Quand on parle du loup…

Il est six heures du matin en ce jour de début septembre. Le soleil commence à se lever sur la ville de La Flèche. Dans le ciel sans voile, on distingue encore les étoiles et la pleine lune. «Heulà ! Y va encore faire beau, anuit[1] !», se dit Maurice tout en observant le firmament aux multiples couleurs. Cet agriculteur retraité originaire de Malicorne-sur-Sarthe occupe toujours ses journées de travaux physiques et dort assez bien. Il ne se charge que d’une manière distraite de son petit-fils Julien, dix-sept ans, dont il a la garde, et qui est plutôt agité ces temps-ci. Ce matin, ce sera la rentrée des classes, un rituel auquel le jeune homme essaie toujours de se dérober. Ce n’est pourtant pas par aversion pour les études, car Julien passe son temps à lire et s’intéresse à beaucoup de choses. Mais l’adolescent est solitaire et très mal à l’aise en relations, ce qui lui cause de gros problèmes d’intégration et le fait beaucoup souffrir. Maurice se lève, sort de sa chambre, et croise son chien Mowgli, endormi dans le couloir. Il caresse le berger allemand, qui sort de sa torpeur. La queue remuante de l’animal manque de renverser le cadre où est exposée une gravure de Don Quichotte, sur l’étagère où s’entassent les livres de Julien. Celui-ci s’entend bien avec Mowgli, dont il a lui-même choisi le nom, il y a environ cinq ans. Très rapidement, le garçon a observé les comportements du chien et réussi à les imiter fidèlement, ce qui amuse beaucoup son aïeul.

Après quelques caresses, Maurice colle son oreille à la porte de la chambre du jeune homme, mais s’étonne de n’entendre aucun ronflement. « Nom de Diou ! murmure-t-il tout en tournant la poignée. Heulà ! Ce p’tit con a encore fugué ! » En effet, la chambre est vide. Le lit est défait et la fenêtre est grande ouverte. Chose étonnante, Julien n’a même pas emmené avec lui Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, qu’il est en train de terminer. L’ouvrage est posé négligemment sur un jeu de société à cartes carrées. « Rha, bah nom de Diou ! Qu’est-ce qu’y m’fait pas faire, à mon âge ! Bon, j’m’habille, j’mets ma gapette su’ la tête et j’file à la gendarmerie ! Les rillettes à tremper dans l’kawa, c’est pour tout à l’heure ! »

٭

٭         ٭

Il est sept heures et Maurice est reçu à la gendarmerie de La Flèche.

– Alors, monsieur, qu’est-ce qui vous amène ?

– Ben comme d’habitude, c’est l’fiston qu’a fugué ! Comme par hasard, l’jour d’la rentrée…

– Ah oui, eh bien c’est à prendre très au sérieux, monsieur ! Surtout en ce moment… Avez-vous une photo récente ? Des affaires personnelles ?

– Oui, comme d’habitude. Un bouquin d’sorcellerie, un jeu d’cartes et une photo.

– Bien. Je vais prendre votre déposition, puis j’alerte immédiatement le Procureur du Mans. L’ensemble de la gendarmerie sera mobilisé et nous mettrons tout en œuvre pour retrouver Julien. De votre côté, n’hésitez pas à faire le tour des lieux qu’il a l’habitude de fréquenter et de ses amis.

– Si seulement y n’en avait, des amis… Mais j’le connais, ce mioche, quand y n’aura faim, y r’viendra !

– Je ne voudrais pas trop vous inquiéter, mais nous avons reçu quelques plaintes ce matin car des gens auraient entendu un loup cette nuit, aux alentours du parc des Carmes, puis le long du Loir, jusqu’au Lac de la Monnerie. Votre petit n’est pas si en sécurité que ça. Même si, les autres fois, il y a eu plus de peur que de mal…

– Nom de Diou ! ‘Voulez m’faire crever ou quoi ? Encore un qui s’est échappé du zoo ?

– On appellera le zoo dès que le personnel aura commencé à travailler. En attendant, il faut absolument retrouver Julien. Je prends votre déposition et nous ferons tout notre possible pour le mettre en sûreté.

٭

٭          ٭

Il est dix heures dans le quartier Sainte-Colombe et l’officier Martin, accompagné du jeune stagiaire Rafik, sonne à la porte de la famille Plard.

– Bonjour madame, gendarmerie nationale !

– Messieurs !

– J’aimerais vous poser quelques questions.

– Z’avez appelé le zoo ?

– Oui, et tous les loups sont dans leur enclos, toujours aussi bien sécurisé, comme le reste du parc.

– Ben oui, j’ai eu une sacrée frousse, cette nuit… Mon bonhomme était prêt à sortir le fusil. Mais entrez donc !

– Merci, madame.

– Qu’est-ce que je vous sers ?

– Un verre d’eau, un café ou un jus de fruit sera parfait. Nous n’avons pas le droit de prendre d’alcool pendant notre service.

– Comme vous voulez ! Alors, que savez-vous sur le loup ?

– Nous en parlerons après. Pour l’instant, nous sommes sur une enquête plus urgente. Connaissez-vous le garçon sur cette photo ?

– Jamais vu !

– Un certain Julien Sallé, disparu cette nuit, aucune trace. Il a l’habitude de fuguer, mais avec cette bête qui rôde, c’est assez inquiétant.

– Ben ça…

– Alors, vous avez entendu des cris de loup ?

