
Qu’est-ce que la mariologie ? Quelle légitimité ai-je pour m’autoproclamer mariologue ? Que m’a appris mon expérience en la matière ?
Aujourd’hui est une date particulièrement appropriée pour aborder ce sujet. En effet, la « mariologie » se définit comme la « partie de la théologie catholique concernant la Vierge Marie » (dictionnaire en ligne du CNRTL). Or, nous sommes le 9 décembre, jour où l’Église catholique célèbre l’Immaculée conception. Normalement, c’est le 8, mais, cette année, le deuxième dimanche de l’Avent prime sur cette fête mariale. « Immaculée conception » : voilà une expression quelque peu perchée ! Si vous voulez savoir en quoi ça consiste exactement, je vous invite à voir cette vidéo. 😊 Si vous voulez approfondir ce concept, vous pouvez lire cet article.
Revenons à nos moutons. Quelle légitimité ai-je pour m’autoproclamer mariologue ? En guise d’avant-propos, je tiens à préciser que je ne suis ni prêtre ni diacre, donc je n’ai aucune autorité officielle de Rome pour prêcher. Je ne suis pas non plus théologien. Si j’ai nommé ce texte « Mariologie de comptoir », c’est justement car je ne prétends pas détenir la vérité. Je ne partage que mon opinion, comme une conversation de comptoir, avec l’ivresse en moins.
En effet, je suis sobre à l’heure où je rédige ces lignes. La seule altération de mon jugement réside dans le fait d’avoir invoqué l’Esprit Saint et la Vierge Marie avant de me mettre à rédiger. D’où puis-je tirer ma légitimité pour prendre la parole à ce sujet ? Peut-être de ma relation particulière à Marie, dont je vous ferai part ci-après. Je la tire également du fait que, sur des périodes longues, il m’est arrivé de prier le chapelet tous les jours. J’ai tâché de m’y atteler après mon voyage au Portugal (été 2023). J’y ai été assidu pendant un an, avec quelques baisses depuis août dernier, mais j’essaie d’appliquer ce que demande sœur Lucie dans son livre Apelos da mensagem de Fátima. Relayant le message de la Mère de Dieu, la témoin de ces visions reconnues par l’Église invite les fidèles à prier le chapelet tous les jours, plus particulièrement pour la conversion et le salut des pécheurs.
Peut-être vous dites-vous que cette prière est ennuyeuse, rébarbative, et que répéter sans cesse les mêmes invocations sans faire attention à ce que l’on raconte ne revêt aucun intérêt. Pourtant, d’après une révélation du père Amorth (ancien exorciste du Vatican), Satan lui a dit, à travers la personne possédée : « Chaque Je vous salue Marie du rosaire est pour moi un coup sur la tête. Si les chrétiens connaissaient la puissance du rosaire, ce serait la fin pour moi ! » (père Gabriele Amorth, Moi, le dernier exorciste, passage cité dans cet article d’Aletheia). S’il est extrêmement dangereux de dialoguer avec un démon, les exorcistes peuvent le faire dans des conditions très strictes et en se protégeant, pour dire à l’esprit impur de s’en aller. Quoi qu’il en soit, cela nous suggère que la prière du Rosaire est extrêmement puissante et peut déplacer des montagnes.
Récemment, j’ai aussi lu quelque part qu’un Je vous salue Marie récité correctement (j’imagine que ça signifie « en pesant chaque mot ») fait trembler tout l’enfer. Je ne sais ni d’où sort cette affirmation ni si elle est reconnue par Rome. Quoi qu’il en soit, cet autre article d’Aletheia rappelle que cette prière plaît énormément à celle qui écrase la tête du serpent et que la réciter nous obtient de nombreuses grâces, notamment si nous faisons attention à ce que nous disons.
Dernièrement, j’ai essayé de prier chaque dizaine en pesant bien les mots d’un Ave Maria en particulier. Je ne sais pas si ça a rendu ma prière plus efficace (Dieu seul le sait), mais ça m’a permis d’ébaucher une réflexion mariologique en me penchant sur le texte.
