L’Union européenne est-elle démocratique ?

« Bruxelles a décidé ci », « Bruxelles nous impose ça », « la France a perdu sa souveraineté »… On entend parfois de genre de discours. Chacun a le droit d’avoir ses propres opinions politiques. Néanmoins, lorsqu’on s’exprime sur un sujet, il est important de savoir de quoi on parle.

À travers cet article, je vais tenter de répondre, sans parti pris, à la question suivante : « L’Union européenne est-elle démocratique ? » 🗳

Nous verrons d’abord comment fonctionnent les institutions européennes. Tout particulièrement, nous expliquerons qui élit les responsables politiques qui prennent des décisions au niveau européen. Lorsque les règlement et directives sont adoptés à Bruxelles ou à Strasbourg, cela modifie la loi dans les États membres ; il est donc important de savoir si cela nous est imposé d’en haut ou si ceux qui votent ces décisions sont élus par nos voix.

Dans un deuxième temps, nous aborderons les limites de la démocratie européenne et éluciderons certains concepts (notamment liés à la souveraineté) qui permettent de mieux comprendre les règles du jeu. 🧩 Enfin, nous ouvrirons sur quelques perspectives intéressantes pour que les citoyens puissent prendre part à la politique commune.

Quelles sont les sept institutions de l’UE, quel est leur pouvoir, comment sont choisis leurs membres et comment fonctionnent-elles ?

  1. Le Parlement européen (PE)

Cette institution est sans conteste la plus démocratique des instances politique de l’UE. En effet, les eurodéputés sont élus au suffrage universel direct, lors des élections européennes. Ils sont aussi élus à la proportionnelle, ce qui est sans doute plus démocratique que nos élections législatives telles que prévues par la Constitution de la Ve République. 🐓 Avec le Conseil de l’Union européenne, ils disposent du pouvoir législatif de l’UE.

Les membres du Parlement européen sont actuellement répartis en 8 groupes, à savoir :

  • Le Groupe de la gauche au Parlement européen (GUE/NGL) rassemble les partis les plus à gauche de l’échiquier politique, comme LFI (liste menée par Manon Aubry), le parti grec Syriza (au pouvoir lors de la crise de la dette dans la zone euro), le Mouvement 5 étoiles (gauche radicale italienne) et le parti espagnol Podemos (controversé notamment du fait de la « loi trans », qui lui a coûté de nombreux sièges aux dernières élections générales). Certains de ces partis sont considérés comme d’extrême gauche par une partie des politologues.
  • Le Groupe des Verts/Alliance libre européenne rassemble les écologistes de gauche, dont l’ancien parti EELV (liste menée par Marie Toussaint) et son alter ego allemand Bündnis 90/Die Grünen.
  • Le Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen (ou « groupe S&P ») rassemble les partis socialistes et du centre-gauche, comme le PS, le PSOE (qui gouverne actuellement l’Espagne) ou encore le SPD (socio-démocrates allemands, parti de l’ancien chancelier Olaf Scholz).
  • Le Groupe Renew Europe rassemble des partis centristes, démocrates et libéraux, dont LREM ou le MoDem, qui avaient constitué la liste Renaissance lors des dernières élections européennes (menée par Valérie Hayer, actuellement présidente de cette formation politique au sein du Parlement).
  • Le Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens) est le plus nombreux au PE. Il rassemble des partis de droite traditionnelle, comme Les Républicains (liste menée par François-Xavier Bellamy dans la circonscription française), le Parti populaire (PP) espagnol, la CDU allemande (parti d’Angela Merkel et du chancelier actuel, Friedrich Merz), ou encore le Parti nationaliste maltais (de tendance conservatrice), d’où est issue la présidente actuelle du Parlement européen, Roberta Metsola.
  • Le Groupe des Conservateurs et Réformistes européens inclut Fratelli d’Italia (le parti de la présidente italienne Giorgia Meloni), Prawo i Sprawiedliwość (qui a gouverné la Pologne de 2015 à 2023), ou encore les 5 dissidents de la liste Reconquête ! élus en 2024, dont Marion Maréchal.
  • Le Groupe Patriotes pour l’Europe est présidé par Jordan Bardella. Il rassemble certains partis eurosceptiques considérés comme d’extrême droite, comme le Rassemblement national, le Fidesz (le parti du président hongrois Viktor Orbán), Vox (un parti qui prend de plus en plus de poids dans la moitié sud de l’Espagne, notamment à partir de préoccupations liées à l’immigration et au catalanisme), le FPÖ autrichien ou encore le PVV néerlandais.
  • Tout à droite de l’échiquier politique, le Groupe « L’Europe des nations souveraines » (ENS) inclut le parti allemand AfD (qui rassemble 20 % des suffrages outre-Rhin, est financé par le Kremlin et est accusé de reprendre la rhétorique des nazis), le parti slovaque Republika, ainsi que Sarah Knafo, citoyenne française d’origine marocaine et de confession juive, seule députée Reconquête ! restée fidèle à son mari, Éric Zemmour.

Il faudrait ajouter à ces groupes les députés non-inscrits, qui peuvent représenter des citoyens aux préoccupations minoritaires. Parmi ces 30 législateurs provenant de 11 pays, siègent des représentants des Partis communistes grec et tchèque, du mouvement espagnol Se Acabó La Fiesta (qui entend lutter contre la corruption, la criminalité et la pédophilie au sein du système politique en redonnant le pouvoir aux citoyens), de la Confédération de la Couronne polonaise (parti monarchiste et nationaliste), la députée française Malika Sorel (élue au sein de la liste menée par Jordan Bardella, mais ayant pris ses distances par rapport à certaines orientations du Groupe Patriotes pour l’Europe) ou encore le youtubeur chypriote Fidías Panayiótou, qui a fait campagne au nom de la jeunesse pour défier le système politique actuel, qui veut lever l’interdit des discours de haine en ligne au nom de la liberté d’expression et défend des positions pro-russes. Parmi ces non-alignés, pourraient aussi siéger des défenseurs de causes hétérodoxes, s’ils avaient été élus (en obtenant au moins 5 % des voix), comme des royalistes français, des séparatistes bretons, basques, corses ou catalans, des animalistes, des écologistes de droite ou des promoteurs de l’espéranto comme langue officielle de l’UE. 🌍

En somme, les opinions de tous les citoyens de l’UE sont globalement représentées au sein du PE (ou pourraient l’être), puisque nous avons tous été appelés à voter pour la liste de notre choix, à la proportionnelle, en juin 2024.

Les eurodéputés votent les règlements et les directives.

Les règlements s’appliquent directement aux populations des États membres. Par exemple, le règlement général sur la protection des données (RGPD) s’applique tel quel sur l’ensemble du territoire européen, sans que les parlements nationaux élus démocratiquement ne puissent s’y opposer. ⛔

Quant aux directives, elles fixent des objectifs communs à tous les pays de l’UE, mais laissent une marge de manœuvre aux responsables politiques démocratiquement élus dans les États membres sur la manière dont ces objectifs peuvent être atteints. Par exemple, « la directive européenne dite « directive nitrates » a été adoptée en 1991 pour réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole dans un contexte de contamination significative des eaux de surface et des eaux souterraines […]. La transposition de la directive nitrates en France a mené à l’élaboration d’un Programme d’Action National (PAN), décliné en Programmes d’Action Régionaux (PAR). Ces programmes mettent en place un règlement applicable aux exploitations d’élevage et parcelles cultivées en zones vulnérables autour de huit mesures. Ces mesures obligatoires portent sur la gestion des effluents d’élevage, elles instaurent un principe d’équilibre de la fertilisation que l’on pourrait formuler ainsi : « la bonne dose au bon moment et au bon endroit », elles installent enfin des stratégies d’évitement du lessivage de nitrates avec la mise en place de couverts en inter-culture ou encore de couverts permanents le long des cours d’eau » (source : les services de l’État en Isère). 🐖💧🌱

Toutefois, les législateurs que nous avons élus au suffrage universel direct ne décident pas cela tout seuls. L’initiative du projet de loi vient toujours de la Commission européenne. Une fois qu’il a été débattu, amendé et voté au Parlement européen, le texte législatif doit être approuvé par le Conseil de l’Union européenne. Cela nécessite des négociations et des compromis pour que le texte final soit ratifié et puisse entrer en vigueur.

Voyons maintenant comment sont nommés les décideurs de ces deux autres instances. Ont-ils été désignés conformément aux valeurs démocratiques de l’UE et de ses États membres ou nous sont-ils imposés d’en haut ?

2. La Commission européenne

La Commission se compose de 27 commissaires, chacun étant issu d’un État membre. Si le nombre d’eurodéputés est à peu près proportionnel à la démographie de chaque pays, les 27 sont représentés à part égale au sein du gouvernement de l’UE. 🍰 Néanmoins, ce dernier ne défend pas, en principe, les intérêts et tel État ou de ses citoyens, mais ceux de l’Union dans son ensemble.

Chaque commissaire a la charge d’un dossier particulier. Sous la direction de l’Allemande Ursula von der Leyen, le collège des commissaires travaille main dans la main, chacun selon sa compétence. Par exemple, le Français Stéphane Séjourné s’occupe de la Prospérité et de la stratégie industrielle. Au début de l’été 2025, alors que le risque de guerre commerciale faisait rage avec l’administration Trump, il négociait un accord avec son homologue canadienne. La commissaire croate Dubravka Šuica se charge des questions méditerranéennes, en cohérence avec la position géographique de son pays d’origine. 🚤 Cela inclut le développement économique de la région (y compris en matière d’énergies renouvelables), la gestion des flux migratoires (en collaboration avec l’agence FRONTEX, qui protège les frontières extérieures de l’UE) et une partie de la diplomatie avec les États d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le Lituanien Andrius Kubilius, quant à lui, se charge de la défense et du secteur spatial, un portefeuille clé dans l’Europe de ces derniers mois. Les commissaires sont issus de plusieurs familles politiques représentées au Parlement. À l’heure où cet article est publié, la CE se compose de 12 membres issus du PPE, de 5 centristes, de 4 socialistes, d’1 commissaire affilié au groupe CRE et de 5 indépendants.

Les membres de la Commission européenne sont proposés par le Conseil européen, dont tous les membres ont été démocratiquement élus (au suffrage universel direct ou indirect, selon la constitution de chacun des 27 pays représentés). Une fois cette équipe désignée, elle doit être approuvée par le Parlement européen, qui est donc élu au suffrage universel direct. Les eurodéputés peuvent aussi pousser la Commission à démissionner, s’ils votent une motion de censure.

La Commission dispose du pouvoir exécutif de l’UE. Elle veille à l’application des règlements, directives et traités internationaux. Elle négocie les traités avec d’autres blocs, comme l’accord douanier qui a été annoncé avec l’administration Trump au milieu de cet été. 🍔 Néanmoins, ces textes juridiquement contraignants sont soumis au vote du Parlement européen avant de pouvoir entrer en vigueur.