– Oui, un loup ou un chien errant, mais qui se déplaçait. Ma chienne lui répondait, et on a dû la sortir et l’attacher pour pas qu’elle se barre. En plus, elle est en chaleur en ce moment, et avec la pleine lune

– Vers quelle heure ?

– Chais pas… P’t-êt’ deux heures du matin. En tout cas, ça arrêtait pas et ça nous empêchait de dormir. Tous les chiens du secteur lui répondaient. C’était un sacré bordel !

– Oui, nous avons eu des plaintes de différents habitants. Les premiers cris ont été entendus dans le Parc des Carmes, puis le long du Loir, et enfin du côté du lac. Après, aucune trace de la bête.

– C’est un animal nocturne, donc ça doit roupiller dans les bois à c’t’heure-ci…

– Effectivement. Nous allons voir ce que nous pouvons faire. Merci pour votre coopération et bonne journée, madame Plard !

– Messieurs les gendarmes !

٭

٭         ٭

Après moult recherches, nos deux hommes frappent à la porte du père Durand, dans une maison en bordure du bourg de Bazouges-sur-le-Loir.

– Bonjour monsieur, gendarmerie nationale !

– Ça va-t-y, m’sieur l’agent ?

– « Officier », pas « agent » ! Nous allons bien, et vous ?

– Ça va ben, ma foi ! Malgré que j’me suis cassé la goule hier dans l’champ à Arnaud, en face le château. Mais entrez donc ! Vous prendrez ben une bière ?

– Euh… Non, merci, nous sommes de service…

– Bah ! Une bonne binouze, ça s’refuse pas !

– Hm ! Hm ! Dans ce cas, nous n’allons rien prendre. Connaissez-vous un certain Julien…

– Le p’tit-fils à Maurice ?

– Oui, c’est ça…

– Il a encore fugué, le morveux ?

– Oui, et…

– Heulà bah dis ! Il a une drôle de cervelle sous son capieau[2], ce gamin ! Il est pas comme les autres… Godiche comme pas permis, toujours à nous saouler avec ses discours incompréhensibles, toujours à bouiner[3] dans ses bouquins. L’aut’ jour, y f’sait marienne[4] dans la berouette[5] alors qu’on était tous en train de bosser. Quelle feignasse ! Pas étonnant qu’il ait pas d’amis ! Combien de fois j’ai dû enguirlander mes gosses parce qu’ils lui f’saient des misères ? Des fois, c’est pas triste… Et le Julien, qu’a dix-sept ans, y continue à banner[6] comme une bonne femme…

– Et à part ça, avez-vous entendu des cris de chien ou de loup, cette nuit ?

Rin ! Rin du tout !

– Très bien. Nous allons vous laisser et transmettre ce que nous savons à notre capitaine. Merci pour votre coopération et bonne fin de journée.

– À bientôt, messieurs les agents !

Photo de Pixabay sur Pexels.com

Minuit, l’heure du crime. Le père Durand est réveillé par des bruits dans son poulailler. « Aouuuuuuh ! » Il enfile ses chaussons et sa veste, saisit et charge son fusil avec les balles argentées qu’il a attrapées dans le tiroir. Il sort, traverse la cour et met son arme en joue tout en entrant dans la demeure des gallinacés. La lumière s’allume. Surpris, il lance un cri venant du fond du cœur : « Heulà ! »

Il est là, devant lui. Sa bouche ruisselle du sang de la poule qu’il a égorgée. Les poils de son corps nu sont hérissés par on ne sait quelle rage. Ses yeux luisent d’une expression étrange. La mystérieuse créature errante se fait enfin voir… Le père Durand baisse son arme et appelle le 15.

٭

٭         ٭

La départementale 323 défile à l’allure tranquille du C15. Clermont-Créans, Cérans-Foulletourte, Guécélard. Puis Maurice prend la direction d’Allonnes. Il est pensif. Comment son petit-fils a-t-il pu en arriver à ce point ? Comment a-t-il pu délirer jusqu’à se prendre pour un loup-garou ? Il se tourne vers son Dieu, ce Dieu contre lequel il jure à longueur de journée, ce Dieu qu’il ne prie que quand les choses vont mal, mais auquel il préfère croire au cas où. Le vieil homme se gare et se dirige vers le Centre hospitalier spécialisé de la Sarthe, où Julien a été pris en charge.

