¡¡Hola tod@s!!
Ces jours-ci, je passe les oraux de l’agrégation externe d’espagnol. C’est dans cette optique que j’ai écrit il y a quelques mois « L’ingérence et la corruption dans l’histoire politique de l’isthme de Panama (1501-1941) ».
Ce dimanche 23 juin an de grâce 2024, je sors de ma première épreuve (explication de texte, avec un sujet très perché) et je discute avec d’autres candidats, notamment de l’épreuve de commentaire linguistique, à laquelle nous aurons droit demain. Je me rends compte que je suis complètement à la ramasse dans ce que je suis censé connaître. Vous me connaissez : j’aime les défis ! 💪 Ceux s’entre vous qui me suivent depuis longtemps savent que je peux me taper 20h de car pour éviter de polluer en prenant l’avion et que je suis capable de marcher 40 km en un jour en mode clodo parce que je dois arriver à telle date à tel endroit pour pouvoir faire la manche. Ceux qui me connaissent personnellement savent aussi que je peux passer une nuit blanche pour fignoler une traduction avant de sauter dans un covoiturage pour réclamer mon visa au consulat d’Algérie. Récemment, je me suis couché à 5h50 pour corriger des copies dans les délais et me suis levé à 7h pour pouvoir faire passer des oraux à 8h30. Cette agreg, je la prépare en mode guerrier, avec les moyens du bord, donc j’ai un peu dépassé ma dose habituelle de caféine pour rédiger cet article avant de me reposer pour l’épreuve de linguistique du lendemain. 😉

Voici l’extrait que j’ai choisi de commenter, tiré de Los Sueños, de Francisco de Quevedo (Espagne, première moitié du XVIIe siècle). Il s’agit d’un sujet qui est tombé à la session 2023.
PRÓLOGO AL INGRATO Y DESCONOCIDO LECTOR
Eres tan perverso que ni te obligué llamándote pío, benévolo ni benigno en los demás discursos porque no me persiguieses; y ya desengañado quiero hablar contigo claramente. Este discurso es el del infierno; no me arguyas de maldiciente porque digo mal de los que hay en él, pues no es posible que haya dentro nadie que bueno sea. Si te parece largo, en tu mano está: toma el infierno que te bastare y calla. Y si algo no te parece bien, o lo disimula piadoso o lo enmienda docto, que errar es de hombres y ser herrado de bestias o esclavos. Si fuere oscuro, nunca el infierno fue claro; si triste y melancólico, yo no he prometido risa. Solo te pido, lector, y aun te conjuro por todos los prólogos, que no tuerzas las razones ni ofendas con malicia mi buen celo. Pues, lo primero, guardo el decoro a las personas y solo reprehendo los vicios; murmuro los descuidos y demasías de algunos oficiales sin tocar en la pureza de los oficios; y al fin, si te agradare el discurso, tú te holgarás, y si no, poco importa, que a mí de ti ni dél se me da nada. Vale.
DISCURSO
Yo, que en el Sueño del Juicio vi tantas cosas y en El alguacil endemoniado oí parte de las que no había visto, como sé que los sueños las más veces son burla de la fantasía y ocio del alma, y que el diablo nunca dijo verdad, por no tener cierta noticia de las cosas que justamente nos esconde Dios, vi, guiado del ángel de mi guarda, lo que se sigue, por particular providencia de Dios; que fue para traerme, en el miedo, la verdadera paz. Halléme en un lugar favorecido de naturaleza por el sosiego amable, donde sin malicia la hermosura entretenía la vista (muda recreación), y sin respuesta humana platicaban las fuentes entre las guijas y los árboles por las hojas, tal vez cantaba el pájaro, ni sé determinadamente si en competencia suya o agradeciéndoles su armonía. Ved cuál es de peregrino nuestro deseo, que no halló paz en nada desto. Tendí los ojos, cudiciosos de ver algún camino por buscar compañía, y veo, cosa digna de admiración, dos sendas que nacían de un mismo lugar, y una se iba apartando de la otra como que huyesen de acompañarse. Era la de mano derecha tan angosta que no admite encarecimiento, y estaba, de la poca gente que por ella iba, llena de abrojos y asperezas y malos pasos. Con todo, vi algunos que trabajaban en pasarla, pero por ir descalzos y desnudos, se iban dejando en el camino unos el pellejo, otros los brazos, otros las cabezas, otros los pies, y todos iban amarillos y flacos. Pero noté que ninguno de los que iban por aquí miraba atrás, sino todos adelante. Decir que puede ir alguno a caballo es cosa de risa. Uno de los que allí estaban, preguntándole si podría yo caminar aquel desierto a caballo, me dijo:
-San Pablo le dejó para dar el primer paso a esta senda.
