques Moeschler qui n’est plus en ligne. À titre personnel, j’ai eu des cours de pragmatique à la fac il y a un certain nombre d’années. Je n’y comprenais absolument rien, les autres étudiants non plus, et le prof sans doute pas beaucoup plus que nous. À l’heure où je publie cet article, nous sommes à moins de 13 heures du moment où je recevrai mon sujet. J’ai donc autre chose à faire que de me casser la tête sur cette discipline ésotérique (dont dormir une nuit à peu près complète). Ainsi, je vais me concentrer sur la sémantique.

Quelques mois plus tard, je mets à jour cet article alors que je prépare un autre concours où la maîtrise de notions linguistiques est importante. Dans ce contexte, je viens de regarder une vidéo qui explique clairement cette discipline complexe. Si vous souhaitez approfondir ce sujet, n’hésitez pas à la visionner :

À ce titre, je relève surtout le subjonctif futur dans te agradare el discurso, qui fait référence à une éventualité dans le futur. En effet, s’il lit le prologue, le lecteur n’a pas encore commencé le Rêve de l’Enfer. Il le lira éventuellement dans le futur et le fait qu’il lui plaise relève d’une éventualité encore plus faible. Le futur du subjonctif n’est quasiment plus utilisé en espagnol, sauf dans certains documents juridiques.

  • Traduction

PROLOGUE À L’ATTENTION DU LECTEUR INGRAT ET INCONNU

Tu es si pervers que je ne t’ai même pas flatté en t’appelant « pieux », « bienveillant » ou encore « attentionné » dans les autres discours afin que tu ne me persécutes guère ; et, après t’avoir désillusionné, je veux converser avec toi en toute franchise. Ce discours est celui de l’enfer ; ne me traite pas de médisant parce que je parle mal de ceux qui s’y trouvent. En effet, il est impossible qu’il y ait là-bas quelqu’un de bon. S’il te semble long, il est dans ta main : prends l’enfer qui te suffit et tais-toi. Et, si quelque chose ne te semble pas bien, puisse le pieux passer outre et puisse le sage le changer, car errer est le propre de l’homme tandis qu’être ferré est le propre des bêtes et des esclaves. Si c’est sombre, l’enfer n’a jamais été clair ; si c’est triste et mélancolique, je n’ai pas promis de rires. Je te demande seulement, lecteur, et je te conjure même par tous les prologues, de ne pas me prêter de fausses intentions et de ne pas offenser par ta malice mon bon zèle. Car, premièrement, je respecte les honneurs dus aux personnes et je ne réprimande que sur les vices ; je médis contre les négligences et les excès de certains professionnels sans toucher à la pureté de leur métier ; enfin, si ce discours ne te plaît point, tu t’arrêteras [de lire] et, si tu ne le fais point, peu importe, car moi, je n’obtiens rien ni de toi ni de lui. Dieu te garde.

DISCOURS

Moi, dans le Rêve du Jugement, je vis tant de choses et, dans L’huissier possédé, j’entendis une partie de celles que je n’avais pas vues. Je sais bien que les rêves sont le plus souvent une tromperie de l’imagination et un loisir de l’âme, et que le diable n’a jamais dit la vérité, car il ne connaît pas avec certitude les choses que Dieu nous cache de manière juste. Néanmoins, je vis, guidé par mon ange gardien, ce qui suit, par la providence particulière de Dieu ; cet esprit vint pour m’apporter, dans la peur, la paix authentique. Je me trouvai en un lieu favorisé de nature par l’aimable quiétude, où, sans malice, la beauté divertissait la vue (un ressourcement bucolique muet) et où, sans réponse humaine, les sources conversaient parmi les galets, de même que les arbres à travers leurs feuilles. Peut-être l’oiseau chantait-il ; je ne sais pas précisément s’il le faisait de lui-même ou en remerciement [à ces éléments minéraux et végétaux] pour leur harmonie. Voyez à quel point notre désir est en pèlerinage, qui n’a trouvé la paix en rien de cela. Je levai les yeux, envieux de voir un quelconque chemin sur lequel chercher de la compagnie et je vois, chose digne d’étonnement, deux sentiers qui naissaient à même endroit, et l’un s’éloignait de l’autre, comme s’ils se fuyaient mutuellement. Celui de droite était si étroit qu’il n’admet aucun renchérissement et était, du fait du peu de gens qui l’empruntaient, plein de buissons d’épines, d’irrégularités sur le sol à fouler et de mauvaises stations. Malgré tout, je vis quelques voyageurs qui s’évertuaient à le suivre, mais, comme ils marchaient pieds nus et dénudés, ils perdaient en cours de route la peau pour certains, les bras pour d’autres, ou la tête, ou encore les pieds, et tous étaient jaunes et maigres. Néanmoins, je remarquai qu’aucun de ceux qui avaient emprunté ce chemin ne regardait en arrière ; au contraire, tous allaient de l’avant. Dire qu’on puisse y voyager à cheval est risible. Je demandai à l’un de ceux qui s’y trouvaient si je pouvais traverser ce désert à cheval. Il me répondit : – Saint Paul a laissé le sien pour [pouvoir] faire le premier pas sur ce sentier. Et je regardai, avec tout cela, et ne vis aucune la trace de pas d’aucune bête. Et ce fut chose étonnante qu’il n’y eût aucune marque de roue de voiture [hippomobile], ni à peine de signes attestant qu’il y n’eût jamais quelqu’un qui marchât par-là. Effrayé par ceci, je demandai à un mendiant qui était en train de se reposer et de reprendre haleine s’il y avait, par hasard, des tavernes sur ce chemin ou des auberges dans les lieux d’étape.

Il me répondit :

– Une taverne ici, monsieur, ou même une auberge ? Comment pourrait-il y avoir de cela sur ce chemin ? Vous voyez bien c’est celui de la vertu ! Sur le chemin de la vie, [me] dit-il, le point de départ est la naissance, vivre revient à cheminer, l’auberge est le monde et, lorsqu’on la quitte, il n’y a qu’un seul jour de marche bien bref entre le monde et le châtiment ou la gloire.

Sur ces mots, il se leva et dit :

– Dieu vous garde ! En effet, sur le chemin de la vertu, c’est perdre son temps que de s’arrêter et il est dangereux de répondre à qui interroge par curiosité et non en vue du salut de son âme.