Après une enfance et une adolescence difficiles, le jeune homme accepte de faire confiance à la médecine pour le soigner. Dans ces moments compliqués, il se tourne également vers le Dieu dont on lui parlait au catéchisme quand il était petit. Il se souvient qu’il allait à la messe pour les temps forts, où une gentille dame de la paroisse préparait avec tout son cœur des choses adaptées aux enfants. Il se souvient également des « chanteurs à l’étoile » qu’elle organisait. Déguisé en roi mage, il allait chanter avec d’autres enfants des chants de Noël chez les gens qui le souhaitaient. En échange, les villageois donnaient de l’argent pour que la paroisse aide d’autres jeunes dans des pays du Tiers-Monde. Parfois, ils offraient quelques bonbons pour les petits chanteurs. Une sorte d’Halloween catho où mes mauvais sorts étaient remplacés par des bénédictions. Il se souvient de sa première communion et de sa profession de foi, à l’occasion desquelles une partie de sa famille, qui n’avait pas l’habitude d’aller à l’église, chahutait pendant la cérémonie. Même si cela pouvait irriter quelques personnes « bien comme il faut », il savait que c’était sans mauvaise intention. Au contraire, il se souvient qu’il avait été mis à l’honneur lors de sa « petite », puis de sa « grande » communion, comme un rite de passage de l’enfance vers l’adolescence. Même si sa vie n’a pas toujours été facile, il aime profondément sa famille, ces gens du peuple qui se battent avec dignité, malgré les difficultés auxquelles ils font face. Ces gens qui n’ont pas réussi à l’école, car leur culture est trop éloignée de celle des enseignants, mais qui savent travailler de leurs mains, contrairement à lui. Il se tourne donc vers ce Dieu qui se fait faible, comme lui. Ce Dieu qui est du côté des pauvres, des malades et des laissés-pour-compte. Ce Dieu qui se laisse clouer à la croix par amour. Ce Dieu qui a vaincu la mort et nous promet la victoire de la résurrection. Julien ne sait pas combien de temps il restera hospitalisé en psychiatrie. Il sait juste que ce passage difficile lui permettra de prendre un nouveau départ, de se laisser accompagner par des professionnels compétents qui l’aideront à réussir sa vie. Et comme il décide de faire confiance au Bon Dieu, il sait qu’il s’en sortira.

FIN

Jean O’Creisren


[1] Anuit : « aujourd’hui » en patois sarthois. Peut-être est-ce la même étymologie qu’avui en catalan.

[2] Capieau : « chapeau » en patois du sud-Sarthe.

[3] « Bouiner » ou « ne rien bouiner » : « ne rien faire » en patois angevin.

[4] Faire marienne : « faire la sieste » en patois manceau.

[5] Berouette : « brouette » en patois angevin.

[6] Banner : « pleurer » en patois angevin.

Pour en savoir plus sur ce parler populaire, cliquez ici. 🙂


Vous aussi, vous aimez la littérature de fiction ?

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Qu’y a-t-il de commun entre Albane, Jonaz, Maëlwenn, Hakam, Scratch et Girolamo ?

Apparemment, tout les différencie : une jeune femme au cœur d’or qui parle aussi bien anglais que russe, deux Bretons aussi têtus l’un que l’autre, un chirurgien algérien qui a tout abandonné pour commencer une licence de droit, un SDF alcoolique, ainsi qu’un traducteur italien à la fois fervent catholique et fan du groupe anarchiste Ska-P. 😉

Pourtant, ils vont cheminer ensemble vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils vont affronter les mêmes épreuves sur un pied d’égalité. Avec les autres pèlerins, ils formeront une communauté très hétérogène, mais solidaire. Tous marchent pour une raison singulière, qu’ils en aient conscience ou non. Trouveront-ils ce qu’ils recherchent en cours de route ? 🌻

Photo de Guduru Ajay bhargav sur Pexels.com

Vous aimez lire les articles de « Délires de linguiste » ? 🙂 Quatre ans après avoir lancé ce blog, je publie Unis par le Camino. Ce roman original se développe autour du Chemin de Compostelle. Différents personnages évoluent au cœur de cette Espagne que j’aime tant. Ce voyage initiatique leur permet de soulever de grandes questions dans des dialogues constructifs, de se connecter à leur for intérieur et de se recentrer sur leurs aspiration les plus profondes. Vous retrouverez dans cet ouvrage ma passion pour les langues, mon goût de l’aventure et une bonne dose d’humour. 😉

Entre autres retours sur ce roman, un lecteur m’a dit que l’intrigue est bien construite, avec autant de suspense que vous êtes en droit de l’attendre. 😎

Cette idée de lecture vous intéresse ? Vous pouvez commander mon livre sur le site de l’éditeur.

Vous pouvez également vous le procurer dans la librairie de votre choix ou sur une plate-forme en ligne. Voici les références bibliographiques à fournir à votre libraire :

O’CREISREN, Jean. Unis par le Camino : une quête de sens sur le chemin de Compostelle. Saint-Ouen : Les Éditions du Net, 2023.

Bonne lecture et ultreïa ! 😉

Jean O’Creisren

Envie d’acheter des vêtements durables ?

Comment concilier élégance et développement durable ? Hors des boulevards de la fast-fashion, Bapheus propose une alternative qui allie qualité et respect de l’environnement.

Installé à Angers, Paul Saiveau a lancé une marque de vêtements durables. Souhaitant donner du sens à son activité professionnelle, cet ancien consultant a fondé Bapheus en vue de proposer un habillement élégant et écologique.

Entre autres, il fait produire des chemises, pulls, écharpes et T-shirts. Tous ses articles en cachemire sont de grade A. Composés par un textile au fil plus long, ils peuvent durer une trentaine d’années. Cela limite donc les déchets, ainsi que l’empreinte carbone liée à la production et à l’acheminement. Mais si ces produits de qualité sont plus chers que l’offre de la fast-fashion, cet investissement de départ est rentable sur le long terme. En effet, vous garderez ces habits bien plus longtemps, donc cela vous évitera de sortir votre porte-monnaie plusieurs fois pour des articles que vous ne pourrez porter que quelques années. Faire confiance à Bapheus est donc un choix écologique, mais aussi économique !