Y miré, con todo eso, y no vi huella de bestia ninguna. Y es cosa de admirar que no había señal de rueda de coche ni memoria apenas de que hubiese nadie caminado por allí jamás. Pregunté, espantado desto, a un mendigo que estaba descansando y tomando aliento, si acaso había ventas en aquel camino o mesones en los paraderos.
Respondióme:
–¿Venta aquí, señor, ni mesón? ¿Cómo queréis que le haya en este camino, si es el de la virtud? En el camino de la vida -dijo- el partir es nacer, el vivir es caminar, la venta es el mundo, y en saliendo della, es una jornada sola y breve desde él a la pena o a la gloria.
Diciendo esto se levantó y dijo:
-¡Quedaos con Dios!; que en el camino de la virtud es perder tiempo el pararse uno y peligroso responder a quien pregunta por curiosidad y no por provecho.
Source : Francisco de Quevedo, Los Sueños, https://freeditorial.com/es/books/sueno-del-infierno/readonline [consultée le 14 juin 2024]. Référence exacte de l’extrait : QUEVEDO, Francisco de, Los sueños, « Sueño del infierno », page 170, depuis « PRÓLOGO AL INGRATO… » jusqu’à « por curiosidad y no por provecho », p. 174.
- Lecture de l’extrait : comment prononcer et justifier la prononciation ?
Voici ce que précise le Rapport du jury de la session 2023 :
« Le texte de Quevedo, daté de 1627, est publié alors que la vélarisation visant à différencier le phonème fricatif palatal du phonème fricatif apico-alvéolaire est désormais attestée. Il convient donc de produire cette vélarisation pour réaliser phonétiquement le graphème « j » et le graphème « g » (+voyelle palatale). La réalisation interdentale du phonème fricatif (pré)-dorso-dental issu de la désaffrication n’a, elle, en revanche, pas encore eu totalement lieu au moment où l’œuvre est publiée. Il n’est donc pas correct de produire un son interdental ([θ]) pour réaliser phonétiquement les graphèmes « z » (+ voyelle centrale ou voyelle vélaire) et « c » (+ voyelle palatale) ; en outre, le phénomène du yeísmo, qui consiste à ne pas opérer la distinction phonétique entre le phonème liquide latéral palatal correspondant au digraphe « ll » et celle du phonème fricatif palatal central correspondant au graphème « y » (+ voyelle) est attesté dès la fin du Moyen Âge, même s’il reste longtemps marginal. Au XVIIe siècle, il est encore considéré comme populaire ; le statut social de Quevedo et la nature même de son texte invitent donc, sur critère diastratique, à maintenir la distinction et à ne pas proposer de lecture yeísta. »
Sarah VOINIER et Cyril MÉRIQUE
Par ailleurs, comme l’observe Cristina Tabernero Sala dans le chapitre “La lengua española del Siglo de Oro en Los sueños de Quevedo”, c’est au cours de cette période que s’achève le processus de distinction phonologique entre la bilabiale occlusive /b/ et la fricative /v/.
Source : Javier Espejo Surós y Carlos Mata Induráin (eds.), Lienzos ficticios, fantasías oníricas. Estudios en torno a «Los sueños» de Quevedo, Pamplona, Servicio de Publicaciones de la Universidad de Navarra, 2023. Colección BIADIG (Biblioteca Áurea Digital), 70 / Publicaciones Digitales del GRISO. ISBN: 978-84-8081-755-4. [disponible gratuitement sous format numérique sur le site de l’Université de Navarre]
- Qu’en est-il au niveau de la graphie ?