3. Le Conseil européen

Cette institution se compose des chefs d’État ou de gouvernement des différents États membres. Tous ont été élus démocratiquement, au suffrage universel direct ou indirect. La France est représentée par notre chef d’État (actuellement Emmanuel Macron), élu au suffrage universel direct. En Espagne, comme le chef d’État est un roi qui n’a pas été désigné par son peuple, la personne qui représente les intérêts espagnols au sein du Conseil européen est le chef du gouvernement (actuellement Pedro Sánchez), élu au suffrage universel indirect, par des parlementaires élus à la proportionnelle. 👑

Voici comment Vie Publique (un site officiel de la République française) explicite le rôle du Conseil européen :

Le Conseil européen définit les orientations politiques générales de l’UE. Dans ce cadre, il rend des conclusions qui pourront être ou non suivies par les autres institutions (Parlement européen, Conseil de l’Union européenne, Commission). Il n’exerce pas de fonction législative.

Le Conseil européen se réunit au moins deux fois par semestre sur convocation de son président, qui peut également organiser des réunions extraordinaires. Depuis l’élargissement du 1er mai 2004, toutes les réunions ont lieu à Bruxelles, à l’exception des réunions informelles.

Le Conseil européen ne doit pas être confondu :

  • avec le Conseil (ou Conseil des ministres ou Conseil de l’Union européenne) qui réunit les ministres de l’UE ;
  • avec le Conseil de l’Europe qui est une organisation distincte de l’Union européenne.

Un site officiel de l’UE apporte quelques précisions plus concrètes en la matière :

  • Il décide des grandes orientations et priorités politiques de l’UE, mais n’adopte pas d’actes législatifs.
  • Il traite les questions complexes ou sensibles qui ne peuvent être résolues à un niveau inférieur de coopération intergouvernementale.
  • Il fixe la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE, en tenant compte des intérêts stratégiques de l’Union et de ses implications en matière de défense.
  • Il désigne et nomme les candidats à certaines hautes fonctions de l’UE, comme la présidence de la Banque centrale européenne et de la Commission.

Sur chaque question, le Conseil européen peut :

Veuillez noter que cette institution de l’UE est intergouvernementale, et non supranationale (comme c’est le cas pour les 6 autres).

4. Le Conseil de l’Union européenne (ou « Conseil »)

Il se compose des ministres des gouvernements des États membres, qui représentent les intérêts de ces derniers (contrairement au PE, qui représente les citoyens). Les membres du Conseil sont donc, en principe, nommés en fonction du suffrage universel indirect (NDLR : cette expression est de moi et n’engage que moi), puisque chaque gouvernement est censé se conformer à la composition du parlement de l’État membre concerné. À l’heure où j’écris ces lignes, en France, les choses sont un peu plus compliquées que cela, mais l’Assemblée nationale a le pouvoir de faire tomber François Bayrou et son équipe par le biais d’une motion de censure.

Le Conseil européen réunit les ministres compétents en fonction des questions à l’ordre du jour. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’adopter une position commune quant à la guerre en Ukraine ou au Proche-Orient, les ministres des Affaires étrangères des 27 sont réunis autour de la commissaire en charge de ces questions, à savoir la centriste Kaja Kallas. Cette ancienne première ministre estonienne occupe le poste de Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ce qui implique qu’elle est aussi Vice-présidente de la Commission européenne. 🥈 Lorsqu’il s’agit de réformer la PAC, les ministres de l’agriculture des différents États membres se réunissent pour se mettre d’accord, de manière collégiale, sur la position à adopter.

Avec le Parlement européen, le Conseil de l’UE dispose du pouvoir législatif de l’Union européenne. Lorsqu’une directive ou un règlement est voté au Parlement, il est aussi soumis au vote du Conseil. Ce dernier représente les États membres, tandis que les eurodéputés représentent leurs citoyens. Au terme de négociations, de concessions et de compromis, le texte final peut être ratifié et entrer en vigueur.

5. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)

Le rôle de cette institution est de s’assurer que le droit européen est interprété et appliqué de la même manière au sein de chaque État membre. ⚖ La Cour de justice de l’Union européenne a aussi pour mission de s’assurer que les pays et les institutions de l’UE se conforment au droit européen.

Cette instance judiciaire est indépendante, en vertu du principe démocratique de séparation des pouvoirs, élaboré au Siècle des Lumières par le philosophe Montesquieu.

Siégeant au Luxembourg, elle se compose de deux juridictions, à savoir :

  • La Cour de justice (qui se compose de 27 juges – soit 1 issu de chaque État membre + 11 avocats généraux)
  • Le Tribunal (qui se compose de 54 juges – soit 2 issus de chaque État membre).

Les juges et avocats généraux sont nommés par le Conseil de l’UE (donc des ministres en principe nommés conformément à la majorité élue au suffrage universel). Dans ce communiqué de presse consultable sur le site officiel du Conseil, on peut lire les conditions de nomination de 9 magistrats il y a presqu’un an :

Les juges et les avocats généraux sont nommés d’un commun accord par les gouvernements des États membres, après consultation d’un comité chargé de donner un avis sur l’adéquation des candidats à l’exercice des fonctions en question. Ils sont choisis parmi des personnes offrant toutes garanties d’indépendance.

Pour être nommés à la Cour de justice, les candidats doivent réunir les conditions requises pour l’exercice, dans leurs pays respectifs, des plus hautes fonctions juridictionnelles, ou être des jurisconsultes possédant des compétences notoires.

Pour être nommés au Tribunal, les candidats doivent posséder la capacité requise pour l’exercice de hautes fonctions juridictionnelles.

Si vous souhaitez en savoir plus sur cette institution judiciaire, veuillez consulter ce lien (en anglais) ou le site officiel de la CJUE (en français).

6. La Cour des comptes européenne (CCE)

Voici ce que l’on peut lire sur le site officiel de cette institution de l’Union européenne dont le rôle est de « [veiller] à la perception et à l’utilisation correctes des fonds de l’UE et [de contribuer] à améliorer la gestion financière de l’Union. » :

En tant qu’auditeur externe indépendant établi à Luxembourg, la Cour des comptes européenne veille aux intérêts des contribuables européens. Bien qu’elle ne dispose d’aucun pouvoir juridique, elle a pour mission d’améliorer la gestion du budget de l’UE par la Commission européenne et de rendre compte de la situation financière de l’Union en général.

Que fait la Cour des comptes ?

  • Elle contrôle les recettes et dépenses de l’UE afin de vérifier que les fonds sont correctement collectés et dépensés, qu’ils sont investis de manière à produire de la valeur ajoutée et qu’ils ont été comptabilisés.
  • Elle contrôle les personnes et les organisations qui gèrent des fonds de l’UE, y compris au moyen de contrôles aléatoires dans les institutions européennes (notamment la Commission), les États membres et les pays recevant des aides de l’UE.
  • Elle consigne ses constatations et ses recommandations dans des rapports d’audit destinés à la Commission européenne et aux États membres.
  • Elle rapporte les soupçons de fraude, de corruption ou d’autres activités illégales à l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).
  • Elle envoie un rapport annuel au Parlement européen et au Conseil de l’UE. Le Parlement décide, après l’avoir examiné, s’il approuve la gestion du budget de l’UE par la Commission.
  • Elle publie des avis préparés par des experts afin d’aider les responsables politiques à mieux gérer les fonds et à en rendre compte aux citoyens européens.

Elle publie également des avis sur les actes législatifs préparatoires qui auront une incidence sur la gestion financière de l’UE, ainsi que des documents de position, des analyses et d’autres publications sur les finances publiques de l’UE.

Pour être efficace, la Cour doit être indépendante vis-à-vis des institutions et des organes qu’elle contrôle. Elle est donc libre de décider :

  • ce qu’elle contrôle ;
  • comment elle effectue le contrôle ;
  • comment et quand elle présente ses conclusions.

Les travaux d’audit de la Cour visent principalement la Commission européenne, qui est le principal organe chargé de l’exécution du budget de l’UE. Mais la Cour travaille également en étroite collaboration avec les autorités nationales, car la Commission gère avec elles la plus grande partie des fonds de l’UE (environ 80 %).

Composition

Les membres de la Cour sont désignés par le Conseil, après consultation du Parlement, pour un mandat renouvelable de six ans. Ils choisissent parmi eux un(e) président(e) pour un mandat de trois ans, également renouvelable.

Ce sont donc les ministres des États membres, nommés sous contrôle démocratique, qui désignent les responsables de la CCE. Le Parlement européen, élu au suffrage universel direct, peut approuver ou non ces nominations.

Veuillez noter que cette juridiction ne condamne pas les responsables politiques ayant agi de manière malhonnête. Elle transmet ses rapports aux tribunaux nationaux, qui jugent les accusés conformément aux procédures équitables en vigueur dans les différents États membres. Ainsi, après que la CCE a prouvé que le MoDem a détourné 300 000 € et le FN-RN, au moins 4 millions d’euros, leurs responsables ont été traduits en justice devant le Tribunal judiciaire de Paris.

7. La Banque centrale européenne (BCE)

Le président ou la présidente de la BCE est désigné(e) par le Conseil européen, dont tous les membres ont été élus de manière démocratique. 💶

Comme toute banque centrale, cette institution est indépendante du pouvoir politique. Sa mission est de veiller à la stabilité des prix au sein de la zone euro. Elle fixe les taux directeurs, auxquelles les banques privées lui empruntent la monnaie créée. C’est sur cette base que ces dernières fixent les taux d’intérêts, qui orientent l’inflation à la hausse ou à la baisse. La BCE cherche à maintenir la montée des prix autour de 2 % par an, pour éviter les écueils de la déflation et de l’hyperinflation. 📉📈

L’institution européenne sise à Francfort travaille en collaboration avec les banques centrales nationales, au sein d’une organisation nommée « Eurosystème ». Eh non, la Banque de France n’a pas disparu avec le franc ! Elle participe même à certaines décisions collégiales relatives à la politique monétaire décentralisée menée au sein de la zone euro (plus d’informations sur ce lien). La France a donc gardé une part de souveraineté en la matière. En revanche, la Communauté financière africaine n’en dispose pas, puisque le cours du franc CFA est indexé sur l’euro. La politique monétaire de l’Afrique francophone est donc décidée à Francfort, ce qui pose question…


Au-delà de ces 7 institutions européennes reconnues par le Traité de Lisbonne, d’autres instances officielles entendent représenter les acteurs de terrain qui agissent au service des citoyens, à l’échelle locale et/ou nationale. Je vais vous donner deux exemples. À vous de juger si vous vous sentez représentés par ces responsables et si leur nomination vous semble démocratique. 🗳

Le Comité économique et social européen (CESE) est un organe consultatif de l’Union européenne ayant son siège à Bruxelles. Il se compose de 329 membres. Sa consultation est obligatoire dans les domaines fixés par les traités et facultative pour les autres domaines ; il peut être consulté par la Commission, le Conseil ou le Parlement. Le CESE peut également émettre des avis de sa propre initiative. Ses membres ne sont liés par aucun mandat. Ils exercent leurs fonctions en toute indépendance, dans l’intérêt général de l’Union (source : site officiel du Parlement européen).