Par ailleurs, ces vêtements sont uniquement composés de matières naturelles. Un certain nombre d’articles sont fabriqués en laine mérinos provenant d’Italie. Paul fait également produire au Portugal et en Bulgarie. Contrairement aux grandes sociétés de la fast-fashion, Bapheus propose peu de produits provenant d’Extrême Orient. En fait, seuls des articles en cachemire de grade A sont confectionnés en Mongolie. Pourquoi un tel choix ? Il faut savoir qu’à l’échelle mondiale, cette matière textile est très majoritairement produite en Asie centrale et orientale. Il était donc difficile de faire autrement. Néanmoins, les usines où sont confectionnés ces articles se trouvent à proximité des élevages de chèvres fournissant la matière première. Comme vous pourrez le lire sur ce lien, cela permet donc de soutenir l’économie sur place tout en limitant l’empreinte carbone au début de supply chain. À court ou moyen terme, Bapheus souhaite localiser toute la production en Europe de l’Ouest, afin de favoriser encore davantage les circuits courts.

Vous souhaitez renouveler votre garde-robe avec des articles de qualité ? Vous voulez avoir du style tout en respectant l’environnement ? Alors n’hésitez pas à faire un tour sur la boutique de Bapheus en cliquant ici

Jean O’Creisren


Vous aussi, vous avez la fibre écologique ?

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Photos de l’étang Saint-Nicolas

Aujourd’hui, nous fêtons la Saint-Nicolas. En Allemagne et dans l’Est de la France, le 6 décembre est associé à une festivité où les enfants reçoivent des cadeaux. En effet, on dit que saint Nicolas faisait preuve d’une grande bonté envers les plus jeunes et les plus démunis. Si vous souhaitez en savoir plus, cliquez ici.

À Angers, Saint-Nicolas était le nom d’une abbaye fondée au XIe siècle par Foulque Nerra. À cette occasion, ce duc d’Anjou élargit le lit de la petite rivière qui coulait en contrebas. Ainsi, il la transforma en étang. Plus tard, on ouvrit une carrière d’ardoises sur ce lieu, qui se situe actuellement entre le quartier de Belle-Beille et la ville d’Avrillé.

Quand vous vous promenez au bord de l’étang Saint-Nicolas, vous oublierez que vous êtes à Angers. Vous avez l’impression de longer une rivière. Seules les lentilles d’eau et autres plantes aquatiques vous font prendre conscience que cette étendue tout en longueur est relativement stagnante. Quelle que soit la saison, vous vous émerveillerez de cette nature rayonnante. Les roches découpées de cette ancienne carrière, la richesse de la faune et de la flore, la variété des paysages, les reflets sur la surface de l’étang : tout vous invite à la contemplation. Comme les joggers, les promeneurs et les pêcheurs, n’hésitez pas à vous échapper de la ville pour vous ressourcer dans ce paradis de verdure…

La nature est belle et il faut la respecter. Mais de mon point de vue, l’écologie ne doit pas s’arrêter là. Comme le Pape François nous y invite dans Laudato Si’, n’oublions pas que notre environnement est l’œuvre de Dieu. La beauté de la création nous invite donc à contempler le Créateur, à répondre à Son amour en suivant ce que Jésus considère comme les deux premiers commandements :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt 22, 37-40, source : AELF).

Voici mon point de vue sur la question, mais chacun est libre d’y adhérer ou non. 😊 Si vous vous posez des questions sur l’existence de Dieu et le sens de la vie, je vous invite à lire cet article.

Sur ce, voici quelques photos de l’étang Saint-Nicolas. Elles ont été prises en automne, sous des ciels plus ou moins lumineux. Si vous venez à Angers, n’hésitez pas à faire un tour dans ce beau parc ; vous ne serez pas déçu(e)…

Ce monument a été érigé en hommage aux résistants fusillés par les nazis à cet endroit pendant la Seconde Guerre mondiale.

Vous souhaitez en savoir plus sur l’étang Saint-Nicolas à Angers ? Vous trouverez de plus amples informations sur ce lien.

Bonne Saint-Nicolas à toutes et à tous ! Dieu vous bénisse !

Jean O’Creisren


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¿Quién era el beato Natal Pinot?

En 1794, a finales de la Revolución Francesa, guillotinan a un sacerdote refractario en la ciudad de Angers. En esa diócesis parcialmente devastada por las guerras de Vandea, al beato Natal Pinot lo veneran como mártir local. Su sacrificio corona una vida totalmente entregada al servicio de los demás. Pero ¿en qué el ejemplo de aquel hombre muerto hace más de 200 años puede servirnos hoy en día?

¿Quién era Natal Pinot?

Nacido en Angers en 1747, Natal es el pequeño de una familia numerosa. A los 18 años, ingresa al seminario mayor y es ordenado sacerdote cinco años después, en 1770. Después de once años como vicario en distintas parroquias, es nombrado capellán para los pacientes incurables del hospital de Angers. Al velar a los enfermos, muestra una devoción ejemplar y todo el mundo lo quiere.

En paralelo con este servicio, prosigue sus estudios en la universidad para que puedan nombrarlo párroco. Una vez conseguido el diploma, es enviado al Louroux-Béconnais, al oeste de Angers, en 1788. Allí presta una atención especial a los pobres. A veces hasta se priva de la comida y de la ropa que necesita. «Les aseguro que esta pobre viuda ha dado más que nadie. Porque todos los demás dieron como ofrenda algo de lo que les sobraba, pero ella, de su indigencia, dio todo lo que tenía para vivir» (Lc 21, 3-4). Lo que Jesús dijo de esa viuda en este fragmento del Evangelio según san Lucas, habría podido decirlo de Natal Pinot.