À l’époque de Quevedo, les normes graphiques du castillan n’étaient pas établies de manière aussi stricte qu’aujourd’hui. Dans cet extrait, on observe notamment l’adjectif masculin pluriel cudiciosos (cupides). Dans d’autres passages, l’auteur hésite entre cudicia et la forma actuelle codicia pour faire référence à la convoitise et à la cupidité.
Dérivé du latin fabulare, le verbe hablar (parler) a déjà remplacé le F initial de l’étymon, disparu phonétiquement, par un H au niveau graphique.
- Exercice de phonétique historique
Apprenant la veille pour le lendemain qu’il faut être capable de mener un exercice de linguistique diachronique montrant comment tel mot est passé du latin à l’espagnol, je regrette de ne pas avoir pris de temps de consulter mes cours de L2. Pas de panique ! J’ai trouvé une ressource très intéressante en la matière (émanant de la Xunta de Galice) et j’ai bûché dessus pendant une bonne partie de l’après-midi. 😊
Remontons donc, pour commencer, l’étymologie du mot infierno (enfer), qui apparaît non seulement dans l’extrait à analyser, mais aussi maintes fois dans l’ouvrage. L’étymon latin est l’adjectif īnfernus, a, um, qui signifie « d’en bas, d’une région inférieure » ou « des enfers, infernal » (source : Gaffiot). Cette entrée nous renvoie à īnfernī, ōrum, m., à savoir « le séjour des dieux », qui est le pluriel d’un substantif de la deuxième déclinaison propre au latin d’Église : « īnfernus, ī, m., l’enfer » (source : Gaffiot). Le substantif espagnol infierno dérive de l’accusatif īnfernum de ce dernier. Dans ce cas comme systématiquement, le -m final disparaît. En espagnol, l’accent tonique tombe sur l’avant-dernière syllabe, puisque le mot, devenu infernu-, se termine par une voyelle. Or, le E tonique du latin diphtongue en IE, tandis que la position finale de la voyelle -u non accentuée s’ouvre en /o/. Cela nous donne bien le substantif infierno.
Essayons avec un autre exemple, à savoir le substantif diablo, qui vient du latin tardif « dĭăbŏlus, ī, m. ([du grec] διάϐολος), le diable, l’esprit de mensonge » (RAE et Gaffiot). Il s’agit également d’un étymon issu de la deuxième déclinaison des noms masculins, dont l’accusatif singulier est donc dĭăbŏlum. De la même manière, le -m final disparaît et le -u atone qui se retrouve donc en position finale s’ouvre en /o/. À l’exception du A, les voyelles post-tonique ont tendance à disparaître, à l’instar du I de nobilem qui devient noble ou du U de tabulam qui évolue en tabla. Ici, cela s’applique au phonème post-tonique /o/. *diábolo devient diablo.
Prenons enfin de verbe nacer (naître), qui apparaît à la troisième personne du pluriel à l’imparfait de l’indicatif : nacían. En latin, « ils/elles naissaient » se dit nascebantur (du verbe déponent nascor, nascĕris, natus sum, nata sum, natum sum…, – , nasci). Bon, ça paraît tordu… Je vais essayer avec un autre mot. 😉
Derecha (droite) vient de « dīrēctus (dērēctus), a, um, part. de dirigo pris adjt, […] qui est en ligne droite ». On part de l’accusatif féminin dīrēctam, où le -m final est élidé. Le /i/ long de la syllabe initiale devrait se maintenir, mais semble s’ouvrir en /e/. En fait, il ne s’agit pas d’une aperture, puisque dērēcta(m) est une variante de dīrēcta(m) en latin. Le groupe consonantique CT se palatalise en /tʃ/ sous l’influence d’un yod. Le /k/ se vocalise en dans un premier temps en Y, empêchant la diphtongaison du E tonique en IE. Le groupe /kt/ évoluera donc en /Yt/ avant de se palataliser en /tʃ/. À l’instar de noctem qui devient noche, dērēctam se transforme au fil du temps en derecha.