Voici comment sont désignés ses membres :

A. Nombre et répartition nationale des sièges (article 301 du traité FUE et décision (UE) 2019/853 du Conseil arrêtant la composition du Comité économique et social européen).

Le CESE se compose actuellement de 329 membres, répartis entre les États membres comme suit :

  1. 24 pour l’Allemagne, la France et l’Italie ;
  2. 21 pour l’Espagne et la Pologne ;
  3. 15 pour la Roumanie ;
  4. 12 pour l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la Tchéquie, la Grèce, la Hongrie, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède ;
  5. 9 pour la Croatie, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, la Lituanie et la Slovaquie ;
  6. 7 pour l’Estonie, la Lettonie et la Slovénie ;
  7. 6 pour le Luxembourg et Chypre ;
  8. 5 pour Malte.

Le CESE est passé de 350 à 329 membres le 1er février 2020, à la suite du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne […].

Les membres du CESE sont nommés par le Conseil à la majorité qualifiée, sur la base de propositions présentées par les États membres (comme dans cet exemple). Le Conseil consulte la Commission sur ces nominations (article 302, paragraphe 2, du traité FUE). Les États membres doivent assurer une représentation adéquate des différentes catégories de la vie économique et sociale. En pratique, les sièges sont répartis par tiers entre les employeurs, les salariés et les autres groupes (agriculteurs, commerçants, professions libérales, consommateurs, etc.). Source : site officiel du Parlement européen.

En somme, les travailleurs siégeant au CESE sont représentatifs du monde économique au sein de l’Union européenne, puisque toutes les catégories socio-professionnelles y sont représentées et puisque le nombre de membres par pays est cohérent avec la part que représente ces derniers au sein de l’ensemble de la population européenne. Ils sont désignés par le Conseil de l’UE, qui, rappelons-le, se compose des ministres nationaux, en principe légitimes sur le plan démocratique. Son rôle est consultatif, donc les avis du CESE peuvent éclairer les eurodéputés, mais ceux-ci sont libres de les prendre en compte ou non au moment du vote. 👨‍🌾👩‍🍳👷‍♂️👩‍🔬👩‍💼👨‍🚀

Le second organe que je souhaite vous présenter est le Comité européen des régions (CdR). Il s’agit de « l’organe de consultation et de représentation des Régions et des Villes de l’Union européenne. Il est le porte-parole des territoires auprès de la Commission européenne et du Conseil, auxquels il adresse des avis » (source : Toute l’Europe).

L’assemblée du CdR compte actuellement 329 membres (et autant de membres suppléants) issus des 27 pays de l’UE. Tous sont nommés par le Conseil, sur proposition des Etats membres, pour un mandat de cinq ans.

Le Conseil adopte la liste des membres et des suppléants conformément aux propositions faites par chacun des Etats membres. Pour appartenir au Comité, il est toujours nécessaire de détenir un mandat électoral au sein d’une collectivité régionale ou locale, ou d’être politiquement responsable devant une assemblée élue (source : Toute l’Europe).

En somme, les responsables siégeant au Comité européen des régions sont représentatifs de l’ensemble du territoire de l’Union européenne. Sur le plan démocratique, ils ont tous été élus, donc désignés par les citoyens pour les représenter au sein du monde politique, le plus souvent à l’échelle locale. Ils peuvent donc légitimement porter la voix de leur territoire auprès des institutions européennes. Ils sont désignés par le Conseil de l’UE, qui, rappelons-le, se compose des ministres nationaux, en principe légitimes sur le plan démocratique. Le rôle du CdR est consultatif, donc ses avis peuvent éclairer les eurodéputés, les membres de la Commission européenne ou ceux du Conseil. Néanmoins, ceux-ci sont libres de les prendre en compte ou non au moment de voter ou de prendre une décision. 🏔🏞🏖🏜

Quelles sont les limites de ce système ?

Comme vous avez pu le lire, tout cela est assez complexe et les citoyens européens ont parfois l’impression que Bruxelles est une nébuleuse technocratique, loin de leur vie quotidienne, qui dicte sa loi sans prendre en compte la réalité du terrain. Pourtant, nous avons vu que tous les dirigeants de l’Union européenne sont élus au suffrage universel, qu’il soit direct ou indirect, ou nommés par des personnes élues démocratiquement (ou nommées sous contrôle démocratique). Vous avez le droit de critiquer l’UE et son fonctionnement, mais vous avez aussi le droit et le pouvoir de vous déplacer pour voter aux élections européennes. Si vous êtes contre ce système, vous avez tout à fait le droit de voter pour des partis eurosceptiques, qui porteront votre voix auprès des instances décisionnelles.

En 2005, le projet de Constitution européenne a été rejeté par référendum par les peuples français et néerlandais. 🗳 Toutefois, en 2009, le Traité de Lisbonne est entré en vigueur sans avoir été expressément soumis au vote des citoyens. Comme il reprend en grande partie le texte de la Constitution européenne, nous pourrions accuser nos dirigeants d’alors de nous l’avoir imposé au mépris d’une décision démocratique. Cependant, le Traité de Lisbonne améliore la démocratie au sein de l’UE. Il donne notamment un rôle plus important au Parlement, élu au suffrage universel direct et à la proportionnelle. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter cet article. Si, après l’avoir lui, vous estimez toujours que ce texte est antidémocratique, je vous invite à exprimer votre point de vue en commentaire. 🙂

Une autre limite souvent citée est le lobbying auprès des décideurs. Plus de 12000 organisations gravitent autour des eurodéputés pour les inciter à défendre leurs intérêts. Un gros quart sont des ONG, des plateformes et des réseaux, mais on y trouve aussi des entreprises (dont les GAFAM), des associations commerciales et entrepreneuriales, des syndicats, des think tanks et des instituts de recherche. Les lobbyistes mettent plus ou moins de moyens pour séduire nos parlementaires démocratiquement élus et influencer leur vote. Toutes les statistiques relatives à ces questions sont disponibles sur ce lien. En effet, si ce phénomène encourage la corruption, une certaine transparence est exigée. En principe, ces lobbies ont l’obligation de s’inscrire dans un Registre de transparence[1] où ils déclarent qui ils sont et quels sont leurs objectifs. 🎯

Comme tout système politique, l’Union européenne est entachée par des affaires de corruption et de détournement de fonds. Le scandale du Qatargate a impliqué certains élus, notamment socialistes. Plus d’un million et demi d’euros en liquide, principalement en provenance du Qatar, ont été retrouvés chez ces responsables occupant des postes clés. Cet argent provenait d’un lobbyiste qui ne figurait pas au registre de transparence. L’objectif était de défendre les intérêts de cet État du Golfe, ce qui constitue une tentative d’ingérence. Notons que cette affaire n’a touché que le Parlement européen. En effet, la Commission européenne dispose de règles de déontologie beaucoup plus strictes et les commissaires sont plus hermétiques à la corruption. Bien évidemment, la présidente du PE a réagi. Les eurodéputés impliqués dans ce scandale ont été sanctionnés, les règles de transparence ont été durcies et tous les lobbyistes défendant les intérêts du Qatar ont été bannis du Parlement. ⛔

Après la crise de la COVID-19, le plan de relance NextGenerationEU vise à restimuler l’investissement en Europe, notamment pour faire face aux concurrences étasunienne et chinoise, dans une logique de compétitivité verte. Cette vidéo montre comment des millions d’euros ont été détournés par des politiciens et des chefs d’entreprise pour financer, entre autres, des yachts et des saunas. Néanmoins, toute suspicion de fraude peut être signalée par les États membres aux autorités compétentes, comme l’OLAF et l’EPPO. 🕵️‍♂️

Enfin, comme tout système démocratique, l’Union européenne peut subir des dérives totalitaires. Actuellement, un projet législatif très controversé est sur la table. J’en suis informé par EU Made simple et El Viejo Continente, deux chaînes YouTube très sérieuses, que je suis avec assiduité depuis quelques mois pour préparer un concours de recrutement pour un poste au sein de la fonction publique européenne. 🌍 Ces canaux informent et analysent sans parti pris, excepté avec des prises de position europhiles et non eurosceptiques. Dans cette vidéo (en anglais) et cette vidéo (en espagnol), les deux youtubeurs spécialistes de l’Union européenne mettent en garde leurs abonnés et tout citoyen européen contre le projet de règlement présenté par la Commission et connu sous le nom de ChatControl 2.0. Ce texte, qui s’appliquerait donc tel quel dans tous les États membres s’il était ratifié, vise à protéger les mineurs contre la pédopornographie. 👮‍♂️ Bien sûr, il est indispensable de combattre et d’anéantir cette forme de criminalité ! Mais, à ces fins, ce projet de règlement entend décrypter les messageries privées chiffrées de bout en bout de tous les internautes du territoire européen. 🔓 Ainsi, une IA pourra y scanner tous les conversations, toutes les images et toutes les pièces jointes, en vue de détecter tout ce qui est potentiellement illégal. Des tests ont déjà été effectués et certaines personnes soupçonnées étaient des innocents qui échangeaient en toute légalité des photos et des écrits intimes, voire des private jokes. Par ailleurs, si une faille est créée dans le chiffrage pour que les autorités agréées puissent y accéder, cela permettrait d’espionner les opposants politiques. De même, toute personne disposant de la clé pourrait accéder à une conversation privée, y compris des hackers souhaitant pirater vos données médicales ou vos coordonnées bancaires. 🦠💳 Cette règle de scannage ne s’appliquerait pas aux responsables politiques, aux militaires et aux agents des forces de l’ordre, comme si ces personnes-là étaient exemptes de tout soupçon… Sur le plan démocratique, ce projet de règlement contrevient à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, dont les articles 7 et 8 disposent que toute personne a droit au respect de la vie privée et familiale, ainsi qu’à la protection des données à caractère personnel. 🛡 En outre, si les citoyens européens se savent espionnés, ils n’oseront plus s’exprimer par écrit en privé, donc le débat public peut s’appauvrir, ce qui est nuisible à tout esprit démocratique. Enfin, l’efficacité de ce système est contestée, y compris par des experts de l’ONU, car cela alourdirait la charge de travail de la police, notamment par l’encombrement provoqué par les fausses pistes. Or, dans le cas d’abus sur mineur ou de préméditation d’attentats, il faut agir vite. ⚡ D’autres arguments sont développés par les deux youtubeurs susmentionnés, dont je vous invite à regarder les vidéos. Si vous le souhaitez, je peux chercher des sources équivalentes en français. Quoi qu’il en soit, ces deux influenceurs nous encouragent à interpeller nos députés européens pour qu’ils s’opposent au projet de règlement. ✋ J’ai visionné de nombreuses vidéos de leurs chaînes respectives (surtout d’El Viejo Continente) et c’est la première fois que je les vois prendre position au point de nous exhorter à écrire à nos parlementaires. Nous pouvons le faire à travers la plateforme Fight Chat Control. Bien sûr, je relaye ce point de vue qui me semble défendre le modèle démocratique européen, mais vous avez tout à fait le droit de penser autrement. Si vous êtes favorables à ce projet législatif (notamment après vous être informés sur d’autres sources), n’hésitez pas à nous faire part de votre opinion et de vos arguments en commentaire… 👇

Quelques concepts à élucider

Concernant la souveraineté, il est vrai que cette dernière est partiellement déléguée par les États membres à l’Union européenne. Néanmoins, nos dirigeants l’ont fait de leur plein gré, avec le mandat que leur avait donné le peuple par la voie des urnes. D’ailleurs, en France, le traité de Maastricht a été approuvé par référendum en 1992. Il est entré en vigueur en 1993, après avoir été ratifié par les institutions démocratiques de tous les États membres. ✍ De surcroît, Bruxelles ne gère que ce qui relève de sa compétence, en vertu du principe de subsidiarité. Ainsi, certains domaines sont gérés à l’échelle européenne. Ces compétences dites exclusives sont :

  • l’union douanière,
  • l’établissement de règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur,
  • la politique monétaire pour les pays de la zone euro,
  • la conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche et
  • la politique commerciale commune.