Source : Francisco de Quevedo, Los Sueñoshttps://freeditorial.com/es/books/sueno-del-infierno/readonline [consultée le 14  juin 2024]

Voilà pour l’aperçu d’une épreuve de linguistique à l’agrégation externe d’espagnol. C’est en tout cas la production d’un candidat parmi d’autres et je n’ai aucune assurance de la note que le jury attribuerait à ce contenu. Si, après la lecture de la dernière section, vous cherchez un traducteur ou une traductrice compétent(e) pour traduire une œuvre du Siècle d’or, le mode d’emploi d’une machine à café ou un document médical sur les bienfaits du sommeil, cliquez sur ce lien ! 😉

Jean O’Creisren


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Il est six heures du matin en ce jour de début septembre. Le soleil commence à se lever sur la ville de La Flèche. Dans le ciel sans voile, on distingue encore les étoiles et la pleine lune. «Heulà ! Y va encore faire beau, anuit[1] !», se dit Maurice tout en observant le firmament aux multiples couleurs. Cet agriculteur retraité originaire de Malicorne-sur-Sarthe occupe toujours ses journées de travaux physiques et dort assez bien. Il ne se charge que d’une manière distraite de son petit-fils Julien, dix-sept ans, dont il a la garde, et qui est plutôt agité ces temps-ci. Ce matin, ce sera la rentrée des classes, un rituel auquel le jeune homme essaie toujours de se dérober. Ce n’est pourtant pas par aversion pour les études, car Julien passe son temps à lire et s’intéresse à beaucoup de choses. Mais l’adolescent est solitaire et très mal à l’aise en relations, ce qui lui cause de gros problèmes d’intégration et le fait beaucoup souffrir. Maurice se lève, sort de sa chambre, et croise son chien Mowgli, endormi dans le couloir. Il caresse le berger allemand, qui sort de sa torpeur. La queue remuante de l’animal manque de renverser le cadre où est exposée une gravure de Don Quichotte, sur l’étagère où s’entassent les livres de Julien. Celui-ci s’entend bien avec Mowgli, dont il a lui-même choisi le nom, il y a environ cinq ans. Très rapidement, le garçon a observé les comportements du chien et réussi à les imiter fidèlement, ce qui amuse beaucoup son aïeul.

Après quelques caresses, Maurice colle son oreille à la porte de la chambre du jeune homme, mais s’étonne de n’entendre aucun ronflement. « Nom de Diou ! murmure-t-il tout en tournant la poignée. Heulà ! Ce p’tit con a encore fugué ! » En effet, la chambre est vide. Le lit est défait et la fenêtre est grande ouverte. Chose étonnante, Julien n’a même pas emmené avec lui Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, qu’il est en train de terminer. L’ouvrage est posé négligemment sur un jeu de société à cartes carrées. « Rha, bah nom de Diou ! Qu’est-ce qu’y m’fait pas faire, à mon âge ! Bon, j’m’habille, j’mets ma gapette su’ la tête et j’file à la gendarmerie ! Les rillettes à tremper dans l’kawa, c’est pour tout à l’heure ! »

٭

٭         ٭

Il est sept heures et Maurice est reçu à la gendarmerie de La Flèche.

– Alors, monsieur, qu’est-ce qui vous amène ?

– Ben comme d’habitude, c’est l’fiston qu’a fugué ! Comme par hasard, l’jour d’la rentrée…

– Ah oui, eh bien c’est à prendre très au sérieux, monsieur ! Surtout en ce moment… Avez-vous une photo récente ? Des affaires personnelles ?

– Oui, comme d’habitude. Un bouquin d’sorcellerie, un jeu d’cartes et une photo.

– Bien. Je vais prendre votre déposition, puis j’alerte immédiatement le Procureur du Mans. L’ensemble de la gendarmerie sera mobilisé et nous mettrons tout en œuvre pour retrouver Julien. De votre côté, n’hésitez pas à faire le tour des lieux qu’il a l’habitude de fréquenter et de ses amis.

– Si seulement y n’en avait, des amis… Mais j’le connais, ce mioche, quand y n’aura faim, y r’viendra !

– Je ne voudrais pas trop vous inquiéter, mais nous avons reçu quelques plaintes ce matin car des gens auraient entendu un loup cette nuit, aux alentours du parc des Carmes, puis le long du Loir, jusqu’au Lac de la Monnerie. Votre petit n’est pas si en sécurité que ça. Même si, les autres fois, il y a eu plus de peur que de mal…

– Nom de Diou ! ‘Voulez m’faire crever ou quoi ? Encore un qui s’est échappé du zoo ?

– On appellera le zoo dès que le personnel aura commencé à travailler. En attendant, il faut absolument retrouver Julien. Je prends votre déposition et nous ferons tout notre possible pour le mettre en sûreté.

٭

٭          ٭

Il est dix heures dans le quartier Sainte-Colombe et l’officier Martin, accompagné du jeune stagiaire Rafik, sonne à la porte de la famille Plard.

– Bonjour madame, gendarmerie nationale !

– Messieurs !

– J’aimerais vous poser quelques questions.

– Z’avez appelé le zoo ?

– Oui, et tous les loups sont dans leur enclos, toujours aussi bien sécurisé, comme le reste du parc.

– Ben oui, j’ai eu une sacrée frousse, cette nuit… Mon bonhomme était prêt à sortir le fusil. Mais entrez donc !

– Merci, madame.

– Qu’est-ce que je vous sers ?

– Un verre d’eau, un café ou un jus de fruit sera parfait. Nous n’avons pas le droit de prendre d’alcool pendant notre service.

– Comme vous voulez ! Alors, que savez-vous sur le loup ?

– Nous en parlerons après. Pour l’instant, nous sommes sur une enquête plus urgente. Connaissez-vous le garçon sur cette photo ?

– Jamais vu !

– Un certain Julien Sallé, disparu cette nuit, aucune trace. Il a l’habitude de fuguer, mais avec cette bête qui rôde, c’est assez inquiétant.

– Ben ça…

– Alors, vous avez entendu des cris de loup ?

– Oui, un loup ou un chien errant, mais qui se déplaçait. Ma chienne lui répondait, et on a dû la sortir et l’attacher pour pas qu’elle se barre. En plus, elle est en chaleur en ce moment, et avec la pleine lune

– Vers quelle heure ?

– Chais pas… P’t-êt’ deux heures du matin. En tout cas, ça arrêtait pas et ça nous empêchait de dormir. Tous les chiens du secteur lui répondaient. C’était un sacré bordel !

– Oui, nous avons eu des plaintes de différents habitants. Les premiers cris ont été entendus dans le Parc des Carmes, puis le long du Loir, et enfin du côté du lac. Après, aucune trace de la bête.