En 1789 estalla la Revolución Francesa. Al principio, el padre Pinot tiene una opinión más bien positiva respecto a ese cambio. En efecto, éste promete salir de la miseria a los más desfavorecidos. Sin embargo, cuando promulgan la Constitución civil del clero, el párroco del Louroux se opone. En efecto, esta ley obliga a la Iglesia a que se someta al Estado. Los clérigos pasarán a ser funcionarios. A los obispos ya no los nombrará el Papa, sino que los elegirán todos los ciudadanos, sean éstos católicos o no. En este sentido, se puede considerar a los sacerdotes que se oponen a ese texto como defensores de la laicidad. Quieren separar la Iglesia y el Estado. Esos sacerdotes llamados «refractarios» son numerosos en el oeste de Francia. Se niegan a prestar juramento ante la Constitución para permanecer fieles al Papa. En 1791, Natal Pinot explica ese rechazo en una homilía. Entonces los soldados lo detienen.

Después de dos años de cárcel en Baupréau, en el sur del departamento francés de Maine y Loira, ve cambiar las tornas. Estallan las guerras de Vandea. Unos campesinos se sublevan contra la República, en particular para defender a los sacerdotes refractarios. Librado por los rebeldes, Natal regresa a su parroquia, en donde deberá celebrar la misa clandestinamente. En efecto, un sacerdote fiel a la Revolución ha sido nombrado en su lugar y el padre Pinot tendrá que esconderse en casas de parroquianos.

A lo largo del conflicto, el ejército católico y real de Vandea va sufriendo derrotas. Natal está en peligro, pero quiere quedarse con sus feligreses. Los soldados lo buscan, mas sus amigos corren riesgos para que él pueda seguir viviendo en la comarca.

Finalmente, alguien lo delata en febrero de 1794 y lo detienen en la aldea de La Milandrie. Llevado a Angers, no denuncia a ninguna de las personas que lo ayudaron. Su juez es un sacerdote que ha colgado los hábitos. Éste condena a muerte al prisionero, y le propone que suba al patíbulo llevando sus vestidos litúrgicos. ¿Es para provocarlo o para honrarlo? Nadie sabe. Sea lo que sea, Natal acepta alegremente. Entonces es vestido para celebrar la Eucaristía como avanza hacia la guillotina, el viernes, 21 de febrero de 1794, sobre las tres de la tarde. Dicen que en aquel momento pronunció las primeras palabras de la misa tridentina: «Introibo at altare Dei»[1]. Así que su martirio queda asociado con el sacrifico de Cristo en la cruz.

El 31 de octubre de 1926, el Papa Pío XI beatifica a Natal Pinot. Como beato, se le puede rendir culto público únicamente en la diócesis de Angers.


¿Qué nos enseña hoy la vida de Natal Pinot?

Existen muchas formas de ser santo. Cada uno puede serlo en su manera propia. Los cuya santidad reconoció la Iglesia vivieron el Evangelio de forma heroica y/o murieron por su fe. Sus vidas son testimonios, pero el único ejemplo que hemos de imitar es Cristo.

¿Qué testimonio nos aporta la vida del beato Natal Pinot?

Primero, su sacerdocio ya es un don y un sacrificio. No tuvo miedo de ponerse radicalmente al servicio de los pobres y de los enfermos. En el seguimiento de Natal Pinot, ¡no dudemos en arremangarnos, e incluso a dar desde nuestra pobreza a los que no tienen nada! Existen muchísimas formas de implicarse: tomarse el tiempo para hablar con las personas que mendigan, darles dinero o darles de comer si nos conviene este modo de obrar… También podemos apoyar asociaciones serias que ayudan a los más desfavorecidos. Por ejemplo, podemos donar a Cáritas o a la Sociedad de San Vicente de Paúl. Mas, lo que podemos dar no es solo lo material. Podemos dar nuestro tiempo, nuestras competencias, nuestra oración o nuestra sonrisa. 

Por fin, Natal Pinot sufrió el martirio porque quiso permanecer fiel a Cristo. Hoy en día, muchos cristianos siguen siendo perseguidos en numerosos países. ¿Qué hacemos para ellos? Varias asociaciones, como la Ayuda a la Iglesia Necesitada, les proporcionan apoyo. Ahí también, ¡podemos dar nuestro tiempo, nuestro dinero, nuestras competencias y/o simplemente nuestra oración para ayudar a nuestros hermanos y hermanas en la fe! Ellos también nos echarían una mano si estuviéramos en su lugar.

En el seguimiento del párroco del Louroux-Béconnais, una decena de fieles, clérigos y laicos, están comprometidos en el seno del Oratorio del beato Natal Pinot. De diversas sensibilidades eclesiales, tienen en común un sentido social y una atención a los más pobres. En su vida personal, profesional y/o asociativa, ayudan a distintas personas en dificultades: romaníes, inmigrantes, personas que sufren de distintas adicciones, sin techo, personas mayores, personas discapacitadas… Reconocida a la vez por la Iglesia Católica y por el Estado francés, esta asociación trata de seguir a Cristo y al beato. Como pobres entre los pobres, los miembros procuran anunciar el Evangelio a las personas que se encuentran al margen de la sociedad.