En effet, il est logique que la politique monétaire soit gérée à l’échelle de la zone euro, que les règles de concurrence soient les mêmes dans l’ensemble du marché intérieur et que les pêcheurs de toutes les nationalités de l’UE, qui sont autorisés à pêcher dans la zone économique exclusive de tous les États membres, aient les mêmes droits et les mêmes devoirs. 💶🐟

Les compétences partagées sont définies par l’article 4 du TFUE. « L’UE et ses États membres sont en mesure de légiférer et d’adopter des actes juridiquement contraignants. Cependant, les États membres ne peuvent exercer leur compétence que dans la mesure où l’UE n’a pas exercé ou a décidé de ne pas exercer la sienne. La compétence partagée entre l’UE et ses États membres s’applique aux domaines suivants :

  • le marché intérieur ;
  • la politique sociale (pour les aspects définis de façon précise dans le traité exclusivement) ;
  • la cohésion économique, sociale et territoriale (politique régionale) ;
  • l’agriculture et la pêche (à l’exclusion de la conservation des ressources biologiques de la mer) ;
  • l’environnement ;
  • la protection des consommateurs ;
  • le transport ;
  • les réseaux transeuropéens ;
  • l’énergie ;
  • l’espace de liberté, de sécurité et de justice ;
  • les enjeux communs de sécurité en matière de santé publique (pour les aspects définis dans le TFUE uniquement) ;
  • la recherche, le développement technologique et l’espace ;
  • la coopération au développement et l’aide humanitaire. »

En effet, les défis environnementaux se jouent à l’échelle globale et locale. 🌱🌍 Elle nécessite donc une coopération entre l’échelon local, régional, national et supranational. Concernant les enjeux communs de sécurité en matière de santé publique, l’Union européenne a prêté des fonds très importants aux États membres pour qu’ils puissent faire face à la pandémie de COVID-19, ce qui a permis de nombreuses mesures phares, du chômage partiel aux campagnes de vaccination (même si ces dernières restent controversées). En revanche, chaque État membre a mis en place sa propre politique de protection collective contre le coronavirus. Par exemple, lorsque la France mettait en place de deuxième confinement, l’Espagne laissait les bars ouverts en demandant l’application des gestes barrière et n’appliquant le couvre-feu qu’à partir de 22h. En effet, une grande partie de l’économie espagnole repose sur le secteur de la restauration et la culture de ce pays est intimement liée à la fête et aux sorties. 🎊🥤🥂

Enfin, les compétences d’appui relèvent uniquement des États membres quant à la réglementation et à la mise en œuvre de cette dernière. L’UE peut soutenir certaines politiques, mais laissera toute leur souveraineté aux États membres dans les domaines suivants :

  • la protection et l’amélioration de la santé humaine ;
  • l’industrie ;
  • la culture ;
  • le tourisme ;
  • l’éducation, la formation professionnelle, la jeunesse et le sport ;
  • la protection civile ;
  • la coopération administrative.

Ainsi, en vertu de l’article 6 du TFUE, l’Union européenne n’a pas le droit d’obliger un État membre à légaliser l’avortement, l’euthanasie ou le suicide assisté. Ces décisions reviennent au peuple et à leurs élus nationaux. 🗳

En démocratie, la transparence est importante. Les citoyens ont le droit d’être informés pour voter librement et les élus à qui ils ont confié un mandat doivent leur rendre des comptes. À ce titre, l’Union européenne peut mieux faire, car certaines décisions importantes sont prises à huis clos. C’est notamment le cas de la nomination des futurs membres de la Commission par le Conseil européen. En revanche, chaque session plénière du Parlement européen est retransmise en direct et chaque intervention des eurodéputés est interprétée en simultané dans les 24 langues officielles de l’UE. 🌍 De même, toute la législation européenne est traduite dans ces mêmes idiomes et disponible sur ce lien. Enfin, les procédures de la Cour de justice de l’Union européenne peuvent, elles aussi, être menées dans toutes ces langues, notamment pour que les justiciables et la partie défenderesse puissent comprendre l’ensemble du procès, y compris avec ses nuances.

Pour conclure cet exposé sur le fonctionnement des institutions de l’Union européenne, je vous propose une approche ludique et humoristique. Je vous invite à visionner la série Parlement, de France Télévision, qui est très bien faite. 🎥 C’est certes assez orienté à gauche, mais cela permet de comprendre le fonctionnement et les limites du système démocratique européen.

Conclusion

En somme, l’Union européenne est-elle démocratique ? Après avoir lu cet article, je vous laisse juge en la matière. À titre personnel, je dirais qu’elle l’est, mais qu’elle ne l’est pas parfaitement, comme tout système démocratique. 🗳 Néanmoins, vous et moi avons le pouvoir de changer les choses…

Comment nous, citoyens, nous pouvons agir pour porter notre voix auprès de l’UE ? Par les urnes, nous pouvons déjà :

  • Voter aux élections européennes, pour décider qui siège au Parlement et, indirectement, à la Commission.
  • Voter aux élections nationales, puisque cela influe directement ou indirectement sur la composition du Conseil européen et du Conseil de l’UE, mais également sur la nomination des membres de la Commission et des autres institutions de l’Union européenne.

Depuis 2012, « l’initiative citoyenne européenne (ICE) permet aux citoyens européens d’appeler la Commission européenne à proposer de nouvelles législations sur un sujet donné dès qu’un million de signatures [est récolté] », d’après cette source. 😀 Les conditions à remplir sont les suivantes :

  • recueillir au moins un million de signatures de ressortissants d’un nombre significatif d’États membres, seuls les citoyens européens étant ainsi comptabilisés ;
  • concerner un domaine relevant de la compétence de la Commission européenne ;
  • porter sur une question pour laquelle les signataires estiment qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application des traités.

Par ce biais, vous pouvez donc agir en tant que citoyen et défendre les causes qui vous importent, en lien avec les associations qui les défendent et les promeuvent. Néanmoins, la Commission est libre d’y donner suite ou non. Le collectif One of us a été l’un des premiers à réunir un nombre de signatures suffisant et à les déposer auprès de la Commission européenne. Cette dernière explique sur cette page pourquoi elle n’a pas demandé au Parlement et au Conseil de légiférer à partir de cette ICE. 📜

Enfin, si nous en avons la possibilité, nous pouvons soutenir financièrement les lobbies qui défendent les causes qui nous importent. Souvent, ce sont les grosses entreprises qui disposent des plus gros moyens. Elles défendent leurs intérêts, se cachant souvent derrière les emplois créés par leur activité. Cela est louable, mais voulons-nous sacrifier aux intérêts économiques des vies humaines et notre environnement ? Nous pouvons donc soutenir des ONG, qui défendent, par exemple, les droits humains, la paix, nos propres convictions politiques ou religieuses, des causes écologiques ou tout combat qui nous tient à cœur. 💓

Et vous, que pensez-vous de tout cela ? Pour vous, l’Union européenne est-elle assez démocratique ? Devrait-elle l’être davantage ? Qu’êtes-vous prêt à faire pour améliorer les choses ? N’hésitez pas à partager vos idées, quelles qu’elles soient, en commentaire ! 😊

Jean O’Creisren


[1] Malheureusement, à l’heure où je publie ces lignes, la plateforme est indisponible, sans doute car elle est en maintenance. Elle était accessible il y a quelques semaines. Je mettrai à jour le lien dès que ce sera possible. Si j’oublie, n’hésitez pas à me le signaler en commentaire.


Sitographie non exhaustive

Aldecoa Luzarraga, F. (2020). Cómo superar el bloqueo en el Consejo Europeo. infoLibre. https://www.infolibre.es/opinion/plaza-publica/superar-bloqueo-consejo-europeo_1_1181812.html

[NB : cet article relate un événement qui rejoint tout à fait l’intrigue de la saison 4 de la série Parlement ; peut-être ces faits l’ont-ils même inspirée…]

ARTE (22 août 2025). UE : Où sont passés les millions ? | ARTE Europe l’Hebdo [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=PVAsTVVMwPg

ARTE Europa Semanal (6 juin 2025). Dieselgate: el escándalo que mancha Europa [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=Vkov73n87YI

ARTE Europa Semanal (22 août 2025). Fondos europeos: ¿fraude a gran escala? [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=aS9yABcKKSQ

Avril, P. (2024). Collusion avec la Russie : l’AFD se fait étriller au Bundestag. Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/international/collusion-avec-la-russie-l-afd-se-fait-etriller-au-bundestag-20240411

Banque centrale européenne | Eurosystème. (2025). La mission de l’Eurosystème. https://www.ecb.europa.eu/ecb/orga/escb/eurosystem-mission/html/index.fr.html

Comité européen des régions. (Date inconnue). Page d’accueil. https://cor.europa.eu/fr

Conseil européen / Conseil de l’Union européenne (Dernier réexamen : 15 janvier 2025). Cour de justice de l’Union européenne: les représentants des États membres nomment neuf juges et un avocat général. https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2024/10/02/court-of-justice-of-the-european-union-member-states-representatives-appoint-nine-judges-and-an-advocate-general/

Consejo Europeo / Consejo de la Unión Europea. (Dernière mise à jour : 14 juillet 2025). Cometido del Consejo Europeo en propuestas y nombramientos. https://www.consilium.europa.eu/es/european-council/role-nominations-appointment/

Consejo Europeo / Consejo de la Unión Europea. (Dernière mise à jour : 11 janvier 2024). Sistema de votación: ¿Cómo vota el Consejo? https://www.consilium.europa.eu/es/council-eu/voting-system/

Consejo Europeo / Consejo de la Unión Europea. (Dernière mise à jour : 8 février 2024). Unanimidad. https://www.consilium.europa.eu/es/council-eu/voting-system/unanimity/

El Viejo continente (18 avril 2020). 5 CLAVES para ENTENDER la UNIÓN EUROPEA [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=6DiYB3yWqAg

El Viejo continente (19 août 2025). ChatControl: ¿Fin a la LIBERTAD de EXPRESIÓN en la UNIÓN EUROPEA? [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=DAcwoq_NRx0

EU Made Simple (26 août 2025). Chat Control Explained – The EU’s Plan to Read YOUR Messages [Vidéo]. YouTube. https://youtu.be/xPC56I1nLH0?si=369bMtt4zmEDXNsR