– C’est un animal nocturne, donc ça doit roupiller dans les bois à c’t’heure-ci…

– Effectivement. Nous allons voir ce que nous pouvons faire. Merci pour votre coopération et bonne journée, madame Plard !

– Messieurs les gendarmes !

٭

٭         ٭

Après moult recherches, nos deux hommes frappent à la porte du père Durand, dans une maison en bordure du bourg de Bazouges-sur-le-Loir.

– Bonjour monsieur, gendarmerie nationale !

– Ça va-t-y, m’sieur l’agent ?

– « Officier », pas « agent » ! Nous allons bien, et vous ?

– Ça va ben, ma foi ! Malgré que j’me suis cassé la goule hier dans l’champ à Arnaud, en face le château. Mais entrez donc ! Vous prendrez ben une bière ?

– Euh… Non, merci, nous sommes de service…

– Bah ! Une bonne binouze, ça s’refuse pas !

– Hm ! Hm ! Dans ce cas, nous n’allons rien prendre. Connaissez-vous un certain Julien…

– Le p’tit-fils à Maurice ?

– Oui, c’est ça…

– Il a encore fugué, le morveux ?

– Oui, et…

– Heulà bah dis ! Il a une drôle de cervelle sous son capieau[2], ce gamin ! Il est pas comme les autres… Godiche comme pas permis, toujours à nous saouler avec ses discours incompréhensibles, toujours à bouiner[3] dans ses bouquins. L’aut’ jour, y f’sait marienne[4] dans la berouette[5] alors qu’on était tous en train de bosser. Quelle feignasse ! Pas étonnant qu’il ait pas d’amis ! Combien de fois j’ai dû enguirlander mes gosses parce qu’ils lui f’saient des misères ? Des fois, c’est pas triste… Et le Julien, qu’a dix-sept ans, y continue à banner[6] comme une bonne femme…

– Et à part ça, avez-vous entendu des cris de chien ou de loup, cette nuit ?

Rin ! Rin du tout !

– Très bien. Nous allons vous laisser et transmettre ce que nous savons à notre capitaine. Merci pour votre coopération et bonne fin de journée.

– À bientôt, messieurs les agents !

Photo de Pixabay sur Pexels.com

Minuit, l’heure du crime. Le père Durand est réveillé par des bruits dans son poulailler. « Aouuuuuuh ! » Il enfile ses chaussons et sa veste, saisit et charge son fusil avec les balles argentées qu’il a attrapées dans le tiroir. Il sort, traverse la cour et met son arme en joue tout en entrant dans la demeure des gallinacés. La lumière s’allume. Surpris, il lance un cri venant du fond du cœur : « Heulà ! »

Il est là, devant lui. Sa bouche ruisselle du sang de la poule qu’il a égorgée. Les poils de son corps nu sont hérissés par on ne sait quelle rage. Ses yeux luisent d’une expression étrange. La mystérieuse créature errante se fait enfin voir… Le père Durand baisse son arme et appelle le 15.

٭

٭         ٭

La départementale 323 défile à l’allure tranquille du C15. Clermont-Créans, Cérans-Foulletourte, Guécélard. Puis Maurice prend la direction d’Allonnes. Il est pensif. Comment son petit-fils a-t-il pu en arriver à ce point ? Comment a-t-il pu délirer jusqu’à se prendre pour un loup-garou ? Il se tourne vers son Dieu, ce Dieu contre lequel il jure à longueur de journée, ce Dieu qu’il ne prie que quand les choses vont mal, mais auquel il préfère croire au cas où. Le vieil homme se gare et se dirige vers le Centre hospitalier spécialisé de la Sarthe, où Julien a été pris en charge.

Après une enfance et une adolescence difficiles, le jeune homme accepte de faire confiance à la médecine pour le soigner. Dans ces moments compliqués, il se tourne également vers le Dieu dont on lui parlait au catéchisme quand il était petit. Il se souvient qu’il allait à la messe pour les temps forts, où une gentille dame de la paroisse préparait avec tout son cœur des choses adaptées aux enfants. Il se souvient également des « chanteurs à l’étoile » qu’elle organisait. Déguisé en roi mage, il allait chanter avec d’autres enfants des chants de Noël chez les gens qui le souhaitaient. En échange, les villageois donnaient de l’argent pour que la paroisse aide d’autres jeunes dans des pays du Tiers-Monde. Parfois, ils offraient quelques bonbons pour les petits chanteurs. Une sorte d’Halloween catho où mes mauvais sorts étaient remplacés par des bénédictions. Il se souvient de sa première communion et de sa profession de foi, à l’occasion desquelles une partie de sa famille, qui n’avait pas l’habitude d’aller à l’église, chahutait pendant la cérémonie. Même si cela pouvait irriter quelques personnes « bien comme il faut », il savait que c’était sans mauvaise intention. Au contraire, il se souvient qu’il avait été mis à l’honneur lors de sa « petite », puis de sa « grande » communion, comme un rite de passage de l’enfance vers l’adolescence. Même si sa vie n’a pas toujours été facile, il aime profondément sa famille, ces gens du peuple qui se battent avec dignité, malgré les difficultés auxquelles ils font face. Ces gens qui n’ont pas réussi à l’école, car leur culture est trop éloignée de celle des enseignants, mais qui savent travailler de leurs mains, contrairement à lui. Il se tourne donc vers ce Dieu qui se fait faible, comme lui. Ce Dieu qui est du côté des pauvres, des malades et des laissés-pour-compte. Ce Dieu qui se laisse clouer à la croix par amour. Ce Dieu qui a vaincu la mort et nous promet la victoire de la résurrection. Julien ne sait pas combien de temps il restera hospitalisé en psychiatrie. Il sait juste que ce passage difficile lui permettra de prendre un nouveau départ, de se laisser accompagner par des professionnels compétents qui l’aideront à réussir sa vie. Et comme il décide de faire confiance au Bon Dieu, il sait qu’il s’en sortira.

FIN

Jean O’Creisren


[1] Anuit : « aujourd’hui » en patois sarthois. Peut-être est-ce la même étymologie qu’avui en catalan.

[2] Capieau : « chapeau » en patois du sud-Sarthe.

[3] « Bouiner » ou « ne rien bouiner » : « ne rien faire » en patois angevin.

[4] Faire marienne : « faire la sieste » en patois manceau.

[5] Berouette : « brouette » en patois angevin.

[6] Banner : « pleurer » en patois angevin.