¿Y nosotros? ¿Qué hacemos por nuestros hermanos y nuestras hermanas en dificultades? ¿Nos tomamos tiempo para vivir el Evangelio con una caridad radical? ¿Escuchamos a Aquél que dijo: «En esto todos reconocerán que ustedes son mis discípulos: en el amor que se tengan los unos a los otros»?[2]

Beato Natal Pinot, ¡intercede para que sepamos imitar a Jesús!

Jean O’Creisren

Beato Natal Pinot

Presbítero y mártir (1747-1794‍)

Oh Dios nuestro Padre, te damos gracias por el ejemplo que nos diste mediante la vida del beato Natal Pinot. Le concediste la gracia de luchar en la buena batalla de la unidad de la Iglesia, así como el celo de cuidar a los pobres y de anunciar con amor el Evangelio. Por amor no dudó en prodigar la caridad a los más pequeños que padecían necesidad. Por amor no dudó en abandonarse a ti al ofrecerte su vida en el cadalso. Hasta el último momento cantó tus alabanzas, dejándonos el sumo testimonio del amor. Te rogamos para que, mediante su canonización, la Iglesia reconozca la santidad de su vida. Que su ejemplo nos permita comprender más cómo sacerdotes y laicos están, juntos, al servicio de tu Evangelio según su vocación propia. Que deseemos profundamente la unidad de la Iglesia y que nuestro amor a los pobres sea inagotable. Por su intercesión, concédenos, según tu voluntad, las gracias que te pedimos… Permite por fin que, por la intercesión del beato Natal Pinot, seamos heraldos del Evangelio y prosigamos en el mundo, la obra de Jesucristo, tu Hijo, nuestro Señor, que vive y reina contigo en la unidad del Espíritu Santo, y es Dios por los siglos de los siglos. Amén‍‍

Imprimátur: Mons. Emmanuel Delmas, obispo de Angers (18 de abril de 2022)

Si usted consigue gracias por la intercesión del beato, le rogamos se comunique con nosotros a la dirección siguiente: «Oratoire Bx Noël Pinot – Centre Saint Jean – 36 rue Barra – 49000 ANGERS – FRANCIA» o envíe un correo electrónico a: oratoirebxnoelpinot@gmail.com


Créditos de imagen: Oratorio del beato Natal Pinot.


[1] «Subo al altar de Dios».

[2] Jn 13, 35


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Photos du château d’Angers

Ville réputée pour sa douceur et sa qualité de vie, Angers est également chargée d’histoire. Si vous y venez, vous ne pourrez pas manquer son imposant château médiéval. Depuis des siècles, il trône en plein centre-ville. Du haut d’un éperon rocheux, il surplombe la Maine et fait face au quartier historique de la Doutre.

Les lieux sont habités par l’homme depuis le néolithique. Pendant l’Antiquité, les Gaulois puis les Romains ont occupé le site à leur tour. Construite en schiste et en tuffeau, la forteresse date du XIIIe siècle. Au Moyen Âge, le château d’Angers était la demeure des ducs d’Anjou. Parmi eux, le Roi René fut un illustre personnage de l’histoire locale.

Outre ses hautes tours, ses murailles imposantes, son fier logis et sa petite chapelle, l’édifice abrite la tapisserie de l’Apocalypse. Ce joyau du XIVe siècle est l’une des perles de l’Anjou. Une visite guidée vous permettra de bien comprendre toute la symbolique de cette œuvre majestueuse.

Au pied du château, des douves sèches ont été aménagées en beaux jardins à la française.

Aujourd’hui, nous fêtons la Saint-Maurice. Le 22 septembre fait mémoire de ce soldat romain mort en martyr au IIIe siècle avec plusieurs compagnons d’armes. C’est sous son patronage qu’a été placé le diocèse d’Angers. La cathédrale Saint-Maurice se trouve d’ailleurs juste à côté du château. Vous la verrez donc apparaître sur certains clichés

Fier de la ville d’Angers et de son histoire, je vous présente les photos que j’ai prises de cet édifice incontournable. Cette galerie montre toujours l’extérieur du château, sous différents angles et à différents moments de la journée. Bonne visite ! 😊

Ces photos vous ont plu ? Qu’attendez-vous pour visiter le château d’Angers ? Vous trouverez de plus amples informations (tarifs, horaires, etc.) sur ce lien.

Jean O’Creisren


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Bx Noël Pinot : quel exemple pour nous aujourd’hui ?

En 1794, un prêtre réfractaire est guillotiné à Angers. Dans ce diocèse en partie ravagé par les guerres de Vendée, le bienheureux Noël Pinot est vénéré en tant que martyr local. Son sacrifice couronne une vie toute donnée au service des autres. Mais en quoi l’exemple de cet homme mort il y a plus de 200 ans peut nous parler aujourd’hui ?

Qui était Noël Pinot ?

Né à Angers en 1747, Noël est le dernier enfant d’une famille nombreuse. À 18 ans, il entre au grand séminaire et est ordonné prêtre cinq ans plus tard, en 1770. Après onze ans comme vicaire de diverses paroisses, il est nommé aumônier des incurables d’Angers. Au chevet des malades, il montre un dévouement exemplaire et tout le monde l’apprécie.