EU Made Simple (20 décembre 2022). Is Qatar BRIBING the EU? #Qatargate [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=xrNcJyrrvQQ

European Commission. (Dernière mise à jour : 16 juillet 2025). Andrius Kubilius. https://commission.europa.eu/about/organisation/college-commissioners/andrius-kubilius_en

European Commission. (Dernière mise à jour : 25 août 2025). Dubravka Šuica. https://commission.europa.eu/about/organisation/college-commissioners/dubravka-suica_en

European Commission. (Date inconnue). Kaja Kallas. https://commission.europa.eu/about/organisation/college-commissioners/kaja-kallas_en

European Public Prosecutor’s Office (EPPO). (Date inconnue). Structure et caractéristiques. https://www.eppo.europa.eu/fr/structure-et-caracteristiques

European Union. (Date inconnue). Court of Justice of the European Union (CJEU). https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/institutions-and-bodies/search-all-eu-institutions-and-bodies/court-justice-european-union-cjeu_en

European Union. (Date inconnue). European Court of Auditors (ECA). https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/institutions-and-bodies/search-all-eu-institutions-and-bodies/european-court-auditors-eca_en

Fight Chat Control. (2025). L’UE veut (encore) scanner vos messages privés et photos. https://fightchatcontrol.eu/

FRANCE 24 (17 décembre 2022). « Qatargate » : jusqu’où l’Europe s’est-elle vendue ? [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=HZEd6H89Eoo&t=120s

Journal officiel de l’Union européenne. (26 octobre 2012). CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX DE L’UNION EUROPÉENNE (2012/C 326/02). https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:12012P/TXT

Ledroit, V. (Article mis à jour le 1er août 2025). Les groupes du Parlement européen : les non inscrits (NI). Toute l’Europe. https://www.touteleurope.eu/institutions/les-groupes-du-parlement-europeen-les-non-inscrits-ni/

L’esprit critique (4 avril 2025). L’inéligibilité : Analyse [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=ZxV1B1WgVUo

Les services de l’État en Isère. (Date inconnue). Directive nitrates. https://www.isere.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Environnement/Politique-et-enjeux-de-l-Eau/Gestion-des-effluents/Directive-nitrates

Maciejewski, M., Udo Bux, U. et Massay-Kosubek, K. (Article mis à jour en mai 2025). Le Comité économique et social européen. Parlement européen : Fiches thématiques sur l’Union européenne. https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/15/spain

Office européen de lutte antifraude (OLAF). (Dernière actualité : 31 juillet 2025). European Anti-Fraud Office. https://anti-fraud.ec.europa.eu/index_fr

One of Us. (Dernière publication sur le site : 6 octobre 2023). Qui sommes-nous ?https://oneofus.study/qui-sommes-nous/

Palacin, H. et Bachler, E. (Mis à jour le 11 avril 2025). Qu’est-ce qu’une initiative citoyenne européenne ? Toute l’Europe : Comprendre l’Europe. https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/qu-est-ce-qu-une-initiative-citoyenne-europeenne/

[NB : l’objet de l’initiative citoyenne européenne « One of Us » telle que formulée sur ce site de vulgarisation est inexacte. La page y afférente du site de la Commission européenne, référencée ci-avant, est plus fiable en la matière.]

Parlement européen. (Date inconnue). Les groupes politiques du Parlement européen. https://www.europarl.europa.eu/about-parliament/fr/organisation-and-rules/organisation/political-groups

(+ page officielle de chacun des groupes politiques du PE et de différents partis mentionnés ou non dans l’article « L’Union européenne est-elle démocratique ? » Comme je ne soutiens pas toutes ces formations, je n’ai aucune envie d’améliorer le référencement de leur site en plaçant un lien y afférent sur mon blog)

Parlement européen. (Date de publication : 09-01-2018 ; Date de dernière mise à jour : 10-06-2021 – 22:48). Registre de transparence : Qui sont les lobbyistes auprès de l’UE ? (Infographie). https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20180108STO91215/qui-sont-les-lobbyistes-aupres-de-l-ue-infographie

POLITICO Europe (15 décembre 2022). Qatargate: How the key players are connected | POLITICO [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=jZRg5y6AQR0

République française. (Dernière modification : 20 mars 2023). Qu’est-ce que le Conseil européen ? https://www.vie-publique.fr/fiches/20336-quest-ce-que-le-conseil-europeen

Syndicatho. (2025). Le principe de subsidiarité. https://syndicatho.org/la-doctrine-sociale-de-leglise/principes-de-la-doctrine-sociale-de-leglise/principe-de-subsidiarite/

Unión Europea. (Date inconnue, mais source intéressante pour le défi à relever). Buscar todas las instituciones y órganos de la UE. https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/institutions-and-bodies/search-all-eu-institutions-and-bodies_es

Unión Europea. (Date inconnue). Elecciones y nombramientos en las instituciones de la UE. https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/leadership/elections-and-appointments_es

Union européenne (Date inconnue). Conseil européen. https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/institutions-and-bodies/search-all-eu-institutions-and-bodies/european-council_fr

Union européenne (Date inconnue). Forum de l’initiative citoyenne européenne : One of Us. https://citizens-initiative-forum.europa.eu/document/one-us_fr

Union européenne (Date inconnue). NextGenerationEU: pour une Europe plus forte et plus résiliente. https://next-generation-eu.europa.eu/index_fr

Versión consolidada del Tratado de funcionamiento de la Unión Europea (2012). https://eur-lex.europa.eu/legal-content/ES/TXT/PDF/?uri=CELEX%3A12012E%2FTXT&from=FR

Version consolidée du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne — Première partie — Les principes — Titre I — Catégories et domaines de compétences de l’Union — Article 2 (2016). https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=URISERV:ai0020

Nota bene : toutes ces sources ont été consultées entre le 11 et le 25 août 2025.

Crédits image : Pixabay.


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« Huit » et « nuit » : pourquoi ces mots se ressemblent-ils dans un certain nombre de langues ?

« Huit » et « nuit » se ressemblent en français, de même qu’ocho et noche en espagnol, eight et night en anglais ou encore Acht et Nacht en allemand et en néerlandais. Et nous pourrions allonger cette énumération avec oito et noite en portugais, otto et notte en italien, opt et noapte en roumain, aetta et natte en suédois, ainsi qu’(h)ocht et oíche en gaélique irlandais. La liste n’est pas exhaustive et vous pouvez trouver différentes occurrences sur ce forum.

Photo de brenoanp sur Pexels.com

Quoi qu’il en soit, cela ne concerne que certains types de langues, apparentées entre elles, à savoir les langues romanes, les langues germaniques et les langues gaéliques (sous-branche des langues celtiques). Tous ces idiomes font partie de la famille indo-européenne, donc ont une origine commune.

Lisant actuellement Historia de la lengua española, de Rafael Lapesa[1], j’ai trouvé un passage qui apporte certains éléments de réponse à cette question. Voici la traduction que je vous propose :

« Dans presque tous les pays de langue romane où les Celtes étaient présents, le groupe de phonèmes latin /kt/ a évolué en /it/ ou en /ĉ/[2], des résultats dans lesquels se retrouvent les langues romanes occidentales (lat. nocte, factu > port. noite, feito ; esp. noche, hecho ; cat. nit, fet ; prov. nuech, fach ; fr. nuit, fait). La première phase de ce phénomène (relâchement du phonème /k/ en [χ], un son correspondant au j du castillan moderne) apparaît dans des inscriptions gauloises et est généralisée en gaélique irlandais. Dans des inscriptions celtibères, on peut lire Rectugenus, ainsi que sa contraction Rectugeno, qui devrait probablement se prononcer *Reitugeno ; ce nom évoque le personnage même de Rhetogenès, héro de Numance[3] mentionné par Appien. Comme le groupe /ks/ a suivi une transformation analogue à celle de /kt/ (lat. laxare > port. leixar ; esp. lexar ; fr. laisser), d’importance similaire, ce phénomène pourrait être également d’origine celtique. »

Cet extrait d’un ouvrage de référence en philologie montre donc que le nuit et huit se terminaient de la même façon en latin. Peut-être était-ce aussi le cas dans les langues celtiques des pays conquis[4]. Quoi qu’il en soit, les langues italiques et celtiques étaient assez proches, au point que certains linguistes parlent d’un rameau italo-celtique[5] au sein de la famille indo-européenne. Cette origine commune expliquerait pourquoi nuit et huit de terminent de la même façon dans les langues romanes et gaéliques.

Que dire alors de la coïncidence dans des langues germaniques, comme l’allemand, le néerlandais, le suédois ou l’anglais ?

Il se trouve que les langues germaniques font également partie de la grande famille indo-européenne. La génétique prouverait que les habitants d’Europe occidentale (Celtes, Latins et Germains) sont assez homogènes génétiquement, et différents en la matière des Européens orientaux (notamment les Slaves et les Baltes). En effet, les Indo-européens auraient conquis l’Europe occidentale plus tard que les territoires eurasiens situés plus à l’Est, par des conquêtes ayant eu lieu entre -2200 et -1800, du fait de leur supériorité en technologies militaires. En effet, on pense que leurs ancêtres yamnayas avaient été les premiers à domestiquer le cheval et à inventer le char. À cette époque, on commençait à maîtriser la métallurgie du bronze et le seul endroit où se trouvaient réunis les gisements nécessaires à cet alliage (cuivre et étain) était la Bohême (actuelle République tchèque). Les Indo-européens qui y étaient installés pouvaient donc s’imposer grâce à leurs armes plus solides. Néanmoins, à cette période, certains pensent qu’ils ont apporté leurs gènes en décimant la population masculine, mais pas encore leur langue sur tous ces territoires (hormis peut-être par endroit, comme dans le cas des Lusitaniens à l’Ouest de la péninsule Ibérique). Cette hypothèse est aujourd’hui remise en question. Actuellement, les historiens pensent plutôt que les hommes yamnayas étaient des guerriers forts et dominants, bien placés dans la hiérarchie des clans mêlés, dont le prestige social séduisait davantage les femmes autochtones que les mâles issues de leur ethnie. Vers -500, les Celtes ont imposé leur langue indo-européenne sur de larges territoires, du fait de leur maîtrise d’un nouveau métal : le fer. Notons que, d’après certains linguistes, les Daces de l’actuelle Roumanie étaient des Celtes. Comme indice qui va dans ce sens, pour s’adresser à son père, on dit tad en breton et tata en roumain. D’autres spécialistes estiment que le dace était une langue indo-européenne d’une autre branche, apparentée à l’albanais. Quoi qu’il en soit, le roumain est une langue latine également concernée par le rapport huit / nuit. Cette vidéo de la revue historique Hérodote explique tout cela avec clarté et précision :

Pour résumer, la similitude entre huit et nuit dans de nombreuses langues s’explique tout simplement par le fait que ces idiomes ont une origine commune remontant à une période assez récente à l’échelle de l’histoire de l’humanité, à savoir l’Antiquité.

Jean O’Creisren


[1] D’après Rafael Lapesa, Historia de la lengua española, Gredos, Madrid, 2022, p. 49, point 7. Traduction inédite de Jean O’Creisren.