Pour en savoir plus sur ce parler populaire, cliquez ici. 🙂


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Perles de tentatives d’arnaques

Ah, les arnaqueurs ! Ils vous appellent à longueur de journée, vous invitent sur les réseaux sociaux avec de faux profils, vous envoient des mails frauduleux pour vous draguer ou vous convoquer au commissariat. Si certaines arnaques sont très bien montées, d’autres sont complètement bancales et pas du tout crédibles. Dans cet article, je vous propose quelques captures d’écran faisant état des tentatives d’arnaques les plus ridicules que j’ai reçues. Ces perles valent vraiment le détour… 😉

La première d’entre elles a été rédigée par un champion. Comme toutes les tentatives d’arnaques, ça commence par un « bonjour » impersonnel, ce qui prouve que le message a été envoyé à une longue liste de destinataires. Je ne sais pas si cet homme ne sait pas que « Jean » est un prénom masculin ou s’il pensait que je suis gay. En tout cas, sa tentative est à côté de la plaque car je ne suis pas intéressé par les hommes. Là où il a été encore moins malin, c’est qu’il prétend s’appeler Philippe alors que son adresse e-mail indique clairement qu’il se nomme Abd el-Rahim. Bien que son numéro de téléphone soit français, l’extension .ma indique que c’est une adresse marocaine.

Voici un autre message du même type, cette fois-ci envoyé depuis l’adresse électronique d’un étudiant mexicain. Certaines erreurs de langue et de typographie montrent clairement que la langue maternelle de l’expéditeur est l’espagnol.

Récemment, j’ai aussi reçu ce message. On m’accuse d’évasion fiscale, alors que je déclare très honnêtement tous mes revenus tous les ans et que je sais bien que je suis trop pauvre pour être imposable. Là où c’est encore plus louche, c’est qu’un site gouvernemental français comporte l’extension .br. On parle de délocalisation, mais j’ignorais que le ministère des Finances publiques cherchait à faire des économies au point de ne pas payer l’extension .fr et de délocaliser au Brésil… 😉

De même, j’ai découvert que le fisc français sous-traite des particuliers catalans pour me réclamer un impôt dont je ne suis pas redevable… Comme c’est logique ! 😅

Sur ma page Facebook, j’ai reçu ce message d’un arnaqueur qui a essayé de m’avoir par la peur. Mais pourquoi craindre ces cracs quand on n’a absolument rien à se reprocher ? De même, quand un soi-disant policier ou membre du personnel judiciaire vous convoque pour des faits que vous n’avez pas commis à travers un courriel assorti d’un lien ou d’une pièce jointe, n’ouvrez rien, car c’est un virus ! Si la police doit vous contacter, ce ne sera jamais par e-mail. Et pensez-vous que le « Groupe 2023 Inc. » soit une entreprise qui existe réellement ? 😉

Étant assez actif sur Facebook, j’ai accepté un certain nombre d’invitations pour promouvoir mon blog, mes livres et parler de Jésus. Mais, quand des personnes que je ne connais ni d’Adam ni d’Ève m’abordent et cherchent à obtenir plein d’informations sur moi, je sens rapidement que j’ai affaire à de faux profils à travers lesquels on cherche à m’extorquer de l’argent. Dans ce cas, je reviens à ce pour quoi j’ai accepté cette invitation : promouvoir mon blog, mes livres et parler de Jésus. 😊

Dans un autre genre, on a essayé de m’arnaquer avec un faux profil en suscitant ma pitié, puis en essayant de m’entuber avec l’appât du gain. 🎁 Non mais franchement, depuis quand une personne que vous ne connaissez pas décide vraiment de vous léguer toute sa fortune sur un coup de tête ?

En outre, j’ai reçu un message de l’un de mes contacts qui affiche uniquement une photo de profil représentant une très belle jeune femme et est suivi par 1 300 personnes. Je n’ai pas la preuve qu’il s’agit d’une arnaque, raison pour laquelle j’ai effectué une capture d’écran ne faisant pas apparaître son identité. Néanmoins, j’ai réagi en mode foutage de gueule à sa prise de nouvelles, qui m’a semblé suspecte de prime abord. 😉 S’il s’agit d’un arnaqueur (ce qui est le plus probable), il s’est dit à coup sûr que j’avais flairé son manège et que je ne tomberais pas dans le panneau. S’il s’agit vraiment d’une jolie jeune femme qui drague les inconnus (ce qui m’étonnerait énormément), elle a dû se dire que je suis complètement taré et n’a pas voulu donner suite à l’échange pour se protéger d’un mec bizarre… 😅 Ceci dit, si c’était vraiment le cas, elle m’aurait très certainement bloqué. 😉

Comme ma photo de profil est un drapeau de l’Espagne, un autre arnaqueur avec une photo de profil aguicheuse a voulu lancer une conversation en espagnol. J’en ai donc profité pour lui parler de Jésus dans la langue de Cervantès. Le problème, c’est qu’a priori, mon interlocuteur semble avoir un niveau A0 dans cet idiome. Apparemment, son vocabulaire se limite à hola et l’usage du traducteur automatique semble trop sophistiqué pour lui… 😄

Dans le même genre, cette personne qui prétend être espagnole n’est même pas foutue de mieux orthographier ¡Hola! qu’un francophone qui n’a jamais étudié la langue de Cervantès 😅 :

Pour conclure, nous sommes tous sujets à des tentatives d’arnaques. Celles-ci sont tellement nombreuses que la police est dépassée et ne peut pas poursuivre tous ces cybercriminels. Ayons donc bien conscience de qui sont les personnes auxquelles nous avons affaire. Si nous avons un doute, parlons-en à des proches qui ont du caractère et un certain esprit critique. N’oublions pas que le mal sera vaincu par le bien. Donc, face aux personnes malintentionnées, n’hésitons pas à prendre les choses avec humour ainsi qu’à évangéliser ! 😃

Tonton Jean

PS : face à tout ce qu’il y a de laid dans le monde, la vidéo ci-dessous vous propose un remède infaillible… 😉


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Valladolid : université, cathédrale et autres merveilles architecturales

Après un long voyage au Portugal, j’ai séjourné dans la ville espagnole de Valladolid du 14 au 21 août 2023. Loin de l’agitation des JMJ, j’ai apprécié la tranquillité du chef-lieu de la région Castilla-y-León.