En parallèle de ce service, il poursuit ses études à l’université afin de pouvoir être nommé curé. Une fois diplômé, il est envoyé dans la paroisse du Louroux-Béconnais, à l’ouest d’Angers, en 1788. Il y montre une attention particulière pour les pauvres, parfois jusqu’à se priver de la nourriture et du linge dont il a besoin. « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre » (Lc 21, 3-4). Ce que Jésus a dit de cette veuve dans ce passage de l’Évangile de Luc, il aurait pu le dire de Noël Pinot.

En 1789, la Révolution éclate. Au début, l’abbé Pinot se montre plutôt favorable à ce changement car il promet de sortir les plus démunis de la misère. Mais lorsqu’est promulguée la Constitution civile du clergé, le curé du Louroux s’y oppose. En effet, cette loi oblige l’Église à se soumettre à l’État. Les clercs deviendront des fonctionnaires. Les évêques ne seront plus nommés par le Pape, mais élus par tous les citoyens, qu’ils soient catholiques ou non. En ce sens, les prêtres qui s’opposent à ce texte peuvent être considérés comme des défenseurs de la laïcité. Ils entendent séparer l’Église et l’État. Ces prêtres dits « réfractaires » sont nombreux dans l’Ouest. Ils refusent de prêter serment à la Constitution pour rester fidèles au Pape. En 1791, Noël Pinot explique ce refus dans une homélie et est arrêté.

Après deux ans de prison à Baupréau, dans le sud du Maine-et-Loire, il voit le vent tourner. Les guerres de Vendée éclatent. Des paysans se révoltent contre la République, notamment pour défendre les prêtres réfractaires. Libéré par les rebelles, Noël retourne donc dans sa paroisse, où il devra célébrer dans la clandestinité. En effet, un prêtre fidèle à la Révolution a été nommé à sa place et l’abbé Pinot devra se cacher chez des paroissiens.

Au fil du conflit, les Vendéens enchaînent défaite sur défaite. Noël est en danger, mais il tient à rester auprès de ses ouailles. Les soldats le recherchent mais ses amis prennent des risques pour qu’il puisse rester dans la région.

Finalement, il est dénoncé en février 1794 et arrêté au hameau de La Milandrie. Emmené à Angers, il ne dénonce aucune des personnes qui l’ont aidé. Son juge est un prêtre défroqué. Celui-ci condamne à mort le prisonnier et lui propose de monter à l’échafaud vêtu de ses habits liturgiques. Est-ce par provocation ou pour lui faire honneur ? Nul ne le sait. Quoi qu’il en soit, Noël accepte avec joie. C’est donc en tenue de célébrant qu’il marche vers la guillotine, le vendredi 21 février 1794, vers trois heures de l’après-midi. Il aurait alors prononcé les premiers mots de la messe en rite tridentin : « Introibo at altare Dei »[1]. Son martyre est ainsi associé à celui de Jésus sur la croix.

Le 31 octobre 1926, le Pape Pie XI béatifie Noël Pinot. En tant que bienheureux, il peut recevoir un culte public uniquement au sein du diocèse d’Angers.

Que nous dit aujourd’hui la vie de Noël Pinot ?

Il existe de nombreuses manières d’être saint. Chacun peut l’être à sa façon. Ceux que l’Église a reconnus comme tels ont vécu l’Évangile de manière héroïque et/ou sont morts pour leur foi. Leurs vies sont des témoignages, mais le seul exemple que nous devons imiter reste le Christ.

Quel témoignage nous apporte la vie du bienheureux Noël Pinot ?

Tout d’abord, sa vie de prêtre est déjà un don et un sacrifice. Il n’a pas eu peur de se mettre radicalement au service des pauvres et des malades. À sa suite, n’hésitons pas à nous retrousser les manches, à donner même de notre nécessaire à ceux qui n’ont rien ! Il existe mille et une façons de s’investir. Aller discuter avec les personnes qui font la manche, éventuellement leur donner de l’argent ou de la nourriture si nous sommes à l’aise avec ces manières de procéder. Nous pouvons aussi soutenir des associations sérieuses qui viennent en aide aux plus démunis. C’est notamment le cas du Secours Catholique ou de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Mais donner ne se résume pas à ce qui est matériel. Nous pouvons donner notre temps, nos compétences, notre prière, notre sourire. 😊

Enfin, Noël Pinot a subi le martyre parce qu’il voulait rester fidèle au Christ. Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens sont encore persécutés dans de nombreux pays. Que faisons-nous pour eux ? Plusieurs associations, comme l’Aide à l’Église en Détresse, œuvrent à leurs côtés. Là aussi, nous pouvons donner de notre temps, de notre argent, de nos compétences et/ou tout simplement notre prière pour aider nos frères et sœurs dans la foi ! Eux aussi nous tendraient la main si nous étions à leur place.

À la suite du curé du Louroux, une dizaine de fidèles, clercs et laïcs, sont engagés au sein de l’Oratoire bienheureux Noël Pinot. De sensibilités ecclésiales diverses, ils ont en commun une fibre sociale et une attention aux plus pauvres. Dans leur vie personnelle, professionnelle et/ou associative, ils viennent en aide à différentes personnes en difficulté : Roms, migrants, personnes souffrant d’addictions, SDF, personnes âgées, personnes en situation de handicap… Reconnue à la fois par l’Église et par l’État, cette association marche à la suite du Christ et du bienheureux. Pauvres au milieu des pauvres, ses membres aspirent à annoncer l’Évangile aux personnes qui se trouvent en marge de la société.