[2] Son [tʃ], comme dans l’espagnol chico / chica ou l’anglais cheap.

[3] Ville celtibère ayant résisté pendant une vingtaine d’années à l’invasion romaine, au milieu du IIe siècle avant Jésus-Christ.

[4] gaulois pour la France, langues hispano-celtiques (dont celtibère) pour l’Espagne centrale et occidentale, éventuellement lusitanien pour le Portugal et dace pour la Roumanie (bien que les philologues ne s’accordent pas quant à la celticité de ces deux derniers peuples indo-européens).

[5] Les langues italiques comprenaient l’osque, l’ombrien, le vénète, le messapien, le rhétique et le latin (plus d’informations sur ce lien). Seule cette dernière a donné naissance à des idiomes encore parlés aujourd’hui, les langues romanes. Les langues celtiques se répartissaient en 5 branches sous l’Antiquité, à savoir le gaulois, le celtibère et le lépontique sur le continent, ainsi que les langues brittoniques et gaéliques dans les Îles britanniques. Seuls les deux rameaux insulaires ont traversé les siècles jusqu’à nos jours. Les langues brittoniques incluent le gallois, le cornique et le breton (qui ne descend pas du gaulois, mais a été apporté en Armorique par des Celtes de Grande-Bretagne fuyant les invasions anglo-saxonnes aux Ve et VIe siècle). La branche gaélique inclut les gaéliques irlandais et écossais, ainsi que le mannois (ou manxois), parlé sur l’Île de Man.


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Qu’y a-t-il de commun entre Albane, Jonaz, Maëlwenn, Hakam, Scratch et Girolamo ?

Apparemment, tout les différencie : une jeune femme au cœur d’or qui parle aussi bien anglais que russe, deux Bretons aussi têtus l’un que l’autre, un chirurgien algérien qui a tout abandonné pour commencer une licence de droit, un SDF alcoolique, ainsi qu’un traducteur italien à la fois fervent catholique et fan du groupe anarchiste Ska-P. 😉

Pourtant, ils vont cheminer ensemble vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils vont affronter les mêmes épreuves sur un pied d’égalité. Avec les autres pèlerins, ils formeront une communauté très hétérogène, mais solidaire. Tous marchent pour une raison singulière, qu’ils en aient conscience ou non. Trouveront-ils ce qu’ils recherchent en cours de route ? 🌻

Photo de Guduru Ajay bhargav sur Pexels.com

Vous aimez lire les articles de « Délires de linguiste » ? 🙂 Quatre ans après avoir lancé ce blog, je publie Unis par le Camino. Ce roman original se développe autour du Chemin de Compostelle. Différents personnages évoluent au cœur de cette Espagne que j’aime tant. Ce voyage initiatique leur permet de soulever de grandes questions dans des dialogues constructifs, de se connecter à leur for intérieur et de se recentrer sur leurs aspiration les plus profondes. Vous retrouverez dans cet ouvrage ma passion pour les langues, mon goût de l’aventure et une bonne dose d’humour. 😉

Entre autres retours sur ce roman, un lecteur m’a dit que l’intrigue est bien construite, avec autant de suspense que vous êtes en droit de l’attendre. 😎

Cette idée de lecture vous intéresse ? Vous pouvez commander mon livre sur le site de l’éditeur.

Vous pouvez également vous le procurer dans la librairie de votre choix ou sur une plate-forme en ligne. Voici les références bibliographiques à fournir à votre libraire :

O’CREISREN, Jean. Unis par le Camino : une quête de sens sur le chemin de Compostelle. Saint-Ouen : Les Éditions du Net, 2023.

Bonne lecture et ultreïa ! 😉

Jean O’Creisren

Vous n’auriez jamais deviné que ces mots sont du breton…

Aujourd’hui est une date importante en Bretagne. En effet, nous fêtons la Sainte-Anne. Alors bonne fête à toutes les Anna, Annaïg, Naig et Anaëlle !

Le breton est un idiome passionnant. Il s’agit d’une langue celtique à l’orthographe bien singulière. Si certains mots ou expressions comme « Blaovezh mat ! »[1], « Nedelec laouen ! »[2] ou « Yec’hed mat ! »[3] ne font aucun doute, d’autres vocables semblent venir d’autres langues.

Voici quelques exemples :

Ac’h : si l’orthographe est bien bretonne, la phonétique fait penser à la réaction d’un Allemand surpris. En breton, ac’h ! signifie « beurk ! » Ça veut donc dire que vous êtes surpris par quelque chose de dégoûtant

Amzer : ça sonne hébreu ou arabe, mais c’est bien du breton. Cela signifie « temps », aussi bien d’un point de vue temporel que météorologique.

Bara : on dirait de l’espagnol, mais ce terme est bien breton. Dans la langue de Cervantès, ce mot existe avec deux R. Barra signifie notamment « barre » (de chocolat, de métal ou autre), « comptoir de bar » (terme très utile en Espagne), ou encore « baguette de pain ». Je ne sais pas si cela a un lien avec le dernier sens du mot castillan, mais bara signifie « pain » en breton. D’ailleurs, l’expression bara ha gwin (« du pain et du vin ») est peut-être à l’origine du verbe français « baragouiner ». En effet, d’après certaines sources, les Bretons demandaient ces denrées dans leur langue maternelle lorsqu’ils faisaient une halte dans une auberge française (plus d’informations à ce sujet sur ce lien).

Butun : de prime abord, ce mot semble arabe. D’ailleurs, بُطُن [buṭun] signifie « ventre » ou « abdomen » dans la langue du Ḍād. Mais là, rien à voir ! En breton, butun signifie « tabac ». Un conseil : évitez de manger du tabac, vous risqueriez d’avoir mal au ventre…

Deus : eh oui, cela signifie bel et bien « Dieu » en latin et en portugais. Mais ça veut aussi dire « viens ! » en breton. Et si Dieu vous disait : « Viens en Bretagne et apprend le breton ! »

Dirak : ce terme aux consonnances turques signifie « devant » en breton. Devant nos yeux, les langues celtiques sont menacées… En avant pour leur sauvegarde !

Hepken : on pourrait croire que c’est de l’allemand ou du néerlandais. En réalité, hepken est un mot breton qui signifie « seulement » ou « sans plus ».

Labour : ce terme est commun à plusieurs langues. En français, il s’agit d’un vocable agricole, joliment défini par le Larousse : « Retournement de la terre à l’aide de la bêche, de la houe, de l’araire ou de la charrue, pour l’ameublir, enfouir ce qu’elle porte en surface, et préparer ainsi son futur ensemencement. » Mais en anglais et en breton, labour signifie « travail ».

Lakaat : on dirait un mot finnois, n’est-ce pas ? Il n’en est rien : il s’agit du verbe « mettre » en breton.

On : en anglais, cela veut dire « sur ». Mais en breton, on se traduit par « je suis ». À l’heure où je rédige cet article, je suis en train de taper sur mon ordinateur. Et vous, où êtes-vous ? Pelec’h out ?[4]

Ostaleri : non, non, ce n’est pas du basque ! En breton, ostaleri signifie « bistrot ». Il y a certainement une étymologie commune avec le français « hôtel ». Pour bien appuyer sur les clichés, ce terme peut être d’une grande utilité si vous voyagez en Bretagne. 😉

Out : en anglais, cela signifie « dehors ». Mais en breton, out se traduit par « tu es ».

Penaos : non, non, ce n’est pas du grec ! En breton, penaos ? signifie « comment ? »

Prest : ce terme s’écrit pareil que le mot anglais signifiant « prêtre ». Mais en breton, ça se prononce [prêst] et ça veut dire « prêt ». Êtes-vous prêt à prêter votre prestige à un prêtre ?

Serret : ce terme semble catalan. Et effectivement, serret signifie « colline » dans cette langue. En revanche, en breton, on traduit ce mot par « fermé ». Notons la ressemblance avec l’espagnol « cerrado » (fermé) et le français « serrure ».

Ul loa : eh non, rien à voir avec un ukulélé ! S’il paraît tiré d’une langue polynésienne, ce groupe nominal signifie « une cuillère » en breton. On peut certes faire de la musique avec, mais c’est quand même moins joli !

Yaouank : non, non ! Ce mot ne vient ni du russe ni d’une quelconque langue amérindienne du Canada. C’est bel et bien du breton et ça signifie « jeune ». En revanche, l’orthographe du lexème signifiant « vieux » ne trahit pas son appartenance celtique : kozh.

Et voilà pour la leçon de linguistique d’aujourd’hui ! Cet article était plutôt sérieux. Si vous voulez rire un bon coup sur les clichés liés au peuple breton, je vous propose de regarder ce clip :

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas vous mettre, vous aussi, au breton ? Je vous recommande la méthode ASSIMIL. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à consulter ce lien.

À bientôt pour de nouveaux délires de linguiste !

Kenavo !

Jean O’Creisren


[1] Bloavezh mat : Bonne année !

[2] Nedelec laouen : Joyeux Noël !

[3] Yec’hed mat : Santé ! (très utile en Bretagne)

[4] Pelec’h out ? : où es-tu ?


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Avez-vous déjà essayé d’apprendre le breton ? Croyez-moi : cette langue celtique est passionnante ! Depuis environ un an, je m’y suis mis avec passion. J’accomplis ainsi un rêve qui me berce depuis l’adolescence…

Pour avoir étudié l’arabe, l’allemand et le polonais, je dirais que la langue bretonne n’est pas extrêmement difficile. Bon, c’est certes plus corsé que l’espagnol ou l’italien. Mais ça reste plus facile que les langues sémitiques ou slaves.

Aujourd’hui, nous fêtons la Saint-Yves. En plus d’être le saint patron des avocats. Yves revêt, avec sainte Anne, une importance particulière en Bretagne (plus d’infos sur ce lien).

Dans cet article, je ne vais pas vous dispenser un cours de breton. Je vous partage juste quelques trouvailles humoristiques sur cet idiome passionnant. Vous verrez à quel point nous parlons tous breton sans le savoir

  • Amañ signifie « ici ». Ce terme breton se prononce exactement comme le français « amant ». Rien à voir avec amann, qui se prononce légèrement différemment et signifie « beurre ». Vous connaissez sans doute le kouign amann, le meilleur des desserts bretons, dont la saveur n’a d’égal que le taux de matière grasse…

Chérie, il paraît que tu as un amant. C’est vrai ?

Evel just[1] !

Et où est-il, que je lui règle son compte ?

Ici, dans cette pièce. Juste derrière ta marinière tâchée avec du beurre.

  • Brav [braw] signifie « beau » en breton. Rien à voir avec « brave » en français.

Dis-donc Maïwenn, il est beau, ce mec, là-bas !

Oui, c’est vrai. Mais il n’est pas très brave. L’autre jour, il hurlait en courant dans toute la crêperie parce qu’il avait vu un moucheron convoiter son verre de cidre…

  • D’ar est la particule utilisée en breton avant une date. On français, cela se traduirait par « le », comme dans l’expression : « le 21 février 1794 ». Rien à voir avec le dard d’un insecte, ou l’expression « avoir un dard dans le flanc », qui signifie « avoir fumé un joint ».