Peu après la publication de mon livre Unis par le Camino, je planifie d’écrire un deuxième roman, dont l’intrigue se déroulera majoritairement à Valladolid. Vous en saurez plus le moment venu… 😉

Voici l’Hôtel de Ville (Ayuntamiento), qui trône sur la Plaza Mayor :

À proximité de la Plaza Mayor de Valladolid, la Fontaine dorée (Fuente Dorada) sert souvent de point de ralliement aux personnes qui se donnent rendez-vous pour sortir en centre-ville :

Et voici d’autres prises de vue de la Plaza Mayor de Valladolid :

De style gothique flamboyant, l’église Saint-Paul (San Pablo) est l’un des joyaux de Valladolid :

Juste à côté se trouve le monastère Saint-Grégoire (San Gregorio), qui abrite le musée national de sculpture. Au milieu du XVIe siècle, c’est à cet endroit qu’a eu lieu la fameuse controverse de Valladolid, au terme de laquelle l’Église catholique a reconnu officiellement que les Amérindiens ont une âme. Par conséquent, ils devaient être évangélisés en vue de leur salut et en aucun cas réduits en esclavage. Vers la même époque, le pape a condamné toute forme d’esclavage (y compris celui des Africains), mais, malheureusement, rares furent les chrétiens qui l’écoutèrent… 😥

Voici la faculté de droit de l’Université de Valladolid. Elle est située à côté de la cathédrale, sur la Place de l’Université :

Le Collège de la Sainte-Croix (Colegio de Santa Cruz) abrite le rectorat de l’Université de Valladolid, ainsi que des expositions temporaires très intéressantes. Je me souviens en avoir visité une passionnante sur l’art médiéval en Afrique subsaharienne. Comme la traduction en français laissait à désirer, j’ai écrit dans le livre d’or un retour critique avec mon adresse e-mail professionnelle. Évidemment, je n’ai jamais reçu de réponse… 😅

Près de la Plaza Mayor de Valladolid, l’ancienne église de la Passion (La Pasión) est désormais une salle municipale qui accueille des expositions artistiques temporaires.

Voici quelques clichés de la cathédrale de Valladolid. Conçue au XVIe siècle par l’architecte Juan de Herrera, elle ajoute au style propre de ce génie quelques éléments baroques. L’une de ses caractéristiques est qu’elle est inachevée. Au sommet, une statue de Jésus montrant son Sacré-Cœur surplombe la ville. En effet, en 1733, le Jésuite Bernardo Francisco de Hoyos aurait bénéficié à Valladolid d’apparitions du Christ promettant que son Cœur régnerait sur l’Espagne. Que l’on y croie ou non, les théologiens disent que l’Emmanuel souhaite combler d’amour nos cœurs blessés par le péché. Le Cœur de Jésus est lui aussi blessé par nos péchés, mais de ses blessures jaillit l’Amour dont nos cœurs blessés sont assoiffés.

En 2023-2024, l’archidiocèse de Valladolid vit une année jubilaire autour du Sacré-Cœur de Jésus. Les fidèles sont invités, entre autres, à accueillir la miséricorde de Dieu en allant se confesser. Ils sont aussi incités à communier, à adorer le Saint-Sacrement, à se réconcilier avec les personnes avec qui ils sont en froid, ainsi qu’à annoncer l’Évangile autour d’eux. Vous trouverez de plus amples informations sur ce lien.

Voici l’église Santa María la Antigua. C’est l’un des plus beaux édifices religieux de Valladolid et de nombreux mariages y sont célébrés :

Voici l’académie militaire de Valladolid :

Quelques photos de la rue Saint-Jacques (Calle de Santiago, où passe le Chemin de Compostelle), de la Plaza Zorrilla et du Campo Grande (Valladolid) :

Dans la calle de Santiago, l’ancienne église dite des Françaises accueille des expositions temporaires. Lors de mon séjour, j’ai pu voir Cartografías silenciadas / De trabajos forzados. Il s’agit d’une série de photos prises par l’artiste Ana Teresa Ortega. Elles représentent des lieux où le régime franquiste a réduit aux travaux forcés des prisonniers de guerre républicains. Ces photographies ne font apparaître que les murs, sans vie, comme des lieux hantés. N’ayant pas osé prendre de photos de l’exposition pour des questions de droits d’auteur, je vous partage la belle façade néo-classique de l’église des Françaises (rue Saint-Jacques – Valladolid) :

Voici quelques clichés de l’église Saint-Benoît (San Benito) :

Un peu plus excentrés, l’église Sainte-Marie-Madeleine (iglesia de Santa María Magdalena) et le Monasterio de las Huelgas Reales se situent à proximité de différentes facultés de l’Université de Valladolid :

Tout près de la faculté de commerce de l’Université de Valladolid, le centre civique Esgueva met à disposition une bibliothèque municipale :

Voici quelques clichés de la Faculté de philosophie et de lettres (Facultad de Filosofía y Letras) de l’Université de Valladolid :

En face de ce bâtiment, vous pouvez voir la Faculté de commerce (Facultad de Comercio) de l’Université de Valladolid :

Enfin, voici les locaux techniques de l’Université de Valladolid :

Derrière les locaux de l’université, la rivière Esgueva apporte un peu de verdure et de tranquillité à ce quartier résidentiel de Valladolid :

Pour continuer avec la verdure en mode plus classe, éloignons-nous de l’université, retraversons le centre-ville et redescendons la calle de Santiago depuis la Plaza Mayor. Au bout de la rue Saint-Jacques, nous retrouvons l’académie militaire et la Plaza Zorrilla. Derrière la fontaine se trouve le plus beau parc de Valladolid, le Campo Grande. Nul besoin de commentaires, car les photos parleront d’elles-mêmes… 🙂 Je vous propose néanmoins un petit jeu : saurez-vous retrouver l’écureuil qui apparaît sur l’un des clichés ?

Derrière le Campo Grande, vous pouvez visiter le musée oriental de Valladolid. On y trouve de très belles collections, notamment concernant les Philippines, colonisées par les Espagnols à la Renaissance et indépendantes depuis 1898.

Non loin du Campo Grande et de la rivière Pisuerga, le théâtre Lope de Vega expose sa belle façade en faïence :

Chargée d’histoire, Valladolid est notamment la ville où est mort Christophe Colomb en 1506, sans savoir qu’il avait découvert un continent jusqu’alors inconnu des Européens. Voici un musée qui lui est dédié :

Ces photos vous donnent-elles envie de visiter Valladolid ? Voulez-vous étudier dans son université, vous promener dans ses jardins, vous cultiver dans ses musées et prier dans ses églises ? Ce site vous présente toutes les sorties culturelles proposées, y compris une visite guidée gratuite des monuments phares. N’attendez pas ! Sautez sur la première occasion pour découvrir cette ville merveilleuse ! 😊

Jean O’Creisren

PS : Pour terminer, je vous propose un clip en espagnol en hommage à cette ville particulière qu’est Valladolid. Je vous informe néanmoins qu’elle s’adresse aux initiés qui connaissent très bien cette ville et sa culture, et ayant un niveau d’espagnol suffisamment élevé pour comprendre l’argot et les variantes dialectales péninsulaires.