- Exposé de la morphosyntaxe
Chez Quevedo, les laísmos, leísmos et loísmos sont assez fréquents. Dans cet extrait, nous ne repérons qu’un cas de leísmo, dans la réplique suivante : “¿Venta aquí, señor, ni mesón? ¿Cómo queréis que le haya en este camino, si es el de la virtud?” Ici, le pronom personnel le est inapproprié, puisqu’il ne remplit pas une fonction de COD, mais de COI renvoyant à venta et à mesón. Collectivement, ces deux substantifs donnent lieu à un masculin pluriel, donc le pronom COD devrait être los.
À ce stade de l’évolution de la langue, on note des cas d’enclise à la suite de verbes conjugués à la première personne du singulier au passé simple : Halléme. Cet usage n’est plus en vigueur en espagnol contemporain.
On note aussi quelques cas de construction partitive, avec le possessif contractant la préposition de avec un pronom personnel (dél), ou une contraction du même type avec le démonstratif neutre esto, ce qui donne desto. Cela est typique de l’espagnol archaïque et existe encore en portugais.
- Rubrique de sémantique et pragmatique
La sémantique est la branche de la linguistique qui étudie la question du sens. La pragmatique est un autre champ des sciences du langage, assez récent. Si vous voulez en savoir plus, vous auriez pu lire il y a encore quelques mois un article de Jacques Moeschler qui n’est plus en ligne. À titre personnel, j’ai eu des cours de pragmatique à la fac il y a un certain nombre d’années. Je n’y comprenais absolument rien, les autres étudiants non plus, et le prof sans doute pas beaucoup plus que nous. À l’heure où je publie cet article, nous sommes à moins de 13 heures du moment où je recevrai mon sujet. J’ai donc autre chose à faire que de me casser la tête sur cette discipline ésotérique (dont dormir une nuit à peu près complète). Ainsi, je vais me concentrer sur la sémantique.
Quelques mois plus tard, je mets à jour cet article alors que je prépare un autre concours où la maîtrise de notions linguistiques est importante. Dans ce contexte, je viens de regarder une vidéo qui explique clairement cette discipline complexe. Si vous souhaitez approfondir ce sujet, n’hésitez pas à la visionner :
À ce titre, je relève surtout le subjonctif futur dans te agradare el discurso, qui fait référence à une éventualité dans le futur. En effet, s’il lit le prologue, le lecteur n’a pas encore commencé le Rêve de l’Enfer. Il le lira éventuellement dans le futur et le fait qu’il lui plaise relève d’une éventualité encore plus faible. Le futur du subjonctif n’est quasiment plus utilisé en espagnol, sauf dans certains documents juridiques.
- Traduction
PROLOGUE À L’ATTENTION DU LECTEUR INGRAT ET INCONNU
Tu es si pervers que je ne t’ai même pas flatté en t’appelant « pieux », « bienveillant » ou encore « attentionné » dans les autres discours afin que tu ne me persécutes guère ; et, après t’avoir désillusionné, je veux converser avec toi en toute franchise. Ce discours est celui de l’enfer ; ne me traite pas de médisant parce que je parle mal de ceux qui s’y trouvent. En effet, il est impossible qu’il y ait là-bas quelqu’un de bon. S’il te semble long, il est dans ta main : prends l’enfer qui te suffit et tais-toi. Et, si quelque chose ne te semble pas bien, puisse le pieux passer outre et puisse le sage le changer, car errer est le propre de l’homme tandis qu’être ferré est le propre des bêtes et des esclaves. Si c’est sombre, l’enfer n’a jamais été clair ; si c’est triste et mélancolique, je n’ai pas promis de rires. Je te demande seulement, lecteur, et je te conjure même par tous les prologues, de ne pas me prêter de fausses intentions et de ne pas offenser par ta malice mon bon zèle. Car, premièrement, je respecte les honneurs dus aux personnes et je ne réprimande que sur les vices ; je médis contre les négligences et les excès de certains professionnels sans toucher à la pureté de leur métier ; enfin, si ce discours ne te plaît point, tu t’arrêteras [de lire] et, si tu ne le fais point, peu importe, car moi, je n’obtiens rien ni de toi ni de lui. Dieu te garde.