À quand remonte la dernière fois que tu t’es mis un dard dans le flanc ?

C’était le 21 juillet 2000, lors du concert des Cranberries au festival des Vieilles Charrues.

Oulà, ça fait un bail !

Eh oui, j’ai fait des bêtises dans ma jeunesse. Mais j’ai compris que le chanvre indien n’apporte rien de bon. Et on peut très bien être un vrai Breton sans boire et sans fumer !

  • Debriñ se prononce plus ou moins comme le mot français « débris ». Mais ce verbe breton se traduit par « manger ».

Les débris que tu vois sont les restes d’une épave du XVIe siècle. Ça te dirait qu’on essaie de retrouver le reste du bateau pour voir s’il y a un fabuleux trésor ?

Je m’en fiche complètement si ça ne se mange pas !

  • Echu veut dire « fini » en breton. Cela a sans doute un lien avec « échu » en français.

Papa, que veut dire « à terme échu » ?

As-tu fini de poser des questions idiotes, sale morveux ?

Et toi, as-tu fini de m’insulter au lieu d’avouer tout simplement que tu n’en sais rien ?

  • E-pad : eh non ! Rien à voir avec les EPHAD ! Ce terme breton signifie « pendant ».

— J’étudie le breton pendant mon séjour en Basse-Bretagne. Mais je ne sais pas avec qui le parler.

— Tu peux aller visiter l’EPHAD qui est à côté de chez moi. Il y a plein de personnes âgées qui ne demandent qu’à parler breton, et même à parler tout court. Et elles seront ravies de se sentir utiles pour toi qui reprends le flambeau : grâce à elles, tu aideras à la langue bretonne à traverser les âges ! 😉

  • Evit n’a rien à voir avec le verbe « éviter ». Il s’agit de la traduction de la préposition « pour » en breton.

— S’il te plaît, évite de manger du jambon.

— Pourquoi ? Ma religion me le permet…

— Peut-être, mais je ne mange jamais de porc pour des raisons environnementales. En effet, la Bretagne est polluée par les nitrates occasionnés par cet élevage.

  • Karr-tan : traduit littéralement par « char de feu », ce mot composé est la façon dont le breton exprime le français « voiture ». Évidemment, cette orthographe ne vous dit rien. Mais la prononciation peut laisser croire qu’on dit « carton » avec un fort accent brésilien. Aujourd’hui, on dit tout simplement karr (avec une mutation consonantique devant l’article : ur c’harr).

— J’ai une voiture super écologique. Je l’ai achetée à 15 000 € sur Ar C’horn Mat et je vais l’essayer demain.

— Combien consomme-t-elle ?

— 12 litres aux cents.

— Hein ? Et en quoi c’est écologique ?

— Eh bien, elle est tout en carton : du volant aux pneus en passant par le moteur. Fabrication très peu polluante et 100 % recyclable.

— Mais ton char de feu va brûler dès que tu allumeras le contact. Tu n’as quand même pas mis 15 000 € dans cette m**** ? Montre-moi ton contrat, que je vois s’il y a une clause de rétractation !

— Je n’ai signé aucun contrat. Je gars qui m’a fait la proposition me paraissait honnête. J’ai versé les 15 000 € sur un compte domicilié aux îles Caïman et il m’a envoyé la marchandise. De toute façon, je ne peux plus joindre le vendeur. Je suis retourné sur Ar C’horn Mat pour lui poser une question, mais il avait supprimé son profil…

  • Korn : rien à voir avec les vaches, les rhinocéros, les tricératops et le dragon de l’Apocalypse ! En breton, korn signifie « coin ». Il y a certainement un lien avec l’anglais « corner ».

— Sais-tu ce qui rend fou un paysan breton ?

— Non.

— Tu le mets dans un pré rond et tu lui dis qu’il y a une corne dans un coin !

  • Al-laezh se prononce comme le français « à l’aise ». Pourtant, ça n’a rien à voir. En breton, cela signifie « le lait ».

Tu as vu le lait qui se trouve sur la table ? Il y a au moins 3 litres. Chiche de le boire cul-sec ?

À l’aise ! Quand il s’agit de boire, je suis toujours là ! Je ne suis pas breton pour rien !

  • Mignon n’est pas l’équivalent breton de l’anglais cute. Ce terme est la traduction du français « ami », quelle que soit l’apparence et l’attitude de ce dernier.

Sois mignon et prépare-moi une galette saumon-jambon-chocolat-choux de Bruxelles, s’il te plait !

Non.

Et pourquoi donc ? N’es-tu pas mon ami ?

C’est justement par amitié que je refuse. Ce que tu me demandes de faire est absolument dégueu. J’ai trop d’estime pour toi pour céder à tes pulsions gastro-maso.

  • Mont veut dire « aller » ou « partir » en breton.

Que fais-tu pendant les vacances, Jakez ?

Je pars à l’étranger !

Où ça ? Au Pays de Galles ? En Irlande ? En Écosse ? À l’île de Man ? En…

En Normandie ! Mais rassure-toi : je n’irai pas plus loin que le Mont Saint-Michel !

  • Na n’est pas une façon gamine de narguer autrui en breton ! En français, on le traduirait par « ni ».

« Tu veux le beurre et l’agent du beurre ? Eh bien tu n’auras ni l’un ni l’autre ! Na ! »

  • Neuze [nözé] signifie « alors » en breton. Phonétiquement, cela fait penser à « nausée ».

Ac’h[2] ! C’est quoi, cette odeur ?

Ça vient de mon compost.

Et que mets-tu dans ton compost ?

Alors il y a des déchets de sardine et de crabe, du beurre rance, des miettes de kouign-amann, du gras de porc, des épluchures de légume, les étrons de mon chien Ar C’hi avec un peu de mazout d’Erika. Que du naturel ! Qu’en penses-tu ?

J’en pense que ça me donne une de ces nausées ! Je me sens dans le même état qu’après douze verres de chouchen…

  • N’ouzon ket signifie « je ne sais pas » en breton. Sur le plan phonétique, ça ressemble au français : « nous f’sons une quête »

Nous faisons une quête pour un groupe militant basé en Afrique qui soutient l’indépendance de la Bretagne.

Es-tu sûr que mon argent ira bien à la cause séparatiste ?

Ah, ça, je ne sais pas ! C’est un mec que j’ai rencontré sur Internet qui me l’a dit. Il avait l’air sympa, donc je lui fais confiance…

NB : « N’… ket » est une double négation, comme « ne… pas » en français. Or le français est la seule langue latine à utiliser ce procédé. Est-ce une influence celtique ? Cela viendrait-il du gaulois ?

  • Person signifie « curé » en breton et se prononce comme le français « personne ».

Qui est cette personne là-bas ?

C’est le père Le Kozh, le curé de notre paroisse. Ou plutôt le recteur, comme on dit dans le Morbihan.

Comme son nom l’indique, il a l’air très âgé. La relève est-elle assurée ?

Non, malheureusement ! C’est pour ça qu’il faut prier pour les vocations

  • Pet : en breton, il ne s’agit ni de flatulences ni de drogue ! Pet ? est un mot interrogatif qui veut dire « combien ? »

Combien de pets as-tu fumé avant de taguer un triskell sur la voiture de l’ambassadeur de France ?

Aucun, pardi ! J’ai arrêté le cannabis depuis le dernier concert de Matmatah. En revanche, le chouchen, c’est une autre histoire…

  • Poatr [‘pot] signifie « gars » ou « garçon » en breton. Eh oui, ça se prononce pareil que « pote » en français. Peut-être même que le mot français est bel et bien d’origine bretonne. Ce serait à vérifier…

Eh, gars ! Où est le Parlement de Bretagne, s’te plaît ?

Monsieur, de quel droit m’appelez-vous « gars » et me tutoyez-vous ? Je ne suis pas votre pote, jarnicoton !

  • Ro ne se réfère pas à l’action de roter. En breton, il s’agit de l’impératif « donne » ???
  • Sellet signifie « regarder » en breton. Rien à voir avec « la sellette » en français !

Regarde-moi ce procès inique ! Argan est sur la sellette juste à cause de ses idées séparatistes ?

Il a quand même entarté le Président français avec un kouign amann et bombardé Matignon de harengs pourris. J’ai l’impression qu’il est davantage jugé pour ses actes que pour ses idées.

Il y a quand même pire que ça. Étant donné qu’Argan est la traduction bretonne du prénom « Barthélémy », il aurait pu se sentir appelé à faire un massacre…

  • Stal signifie « magasin » en breton. En français, les stalles sont des pièces de mobilier en bois qui ornent le chœur de certaines églises.

Tiens, il paraît qu’un nouveau magasin a ouvert. Il s’appelle « Ar stal nevez ». Sais-tu ce qu’ils y vendent ?

Uniquement des stalles ! C’est un ébéniste qui a monté ça.

Ça ne doit pas marcher fort ?

Tu rigoles ? Quand la saison des pardons approche, toutes les églises du coin les appellent pour se faire un coup de neuf !

  • Tomm-tomm : en breton, tomm signifie « chaud » et tomm-tomm veut donc dire « très chaud ». Eh non : rien à voir avec les GPS !

« Gast ! Ce village en centre-Bretagne est complètement paumé ! Ce sera très chaud d’y aller au feeling. Je préfère utiliser mon GPS TomTom. »

  • Yen : eh non, rien à voir avec la monnaie japonaise ! En breton, yen signifie « froid ».

Si la Bretagne devient indépendante, quelle monnaie adopter ? L’euro ? Le dinar breton ? Une monnaie nationale nommée « l’hermine » ?

La finance est toujours un débat passionné ! En Bretagne, il fait froid. Cela me rappelle le caractère introverti des Japonais. Pourquoi ne pas adopter le yen ?

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas vous mettre, vous aussi, au breton ? Pour l’avoir testée, je peux vous assurer que la méthode ASSIMIL est encore très efficace, mais elle est payante. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à consulter ce lien.

Si vous parlez déjà arabe, hébreu ou araméen, il vous sera facile d’apprendre le breton et toutes les langues celtiques. Plus d’explications sur ce lien (en anglais).

Vous êtes breton ou bretonne et vous trouvez que mon article appuie trop sur certains clichés de mauvais goût ? Pour me faire pardonner, je vous propose une chanson qui met en valeur la beauté de cette langue celtique. 😊 Je vous préviens juste qu’il s’agit d’un chant nationaliste, en faveur de l’indépendance de la Bretagne. Les paroles sont traduites en anglais. Peut-être ne serez-vous pas d’accord avec tout, mais rien ne vous empêche de régaler vos oreilles au son d’« Ar chas doñv ‘yelo da ouez » :

Bon vent en mer celtique !

Kenavo !

Jean O’Creisren


[1] En breton, evel just signifie « bien sûr ».

[2] En breton, ac’h ! signifie « beurk ! » ou « pouah ! ».


Vous aussi, vous aimez jouer avec les mots ?