Une chanson subtile en hommage à Valladolid

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Olá!!

De mi-juin à mi-août 2023, je suis allé au Portugal pour un voyage de longue durée. J’ai principalement séjourné à Lisbonne, où j’étais volontaire pour préparer les Journées Mondiales de la Jeunesse. Ce fut un événement d’une importance majeure. 1 à 1,5 million de personnes était attendu et c’est effectivement le nombre qui a été atteint.

Je suis donc arrivé le 16 juin, après environ 20 heures de car. En effet, comme je l’explique dans cet article, j’évite de prendre l’avion lorsque je voyage en Europe, par conviction écologique. 🌱 À mesure que je vieillis, j’arrive de mieux en mieux à dormir lors de ces trajets nocturnes. J’ai eu la joie de me réveiller alors que nous roulions parmi les paysages castillans, qui me rappellent tant de bons souvenirs. Pour que vous ayez une idée de ce à quoi cela ressemble, voici une photo prise sur le chemin de Compostelle en 2021 :

Quoi qu’il en soit, j’ai tâché de communiquer le plus possible en portugais dès que j’ai passé la frontière. Cela fait un an que je me suis remis à cette langue sur Duolingo. Comme lors de mon premier voyage à Lisbonne en 2015, j’arrive à peu près à me débrouiller. On me dit même que je parle bien, alors que j’ai l’impression d’avoir seulement un niveau intermédiaire. Il faut dire que j’ai commencé à apprendre la langue de Pessoa alors que je maîtrisais déjà très bien l’espagnol. Comme ces deux idiomes sont assez proches, cela m’a grandement facilité la tâche. Il y a huit ans, mon séjour à Lisbonne m’avait fait très bonne impression. Les Portugais sont un peuple très sympa, ouvert et accueillant. Je n’avais donc que des a priori positifs avant de commencer mon voyage et cela s’est confirmé sans cesse tout au long de mon séjour dans ce beau pays. 😊

Depuis mon arrivée, j’ai logé dans un couvent désaffecté avec d’autres volontaires. Ce monument est classé. Il est l’un des rares édifices à avoir survécu au tremblement de terre qui a ravagé Lisbonne en 1755. Voici deux belles photos de l’entrée :

Comme vous pouvez le voir, l’intérieur de cet édifice est décoré d’une belle faïence bleue, typique du Portugal. Maciel, le gardien de notre collocation, est très fier de l’histoire de son pays. Il m’a notamment fait découvrir le poème « Mar português », de Fernando Pessoa. ⛵ Un véritable joyau, que je pourrais éventuellement traduire lors d’une mise à jour de cet article.

Le dimanche 25 juin, nous sommes allés à Fátima, où la Vierge Marie serait apparue à trois enfants en 1917. 😇 Chacun est libre d’y croire ou non. Si vous souhaitez connaître cette histoire en détail, je vous invite à regarder ce film. Entre autres révélations, Marie aurait prédit qu’une lueur étrange dans le ciel annoncerait la Seconde Guerre mondiale. Pendant la nuit du 25 au 26 janvier 1938, le firmament était teinté d’une couleur inhabituelle. Née le 3 octobre 1929, ma grand-mère s’en est souvenue toute sa vie. Sœur Lucie, la dernière survivante des visions, a révélé deux des trois secrets confiés par la Vierge aux pastorinhos. 🐏 Elle ne divulguait le troisième secret qu’au Pape. Vers la fin de sa vie, Jean-Paul II a annoncé qu’il s’agissait de la prédiction de l’attentat dont il a été victime en 1981. La balle qui l’a traversé ce jour-là est aujourd’hui incrustée dans la couronne de la statue d’A Nossa Senhora. Voici quelques photos du sanctuaire :

Une semaine plus tard, je vous partage une autre merveille du Portugal : le pastel de nata ! 😋

Comme l’esprit et l’âme ont tout autant besoin de nourritures que le corps, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le témoignage de sœur Lucie ainsi qu’un livre brésilien proposant des prières au Sacré-Cœur.

Ces deux ouvrages viennent de la librairie officielle du sanctuaire de Fátima, dont voici la photo :

Au Portugal comme ailleurs, on raconte certaines blagues. Un Lisboète m’a raconté celle-ci :

  • Quel est le meilleur monument à Porto ?
  • Réponse : la route vers Lisbonne.

D’après celui qui m’a raconté cette boutade, les Portuans disent la même chose en inversant le nom des deux villes… 😉

En marchant dans les rues de Lisbonne, de jour comme de nuit, j’ai pris quelques photos, notamment de bâtiments typiques du Portugal. Les voici :

Ci-dessous, vous pourrez voir la façade du musée national de la faïence. Un bel édifice de style gothique flamboyant, à 10 minutes à pied du couvent où je suis logé. 😊

La faïence est typique du Portugal. Voici donc ce à quoi ressemblent tous les trottoirs de Lisbonne :

Voici le parlement de la République du Portugal, le dimanche 23 juillet 2023 vers 1h30 du matin :

Je suis passé près de l’ambassade politique de l’Espagne auprès du Portugal. N’ayant pas le droit de la prendre en photo, je vous propose celle de l’ambassade économique de l’Espagne auprès du Portugal :

Le dimanche 9 juillet, j’ai visité le Panthéon, où se trouve la tombe de certains grands hommes de l’histoire du Portugal. Voici la façade de l’édifice :

Parmi les sépulcres, voici ceux de trois Portugais très illustres :

Nous avons aussi pu observer de belles vues sur Lisbonne et sur le Tage depuis la coupole de l’édifice.

Comme le 9 juillet était un dimanche, nous sommes allés à la messe dans l’église du Mosteiro dos Jerónimos (quartier de Belém). Vous pourrez admirer ci-dessous une photo du chœur de cet édifice religieux de style gothique flamboyant. Après ce rendez-vous avec Jésus, nous avons rejoint des volontaires de Shalom, qui célébraient les 41 ans de cette communauté brésilienne.