Et nous ? Que faisons-nous pour nos frères et sœurs en difficulté ? Prenons-nous le temps de vivre l’Évangile dans une charité radicale ? Écoutons-nous celui qui a dit : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres »[2] ?

Bienheureux Noël Pinot, intercédez pour que nous sachions imiter Jésus !

Jean O’Creisren

Crédits image : Fraternité de l’Oratoire Bienheureux Noël Pinot.


[1] « Je monte à l’autel de Dieu »

[2] Jn 13, 35


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Vous pouvez le relire en espagnol sur ce lien.


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Ah, Angers ! Cette ville où il fait si bon vivre ! De Joachim du Bellay aux enquêtes sur la qualité de vie en passant par le journal espagnol El País, tout le monde vante la « douceur angevine »…

Mais savez-vous qu’en Anjou, on parle aussi un français un peu différent ? Ce phénomène est observé par la linguiste Henriette Walter dans L’aventure des langues en Occident. La professeure émérite à Rennes-II remarque que le patois angevin a disparu, mais qu’il a laissé des traces sur le parler du Maine-et-Loire. Nous allons voir quelques exemples…

Baner :

Ce verbe signifie « pleurer » ou « crier ». Quand j’étais en primaire, mes camarades et moi utilisions ce terme de manière très courante, comme nous aurions dit « chialer ». En jour, j’étais en train de discuter avec des cousins d’Orléans. Je leur ai parlé d’un enfant qui était en train de baner. Ils n’ont évidemment rien compris. Je me suis demandé d’où ils sortaient, pour ne pas saisir un verbe familier si courant. Ce n’est que des années plus tard que j’ai appris que c’est du patois.

Barrer une porte :

Cette expression signifie « fermer une porte à clef ». Il paraît que ça se dit en Anjou, mais je ne l’ai pas souvent entendu.

Berouette / berrouette :

Brouette. Si vous voulez entendre ce mot, venez pratiquer des activités agricoles dans la région !

Bouiner :

Ce verbe signifie « ne rien faire ». On pourrait le comparer à « glander ». Pour demander « qu’est-ce que tu fais ? » (parfois sous-entendu « on t’attend »), on dira : « qu’est-ce que tu bouines ? »

Brâiller :

Au même titre que « baner », on utilisera ce terme pour parler d’un enfant qui pleure de façon sonore.

Crayon de bois :

Suivant les régions, la mine graphite est appelée différemment. En Anjou, ce n’est ni « crayon à papier » ni « crayon gris », mais plutôt « crayon de bois ». Et ce, même lorsque ces fournitures ne contiennent pas un gramme de matière végétale…

Crémet :

Dessert typiquement angevin. Vous en trouverez la recette ici.

Du coup :

Cette expression, qui signifie « par conséquent », est tout à fait française. Mais j’ai l’impression qu’à Angers, on l’utilise plus qu’ailleurs. Moi-même, je ne suis pas épargné…

Goule :

En patois angevin, on utilise « goule » comme on dirait « gueule » en français familier : « je me suis cassé la goule. »

Liaisons en [n] :

En primaire, je remarquais que certains de mes camarades faisaient des liaisons en [n]. Par exemple, au lieu de dire « il en faut encore », ils disaient « y n’en faut encore ». Je pensais qu’il s’agissait d’une erreur d’enfants qui apprenaient à parler. Mais juste après le bac, j’ai fait la cueillette de pommes avec des adultes qui parlaient de cette façon. Depuis, j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres personnes s’exprimant ainsi. J’ai donc compris que c’est la façon dont on parle dans les campagnes du Haut-Anjou. Personnellement, je trouve que ça comporte un certain charme…

Patouille :

J’ai souvent entendu ce mot étant enfant. Je viens de découvrir que c’est du patois. En gros, la patouille correspond à un truc visqueux et pas très propre. Par exemple, quand un enfant joue avec de la boue ou mélange des aliments qui n’ont rien à voir. Encore aujourd’hui, je fais de la patouille en compostant mes déchets sur mon appui de fenêtre.

Pigner :

Verbe signifiant « geindre » / « pleurnicher ».

Topette :

Non, non, ce n’est pas une insulte homophobe ! « Topette ! » (parfois orthographié « Tôpette ! ») signifie « Au revoir ! » On utilise cette formule pour prendre congé d’une personne avec qui on est familier.

Pour terminer, je vous propose un petit dialogue plein de clichés pour illustrer la douceur de la langue angevine :

— Pourquoi barres-tu la porte avec cette berouette ?

— Parce que mon gamin est en train de brâiller et qu’on ne s’entend plus !

— Du coup, pourquoi il bane comme ça ?

— Il s’est cassé la goule en faisant de la patouille. Il mettait du Côteaux du Layon dans son crémet et il a glissé dessus…

— Y n’en faut peu, pour faire pigner un môme !

— N’insulte pas mon fils, l’ami ! Et d’abord, qu’est-ce que tu bouines ? Tu ne devais pas descendre la Loire sur ta gabare ?

— Certes ! Je me taille ! Topette !

Pour plus d’informations sur le patois angevin, cliquez ici ou ici !

Si vous le souhaitez, vous pouvez également lire « Quand on parle du loup… », une nouvelle dans laquelle certains personnages s’expriment dans le parler populaire du Pays fléchois, mélangeant patois angevin et sarthois.

Voilà pour la leçon de linguistique d’aujourd’hui ! J’espère que ça vous a plu… À bientôt pour de nouveaux articles ! Topette ! 😉


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