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Vous voulez apprendre une langue ? Vous voulez progresser en anglais, en espagnol ou en allemand ? De nombreuses méthodes ont fait leurs preuves…

Entre autres, je vous conseille de réemployer le vocabulaire que vous apprenez. Cela vous permettra de le retenir durablement. Concrètement, il s’agit d’écrire des textes ou des phrases avec ces mots nouveaux. Mais quand ces termes n’ont rien à voir les uns avec les autres, ça peut donner des textes complètement absurdes. Cet exercice littéraire vous permet d’apprendre en vous amusant.

Depuis quelques mois, j’apprends le breton grâce à une méthode qui me convient. J’ai donc rédigé un dialogue dans cette langue passionnante. J’ai juste utilisé les 400 mots que je connais pour le moment. Ce texte littéraire n’a ni queue ni tête. Je vous proposerai d’abord le dialogue en breton, puis sa traduction en français.

Étant encore un novice dans l’apprentissage de cette langue, je ne garantis pas que ce soit de la grande littérature. Ne vous attendez pas non plus à de la haute philosophie druidique… Ce sont juste de purs délires de linguiste ! Entre autres, il est possible que le texte en breton contienne des erreurs. Le but n’est pas d’enrichir la littérature en langue bretonne, mais de promouvoir cette langue tout en vous faisant passer un bon moment ! 😊

Dialogue absurde en breton

– Ac’h ! An amann en osteleri zo glas !

– N’eo ket amann ! Madigoù int…

– Madigoù int ?

– Evel just ! Int madigoù ar baraer gant laezh ha chistr !

– Ha pelec’h emañ ar levr ? Pell ar gador eo ?

– N’eo ket ! War an taol eo, e-kichen ar gador.

– Trugarez Mammig !

– N’on ket da mamm ! Da c’hoar on. An Itron El-Kalawi eo ma anv.

– N’ouzon ket piv out.

– N’ouzout ket ? Ul leue out !

– N’on ket ! Ma tad zo an Aotrou Diallo, ar maer, ha ma mamm zo ur skolaerez. Ha n’eo ket melen ma blev !

– Nann, avat ar bara orañjez zo ret. Keta ?

– Eo ! Hag ur gwele digor ivez !

– Ya ! Hag aez eo o chom en ti-kêr tomm-tomm !

– Ya ! Ha daez eo butuniñ ganin war ur vag yaouank…

– Trist eo, kentoc’h.

– Ya, trist eo… Sell ! Petra eo se ?

– Se zo kafe gant laezh, chokolad, chistr, gwin ruz ha butun…

– Mat-tre ! Yec’hed mat !

– Trugarez ! Piv eo ar sekretour ?

– Hemañ eo : ar den-mañ gant ar sac’h.

– N’eo ket ar person ?

– Nann. Ar person zo ar den-hont, hep leue. Mab ma mignonez eo.

– Piv eo da mignonez ?

– Ar plac’h-se eo. Homañ gant ar blev gwenn eo, ha medisinez eo.

– Mat-tre ! Ha pelec’h emañ ar mor ?

– Ahont, e-kichen Bro-Saoz, Iwerzhon, Euskadi, Bro-C’hall ha Kembre…

– …hag emaint e-kichen ma liorzh !

– Evel just ! Hag ar gazetenner ivez. Pell ar gazetenn int…

– Piv eo ar gazetenner ?

– Homañ eo ! Al leue-mañ eo ! Ar gwaz ar studierez eo !

– Piv eo ar studierez ?

– Honnezh eo ! Ar plac’h-se merc’h ar skolaer eo. Zo gwreg ar gazetenner. Zo c’hoazh yac’h.

– ‘Ta diskuizh eo ?

– Ya, met skuizh eo Tadig ! An dour fresk zo ret…

– Ha bras eo ar paotr-mañ…

– Petra zo ?

– Ar straed zo gwer avat ar sekretour zo kozh, hepken er gêr…

– Marteze… Koulskoude, ar vakansoù tostoc’h int… Prest out ?

– Prest on ! Peseurt lein emañ en daoulagad an amezeg ?

– N’ouzon ket ! Avat ar sukr emañ war an taol. Mat eo ar sport hag al labour ivez !

– Te out ur paour-kaezh !

– Ya, un tammig. Mar plij, deus amañ, ez eus an korn ha glav zo.

– Eo se an amzer brezhoneg…

– Tomatez, deuit ! Mat-tre eo dont ha saludiñ hep gouzout peseurt ospital zo fall !

– N’eus ket studier klañv en ospital-mañ ken d’ar sul…

– Hag er stal nevez ivez !

– Petra ?

– Omp studieren eus Bro-C’hall. Pe liv eo banniel Bro-C’hall ?

– Int glas, gwenn ha ruz bannieloù Bro-C’hall ha Bro-Saoz !

– Mat-tre ! Ha penaos zo al livioù en ti ?

– Evel ur banne hag evel ur pellgomzadenn…

– Diaes eo goulenn ur penestr serret digant da breur. Lavar din : piv o chom er stal-vutun ?

– Ma mignonez !

– Ha piv eo he kamarad ?

– Henhont, hag ar bananez brav ivez. Dit eo o arc’hant.

– Trugarez ! Bananez eo honhont ?

– Ya, met diaes eo o chom en ti-post ganeoc’h, gant ar sigaretennoù ha gant an all traoù…

– Ebet ki zo dit.

– Gortoz ! Te eo. Tomm out er korn hag er gêr !

– Ma ! Neuze mat eo bezañ echu hag ober bannieloù dindan an dour. Ac’h ! Piv eo hennezh ?

– Ma c’hoar eo ar studierez-se. Xun eo he anv. Koant eo ?

– N’eo ket ! Setu unan all salud !

– N’eo ket yen ar salud-mañ dirak da breur. Eus pelec’h zo ?

– Eus a-dreñv hini ah zo kozh.

– Ar tud kozh oc’h c’hwi !

– Trugarez ! Pelec’h emañ ar pakad ? En ti ?

– Aes eo mont ganin ha gant ur gador tomm ha demata e Iwerzhon.

– A-walc’h ! Kenavo !

– Demat ! Mont a ra ? Alo adarre ! Salud c’hoazh !

– Ken arc’hoazh !

Traduction en français du dialogue absurde ci-avant

– Berk ! Le beurre est bleu dans le bistrot !

– Ce n’est pas du beurre ! Ce sont des bonbons…

– Ce sont des bonbons ?

– Bien sûr ! Ce sont les bonbons du boulanger avec du lait et du cidre !

– Et où se trouve le livre ? Est-il loin de la chaise ?

– Non ! Il est sur la table, à côté de la chaise.

– Merci maman !

– Je ne suis pas ta mère ! Je suis ta sœur. Mon nom est madame El-Kalawi.

– Je ne sais pas qui tu es.

– Tu ne sais pas ? Tu es un imbécile !

– Non, je n’en suis pas un ! Mon père est monsieur Diallo, le maire, et ma mère est une institutrice. Et je ne suis pas blond !

– Non, mais le pain orange est nécessaire. N’est-ce pas ?

– Si ! Et un lit ouvert également !

– Oui ! Et il est facile d’habiter dans une mairie très chaude !

– Oui ! Et il est difficile de fumer avec moi sur un jeune bateau…

– C’est triste, tu veux dire.

– Oui, c’est triste… Regarde ! Qu’est-ce que c’est ?

– C’est du café avec du lait, du chocolat, du cidre, du vin rouge et du tabac…

– Très bien ! Santé !

– Merci ! Qui est le secrétaire ?

– C’est lui : cet homme-ci, avec le sac.

– Ce n’est pas le curé ?

– Non. Le curé est cet homme, là-bas, qui n’a pas de veau avec lui. C’est le fils de mon amie.

– Qui est ton amie ?

– C’est cette fille. Celle-là, avec les cheveux blancs. Elle est médecin.

– Très bien ! Et où se trouve la mer ?

– Là-bas, à côté de l’Angleterre, de l’Irlande, du Pays Basque, de la France et du Pays de Galle…

– … et tout cela est à côté de mon jardin !

– Bien sûr ! Et le journaliste aussi. Tout cela est loin du journal…

– Qui est le journaliste ?

– C’est lui ! C’est cet imbécile-ci ! C’est le mari de l’étudiante !

– Qui est l’étudiante ?

– C’est cette fille-là ! C’est la fille de l’instituteur et la femme du journaliste. Elle est encore en bonne santé.

– Mais elle n’est pas fatiguée ?

– Non, mais papa l’est ! L’eau fraiche s’avère nécessaire…

– Et ce gars est grand…

– Qu’y a-t-il ?

– La rue est verte mais le secrétaire est vieux, seulement dans la maison…

– Peut-être… Pourtant, les vacances se sont approchées… Es-tu prêt ?

– Je suis prêt ! Quel petit-déjeuner se trouve dans les yeux du voisin ?

– Je ne sais pas ! Mais le sucre est sur la table. Le sport, c’est bien, et le travail aussi !

– Tu es une pauvre malheureuse !

– Oui, un peu. S’il te plaît, viens ici, il y a un coin et il pleut.

– C’est un temps breton…

– Venez, les tomates ! C’est très bien de venir et de saluer sans savoir quel hôpital est mauvais !

– Il n’y a plus d’étudiant malade dans cet hôpital le dimanche…

– Et dans le nouveau magasin non plus !

– Quoi ?

– Nous sommes des étudiants originaires de France. De quelle couleur est le drapeau français ?

– Les drapeaux français et anglais sont bleu, blanc et rouge !

– Très bien ! Et comment sont les couleurs à la maison ?

– Comme un coup à boire et comme un coup de fil…

– Il est difficile de demander une fenêtre fermée à ton frère. Dis-moi : qui habite dans le bureau de tabac ?

– Mon amie !

– Qui est son ami ?

– Celui qui est là-bas, et les belles bananes également. Leur argent t’appartient.

– Merci ! Ce sont des bananes ?

– Oui, mais il est difficile d’habiter dans le bureau de poste avec vous, avec les cigarettes et avec les autres choses…

– Aucun chien n’est à toi.

– Attends ! C’est toi. Tu es chaud dans le coin et dans la ville !

– Bien ! Alors il est bon d’être fini et de faire des drapeaux sous l’eau. Berk ! Qui est-ce ?

– Cette étudiante est ma sœur. Elle s’appelle Xun. Est-elle jolie ?

– Non ! Voici une autre salutation !

– Cette salutation-ci n’est pas froide devant ton frère. D’où est-il ?

– De derrière celui qui est vieux.

– C’est vous, les vieux !

– Merci ! Où est le paquet ? À la maison ?

– Il est facile de partir avec toi ainsi qu’avec une chaise chaude et de dire bonjour à l’Irlande.

– Assez ! Au revoir !

– Bonjour ! Ça va ? Allô à nouveau ! Salut encore !

– À demain !

Et voilà pour l’exercice de style de fin août ! Ce dialogue absurde vous a donné envie d’apprendre le breton ? Je vous recommande de prendre des cours avec un professeur ou d’utiliser la méthode ASSIMIL.

À bientôt sur mon blog pour de nouvelles trouvailles en littérature linguistique !

Jean O’Creisren


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