DISCOURS
Moi, dans le Rêve du Jugement, je vis tant de choses et, dans L’huissier possédé, j’entendis une partie de celles que je n’avais pas vues. Je sais bien que les rêves sont le plus souvent une tromperie de l’imagination et un loisir de l’âme, et que le diable n’a jamais dit la vérité, car il ne connaît pas avec certitude les choses que Dieu nous cache de manière juste. Néanmoins, je vis, guidé par mon ange gardien, ce qui suit, par la providence particulière de Dieu ; cet esprit vint pour m’apporter, dans la peur, la paix authentique. Je me trouvai en un lieu favorisé de nature par l’aimable quiétude, où, sans malice, la beauté divertissait la vue (un ressourcement bucolique muet) et où, sans réponse humaine, les sources conversaient parmi les galets, de même que les arbres à travers leurs feuilles. Peut-être l’oiseau chantait-il ; je ne sais pas précisément s’il le faisait de lui-même ou en remerciement [à ces éléments minéraux et végétaux] pour leur harmonie. Voyez à quel point notre désir est en pèlerinage, qui n’a trouvé la paix en rien de cela. Je levai les yeux, envieux de voir un quelconque chemin sur lequel chercher de la compagnie et je vois, chose digne d’étonnement, deux sentiers qui naissaient à même endroit, et l’un s’éloignait de l’autre, comme s’ils se fuyaient mutuellement. Celui de droite était si étroit qu’il n’admet aucun renchérissement et était, du fait du peu de gens qui l’empruntaient, plein de buissons d’épines, d’irrégularités sur le sol à fouler et de mauvaises stations. Malgré tout, je vis quelques voyageurs qui s’évertuaient à le suivre, mais, comme ils marchaient pieds nus et dénudés, ils perdaient en cours de route la peau pour certains, les bras pour d’autres, ou la tête, ou encore les pieds, et tous étaient jaunes et maigres. Néanmoins, je remarquai qu’aucun de ceux qui avaient emprunté ce chemin ne regardait en arrière ; au contraire, tous allaient de l’avant. Dire qu’on puisse y voyager à cheval est risible. Je demandai à l’un de ceux qui s’y trouvaient si je pouvais traverser ce désert à cheval. Il me répondit : – Saint Paul a laissé le sien pour [pouvoir] faire le premier pas sur ce sentier. Et je regardai, avec tout cela, et ne vis aucune la trace de pas d’aucune bête. Et ce fut chose étonnante qu’il n’y eût aucune marque de roue de voiture [hippomobile], ni à peine de signes attestant qu’il y n’eût jamais quelqu’un qui marchât par-là. Effrayé par ceci, je demandai à un mendiant qui était en train de se reposer et de reprendre haleine s’il y avait, par hasard, des tavernes sur ce chemin ou des auberges dans les lieux d’étape.
Il me répondit :
– Une taverne ici, monsieur, ou même une auberge ? Comment pourrait-il y avoir de cela sur ce chemin ? Vous voyez bien c’est celui de la vertu ! Sur le chemin de la vie, [me] dit-il, le point de départ est la naissance, vivre revient à cheminer, l’auberge est le monde et, lorsqu’on la quitte, il n’y a qu’un seul jour de marche bien bref entre le monde et le châtiment ou la gloire.
Sur ces mots, il se leva et dit :
– Dieu vous garde ! En effet, sur le chemin de la vertu, c’est perdre son temps que de s’arrêter et il est dangereux de répondre à qui interroge par curiosité et non en vue du salut de son âme.
Source : Francisco de Quevedo, Los Sueños, https://freeditorial.com/es/books/sueno-del-infierno/readonline [consultée le 14 juin 2024]
Voilà pour l’aperçu d’une épreuve de linguistique à l’agrégation externe d’espagnol. C’est en tout cas la production d’un candidat parmi d’autres et je n’ai aucune assurance de la note que le jury attribuerait à ce contenu. Si, après la lecture de la dernière section, vous cherchez un traducteur ou une traductrice compétent(e) pour traduire une œuvre du Siècle d’or, le mode d’emploi d’une machine à café ou un document médical sur les bienfaits du sommeil, cliquez sur ce lien ! 😉
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