Le samedi 15 juillet, je me suis promené le long du Tage et dans le quartier de Belém. Voici quelques photos du fleuve qui se jette dans l’Atlantique à Lisbonne. Vous y verrez notamment le Pont du 25 avril, un viaduc impressionnant conçu par les architectes qui ont fait construire, plus tard, le Goden Gate :

Sur la photo suivante, vous pouvez voir un Christ rédempteur semblable à celui de Rio de Janeiro (en plus petit)…

Voici deux photos du Monastère des Hiéronymites, prises par Audrey, une volontaire philippine. Véritable joyau de Lisbonne, le Mosteiro dos Jerónimos se situe dans le quartier emblématique de Belém.

Voici d’autres photos de monuments incontournables de Belém, dont sa fameuse Tour :

Le lendemain, je me suis promené au Parc Eduardo VII avec Micaela, volontaire argentine et artiste professionnelle. Comme mon telemóvel n’avait plus de batterie, c’est elle qui a pris les photos des lieux où se tiendront les événements centraux des JMJ. Et quelles photos !

À la tombée de la nuit, nous avons marché dans les rues piétonnes, jusqu’à la Praça do Comercio, où nos chemins se sont séparés. Voici quelques photos du centre-ville de Lisbonne prises par Mica chemin faisant :

Le samedi 22 juillet, je suis resté à Lisbonne car j’avais reçu un gros projet de traduction à traiter dans l’urgence. Si je suis ravi d’avoir du travail, je n’ai malheureusement pas pu me joindre à Kariny et à Andrés, deux volontaires latino-américains (respectivement brésilienne et colombien), qui se sont rendus à Óbidos où s’est tenu un marché médiéval. Néanmoins, ils ont accepté de m’envoyer leurs plus belles photos, que je partagerai sur ce blog dès qu’elles me seront parvenues. 😊 Deux ans après, j’attends toujours…

Voici deux photos de l’église Nossa Senhora da Estrela (centre-ville de Lisbonne). Le dimanche 23 juillet peu après minuit, je m’y suis rendu pour la veillée de prière autour des symboles des JMJ.

Les JMJ ont commencé le 1er août. Les rues se sont remplies de centaines de milliers de pèlerins festifs et joyeux venus de monde entier. 😃 Quand on travaille depuis plus d’un mois pour préparer les JMJ, c’est un vrai bonheur que de voir les jeunes heureux et pleins de vie. Sans le savoir, leur joie est pour les volontaires une belle marque de gratitude pour tout ce que nous avons mis en place pour que les pèlerins soient bien accueillis. 😊

Je vais tout de même nuancer mes propos en vous montrant que les clichés qu’on peut avoir sur tel ou tel peuple se vérifient dans de tels rassemblements. Comme je viens de l’écrire, la quasi-totalité des pèlerins qui j’ai croisés dans les rues de Lisbonne était remplis de joie. Néanmoins, les rares que j’ai vus de mauvaise humeur étaient français. Mais c’était moins d’une demi-douzaine parmi mes nombreux compatriotes que j’ai rencontrés. J’ai trouvé qu’ils étaient plus civilisés que ce que j’ai l’habitude de voir lorsque je voyage. J’ai même vu une bande en marinière chanter une acclamation à Vitor, le serveur d’un bar qui s’était bien occupé d’eux. Pour continuer dans les clichés, les seuls groupes de pèlerins que j’ai vus gueuler et taper des mains lorsqu’ils voyaient leur drapeau brandi par un autre groupe étaient des Italiens. C’est une constante aux JMJ. D’habitude, je m’entends très bien avec les ressortissants de ce peuple dont une partie de ma famille est issue. Ils sont presque toujours fun et les Français devraient apprendre de leur joie de vivre. Mais, aux JMJ, c’est le seul endroit où je peux les trouver insupportables. Enfin, les seuls groupes de pèlerins que j’ai trouvés assis en cercle au milieu du trottoir étaient des Espagnols. Ceux d’entre vous qui ont vécu en Espagne comprendront la référence à la culture du botellón. 😉 Comme les Italiens, ils étaient particulièrement joyeux, mais en plus calmes. De manière générale, on peut observer que ces trois peuples latins aiment chanter fort et crier leur joie lorsqu’ils sont en groupe. En revanche, cette habitude ne se retrouve pas chez les Portugais, latins d’Europe à la mentalité bien différente.

Travaillant lors de la quasi-totalité des événements centraux, j’ai pu me rendre à celui qui était organisé le vendredi 4 août au Parc Eduardo VII. Lors du Chemin de Croix qui s’y déroulait, j’ai eu la chance d’être bien placé et de voir le Pape François. Voici une vidéo en espagnol de la 11e station, qui médite sur le crucifiement de Jésus. Je suis sûr que vous apprécierez le spectacle et la musique qui accompagnent ces réflexions sur ce Dieu fait homme qui nous rejoint dans nos souffrances et nos misères.

Chemin de Croix – 11e station – Lisbonne – 04/08/2023

Avec le peu de mémoire qu’il restait sur mon téléphone, j’ai pu filmer une partie de la 12e station, à savoir la mort de Jésus sur la Croix. La méditation de ce don inestimable de Dieu pour notre salut était proposée en français.

Chemin de Croix – 12e station – Lisbonne – 04/08/2023

À la fin des JMJ, j’ai pu me rendre à la messe finale. Un très bel événement international ! Comme plus d’un million d’autres personnes, j’ai pu recevoir la bénédiction du Pape François après avoir eu la joie de communier et j’ai demandé à Dieu qu’elle bénéficie également à une personne qui m’est très chère, mais qui n’était pas présente.

L’après-midi, j’ai pu me rendre à la rencontre du Saint-Père avec les volontaires. Arrivé à la dernière minute après avoir galéré pour y parvenir, je n’ai malheureusement pas pu voir de près cet évêque de Rome pour qui j’ai tellement d’admiration. En revanche, j’ai pu voir passer le cortège des VIP sous haute sécurité à la fin de l’événement. Le Pape était dans l’une des voitures, mais je n’ai pu ni le voir en vrai ni le filmer de sorte qu’on puisse le reconnaître… Voici néanmoins la vidéo que j’ai pu faire :

Le cortège papal – Lisbonne – 06/08/2023

Après les JMJ, je suis parti dans le nord du Portugal avec une amie pour faire du tourisme. Les 10 et 11 août, nous avons eu la joie de visiter Coïmbre, une ville absolument magnifique. Voici quelques photos du jardin botanique de l’université :

L’université de Coïmbre date de la fin du XIIIe siècle, ce qui en fait l’une des plus vieilles d’Europe. Le bâtiment principal a été construit par les Maures et a rempli la fonction de palais royal avant d’être le nouveau siège de l’université. Autour, le dictateur Salazar a construit au XXe siècle plusieurs facultés dans un style qui rappelle l’architecture fasciste, franquiste et soviétique. Comme les étudiants de Coïmbre constituaient la première force d’opposition au régime, Salazar a tenu à regrouper toutes les facultés au même endroit pour mieux contrôler ses adversaires.