Avant de vous en dire plus, je vais vous avouer que j’ai longtemps été ingrat envers ma Maman du Ciel. Je la priais énormément à travers le chapelet, mais, influencé par le dialogue interreligieux avec des amis musulmans et par l’œcuménisme avec des amis protestants, je refusais de donner aux saints une importance démesurée. Grâce à un sermon du regretté abbé Bruno Le Pivain, qui se basait sur les écrits de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, j’ai pu comprendre qu’on ne peut prier Marie qu’en ayant conscience qu’elle est avant tout une créature comme nous, un atome à côté de la gloire de Dieu. Elle n’est qu’une simple humaine, humble et obéissante. C’est pour cela que, dans l’Évangile, on nous rapporte qu’elle ne comprend pas des mystères qui nous semblent évidents quand nous connaissons bien notre catéchisme. Par exemple, quand elle et Joseph retrouvent Jésus, alors adolescent, au milieu des docteurs de la Loi au Temple (Lc 2, 49-50), elle ne capte rien quand Jésus lui dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » C’est d’ailleurs parce qu’elle n’est qu’une simple créature que le démon se sent humilié lorsque nous la prions. Nous ne l’adorons pas comme une déesse, mais nous prions avec elle et nous lui demandons de prier pour nous, car elle est entièrement donnée à Dieu et ne peut que nous conduire à Jésus. Nous pouvons donc lui faire entièrement confiance, car le Dieu de tout amour ne peut nous faire que du bien. 😊
Cette homélie, qui date déjà d’y a quelques années, m’a permis de sortir de mon ingratitude et de nourrir une relation plus personnelle à Marie, même si je m’adresse plus volontiers aux trois Personnes de la Trinité lors de mes prières spontanées.
Après ce témoignage quelque peu perché, je vous ferai part de ce que j’ai cru comprendre en méditant la prière de l’Ave Maria. Avant tout, il faut savoir qu’en tant que linguiste, je la récite en espagnol, en latin, en portugais, en arabe, en français et, plus rarement, en anglais. J’ai donc une visibilité sur les manières dont cette prière a été traduite dans ces différentes langues (sans toutefois connaître l’original en grec des salutations de l’ange Gabriel et d’Élisabeth). Le fond reste le même, mais il y a parfois des nuances minimes, ne serait-ce que sur la salutation initiale. En effet, on ne dit pas « bonjour » de la même façon suivant les idiomes et les cultures.
- « Le Seigneur est avec vous » se dit en espagnol «El Señor es contigo». Parmi les deux verbes « être » que connaît la langue de Cervantès, on utilise ser, qui fait référence à l’essence, à ce qui est intrinsèque. Si la traduction de l’avemaría disait «El Señor está contigo», ça signifierait : « en ce moment, chère Marie, le Seigneur est avec toi » ou alors « comme tu n’es plus de ce monde, tu te trouve dans un lieu précis, le Ciel, auprès du Bon Dieu ». Or, le texte dit bien : «El Señor es contigo». Cela signifie que, par nature, Dieu est avec Marie. Ce qui nous éloigne de Dieu est le péché. Si el Señor es (y no «está») con María, alors Marie est totalement étrangère au péché. Elle a été conçue sans péché et « le Seigneur est avec vous » valide le dogme de l’Immaculée conception.
- Quelques lignes plus loin, on récite « et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni ». Jésus est donc bien le Fils de Marie. De ce fait, il est pleinement homme.
- Juste après, l’on récite : « Sainte Marie, mère de Dieu ». Cela signifie que Jésus n’est pas seulement homme, mais aussi Dieu. Cette prière est donc une catéchèse qui nous permet d’intégrer la double nature (humaine et divine) du Christ.
En définitive, Dieu est amour ; Dieu est un et trine. Jésus, vrai homme et vrai Dieu, est venu pour nous sauver et nous donner la vie en plénitude. Marie n’est qu’une humble créature qui ne fait que nous conduire vers Dieu, donc nous pouvons lui faire confiance. 😊
Bonne fête de l’Immaculée Conception ! Dieu vous bénisse !
Image par Myriams-Fotos de Pixabay
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