Voici la faculté de l’université de Coïmbre qui rencontre le plus de succès : la faculté de la bière… 😁

Nous avons aussi eu la joie de visiter de belles églises, comme Santa Cruz :

Nous avons aussi visité l’ancienne cathédrale, qui date du XIIe siècle. Crénelée, elle ressemble à un château fort. En effet, elle avait aussi un rôle défensif. La population s’y réfugiait quand la ville était attaquée et les défenseurs situés sur le chemin de ronde pouvaient contrôler depuis cette hauteur ce qui se passait en bas.

Nous avons également eu la chance d’être logés au grand séminaire, dont voici quelques photos :

Voici le Parc de la Sirène, situé près de la Place de la République :

Voici enfin la façade de la nouvelle cathédrale, ainsi que quelques beaux bâtiments de la ville de Coïmbre :

Malgré son léger tumulte touristico-universitaire, Coïmbre reste une ville à taille humaine, calme et verte. Voici quelques vues fluviales, de jour et de nuit :

Du 11 au 14 août, nous avons visité Porto. Voici quelques photos du début de notre séjour dans cette ville magnifique :

Ce bar que je ne nommerai pas aurait mieux fait de sous-traiter un traducteur professionnel digne de ce nom… 😉

L’église Nossa Senhora da Lapa :

Un camion de Betel (association caritative chrétienne), avec le slogan « Aidez-vous à aider ». 😊

Un message écrit sur un mur, qui se traduit par « Dans les mains de Dieu ». 😇

Porto est une ville bourgeoise, où la noblesse n’avait pas sa place à l’époque de la monarchie. D’où ces belles demeures, très hautes :

Voici quelques photos de la cathédrale, qui dispose notamment d’un magnifique cloître gothique en faïence :

Le dimanche 13 août, an de grâce 2023, nous avons fait une petite excursion à Braga, autre ville du nord du Portugal. Voici quelques photos de la cathédrale, où nous avons participé à la messe dominicale. Il s’agit du siège épiscopal le plus ancien du pays. Ainsi, quand quelqu’un a une voiture complètement défoncée ou fait une blague très ringarde, on lui dit : « c’est plus vieux que la cathédrale de Braga ».

Une chapelle richement décorée de la cathédrale de Braga

Voici la châsse renfermant les reliques de saint Barthélémy des Martyrs, archevêque de Braga, qui fut l’un des principaux contributeurs du Concile de Trente. Récemment canonisé par le Pape François, il était l’un des saints patrons des JMJ Lisbonne 2023.

Voici une statue à l’effigie du saint en question :

À proximité de cette statue, voici une belle tour dédié à la Vierge Marie. Elle a été érigée suite au tremblement de terre qui a détruit Lisbonne au XVIIIe siècle. Sur la banderole, on peut lire le nom de Pie XII, le pape qui a sauvé de nombreux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale :

Voici d’autres photos prises à Braga :

Le lundi 14 août, l’amie avec qui j’ai visité le nord du Portugal est repartie pour Lisbonne tandis que j’ai pris le car pour Valladolid. Cette ville espagnole me tient particulièrement à cœur et j’écrirai très certainement quelque chose à son sujet prochainement…

Si vous souhaitez découvrir la beauté de Lisbonne, je vous invite à vous délecter des images proposées dans le clip de l’hymne officiel des JMJ :

Hymne officiel des JMJ Lisbonne 2023

Si cette chanson vous a plu et si vous souhaitez en connaître les paroles en portugais, vous trouverez tout ce qu’il vous faut sur ce lien. 😊

Bom verão e até logo!!

Jean O’Creisren

Crédits images :

Primeira imagem:

Outras imagens: Jean O’Creisren, Audrey Criscille e Micaela Segovia Baldi.


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« Unis par le Camino » : Jean O’Creisren publie son premier roman

Qu’y a-t-il de commun entre Albane, Jonaz, Maëlwenn, Hakam, Scratch et Girolamo ?

Apparemment, tout les différencie : une jeune femme au cœur d’or qui parle aussi bien anglais que russe, deux Bretons aussi têtus l’un que l’autre, un chirurgien algérien qui a tout abandonné pour commencer une licence de droit, un SDF alcoolique, ainsi qu’un traducteur italien à la fois fervent catholique et fan du groupe anarchiste Ska-P. 😉

Pourtant, ils vont cheminer ensemble vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils vont affronter les mêmes épreuves sur un pied d’égalité. Avec les autres pèlerins, ils formeront une communauté très hétérogène, mais solidaire. Tous marchent pour une raison singulière, qu’ils en aient conscience ou non. Trouveront-ils ce qu’ils recherchent en cours de route ? 🌻

Photo de Guduru Ajay bhargav sur Pexels.com

Vous aimez lire les articles de « Délires de linguiste » ? 🙂 Quatre ans après avoir lancé ce blog, je publie Unis par le Camino. Ce roman original se développe autour du Chemin de Compostelle. Différents personnages évoluent au cœur de cette Espagne que j’aime tant. Ce voyage initiatique leur permet de soulever de grandes questions dans des dialogues constructifs, de se connecter à leur for intérieur et de se recentrer sur leurs aspiration les plus profondes. Vous retrouverez dans cet ouvrage ma passion pour les langues, mon goût de l’aventure et une bonne dose d’humour. 😉

Entre autres retours sur ce roman, un lecteur m’a dit que l’intrigue est bien construite, avec autant de suspense que vous êtes en droit de l’attendre. 😎

Cette idée de lecture vous intéresse ? Vous pouvez commander mon livre sur le site de l’éditeur.

Vous pouvez également vous le procurer dans la librairie de votre choix ou sur une plate-forme en ligne. Voici les références bibliographiques à fournir à votre libraire :

O’CREISREN, Jean. Unis par le Camino : une quête de sens sur le chemin de Compostelle. Saint-Ouen : Les Éditions du Net, 2023.

Bonne lecture et ultreïa ! 😉

Jean O’Creisren