Vous aimez les langues ? Vous aimez jouer avec les mots, rigoler, refaire le monde ? Délires de linguiste est fait pour vous ! Bienvenus sur le blog de Jean O'Creisren !
Vous aussi, vous êtes fan de Ska-P ? Voici ma traduction en français des paroles de « Welcome to hell » (¡¡Que corra la voz!! – 2002)
Welcome to hell
Les heures sont éternelles dans ce couloir sale ; Je pense en détail à mon exécution. Le temps me presse, why ne puis-je pas l’arrêter ? Eh brother, welcome to hell
Attaché sur une chaise, ils vont m’électrocuter. J’ai été condamné à la peine capitale. J’allègue mon innocence, ils ne veulent pas la voir. Eh brother, welcome to hell
L’heure est arrivée, mon frère chicano Ton heure est arrivée, Afro-américain
On condamne des déments ou des mineurs Sur la chaise de la mort ou dans la chambre à gaz. Combien d’innocents ai-je vu périr ? Eh brother, welcome to hell
Je vis dans un pays où tu peux tout acheter ; Être vivant ou mort dépend de ton capital. Mon futur est déjà écrit, je ne peux pas me défendre. Eh brother, welcome to hell
L’heure est arrivée, mon frère chicano Ton heure est arrivée, Afro-américain
DES CRIMES D’ÉTAT CONTRE L’HUMANITÉ CONFORMES À LA LOI EN VIGUEUR. LES DROITS DE L’HOMME EXISTENT ; ÇA LEUR EST ÉGAL.
WELCOME HELL, CETTE AFFAIRE EST CLOSE ! WELCOME HELL, IL FAUT L’ASSASSINER ! WELCOME HELL, CETTE AFFAIRE EST CLOSE ! WELCOME HELL, IL FAUT L’ÉLIMINER !
WELCOME WELCOME DEATH
Combien d’êtres humains devrez-vous assassiner Pour vous rendre compte que c’est une atrocité ? « Œil pour œil », ça ne peut rien résoudre. Eh brother, welcome to hell
Au fil des ans, on a réussi à démontrer Que je n’étais pas coupable. Why? On ne peut pas revenir en arrière. Mon corps est pourri. Why? Je ne peux plus renaître. Eh brother, welcome, welcome…
L’heure est arrivée, mon frère chicano Ton heure est arrivée, Afro-américain
DES CRIMES D’ÉTAT CONTRE L’HUMANITÉ CONFORMES À LA LOI EN VIGUEUR. LES DROITS DE L’HOMME EXISTENT ; ÇA LEUR EST ÉGAL.
WELCOME HELL, CETTE AFFAIRE EST CLOSE ! WELCOME HELL, IL FAUT L’ASSASSINER ! WELCOME HELL, CETTE AFFAIRE EST CLOSE ! WELCOME HELL, IL FAUT L’ÉLIMINER !
« Le smartphone est-il fait pour l’homme ou l’homme est-il fait pour le smartphone ? »
« L’avenir ne peut arriver que si le présent a fini son œuvre. »
« La tradition, c’est du Passé qui n’arrive pas à mourir. »
« La philosophie, c’est le courage de la raison. »
« 2 + 2 = 4 »
« Vous voulez savoir comment faire rire ? C’est très simple : il suffit d’être drôle. »
« Je n’ai plus aucun souvenir de ma meilleure blague puisque j’étais complètement bourré. » (NDLR : en écrivant cette pensée, Laurent Jouet a menti car il ne boit jamais d’alcool)
« En général, on est toujours d’accord avec soi-même. »
« Si le rire devenait payant, les gros radins arrêteraient de rigoler. »
Une blague est une fausse vérité.
Putain ! On a le pire professeur de philosophie au monde !
« L’humour est la preuve irréfutable que l’homme ne peut se contenter du sérieux. »
« L’humour est un piège tendu à l’intelligence. »
« Personne ne s’arrête de rigoler pour aller au boulot. »
« Comment gouverner un pays dans lequel chaque mythe a cent fois plus d’importance que chaque réalité ? »
« Pour un bon boucher, le top des végans, c’est celui qu’il a lui-même découpé en tranches. Et réciproquement pour un végan convaincu. »
« Si tu attrapes la COVID, saisis-la comme une opportunité de te dépasser et de donner le meilleur de toi-même ! »
« En ce jour de COVID, je vais lire des poèmes de Paul Verlaine, même si je sais très bien que ce n’est pas un traitement efficace contre cette maladie. »
« Tout homme a droit au sourire. Chaque sourire en moins fait moins vivre au bout du compte. »
« L’athéisme est une opinion discutable, jamais une solution à tous les problèmes. »
« Le pape tient son autorité de Dieu seul, donc aucun homme ne peut la lui retirer. »
« Le pape est peut-être l’homme qui dispose de la plus grande liberté de parole dans le monde entier. » NDLR : il faudrait demander au principal intéressé ce qu’il en pense. En effet, j’imagine que le Saint-Père doit faire preuve de beaucoup d’auto-censure du fait que son message sera entendu par des milliards d’êtres humains, doit toujours tirer vers le haut, dire la vérité et doit donner une image optimale du catholicisme sans contredire la doctrine de l’Église. Qu’en pensez-vous?
« La principale barrière au développement est le multilinguisme. Comment développer la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où l’on parle plus de 800 langues différentes ?
Réponse du linguiste : « sur Terre, aucune langue n’est de trop et toutes sont aussi sacrées les unes que les autres; l’homme peut prier Dieu dans toutes les langues ». »
« Le génie de l’homme ne s’explique pas, quel que soit le domaine humain en question. »
« Il y a de moins en moins d’échanges d’arguments et de plus en plus d’échanges d’insultes. »
« Chaque personne qui veut se faire connaître sur les réseaux sociaux ou y défendre une cause ne peut qu’échouer car tous les hommes ressentent beaucoup plus de plaisir quand ils parlent que quand ils écoutent. »
« Mille erreurs valent beaucoup moins qu’une seule vérité. »
« Pour éviter de s’ennuyer, l’homme a intérêt à diversifier au maximum ses erreurs et ses illusions propres. »
« Je pense qu’il faut sortir de la question : « la Bible et le Coran sont-ils d’origine divine ? » Le plus important est de savoir s’ils ont fait progresser l’humanité depuis leur apparition. »
« Le transhumanisme est la haine de l’humanité avant toute autre chose. »
« Pour les transhumanistes, la mort n’est pas la sœur jumelle de la vie, mais juste un accident de parcours inacceptable. »
« Le transhumanisme est la première révolution organisée par les plus riches du monde. C’est la révolution d’Elon Musk, de Jeff Bezos et autres géants d’Internet. »
« Hitler a détruit des hommes par millions. Mais il n’a jamais détruit la dignité d’aucune de ses victimes. »
« Le génie est un titre qu’on ne peut jamais se décerner à soi-même. »
« Le génie peut trouver dans son propre génie une empreinte du Créateur. »
« Le culte du bon sens, c’est la religion de l’homme qui ne veut jamais rien examiner en profondeur. »
« Le bon sens des uns n’est jamais le bon sens des autres. »
« La folie résiste toujours au bon sens. »
« Est-ce la philosophie qui rend fou ? Ou est-ce que les fous sont depuis toujours davantage attirés par la philosophie que par d’autres disciplines ? » NDLR : Laurent Jouet est passionné par la philosophie et assume tout à fait ses côtés complètement zinzin.
« En sciences, il faut toujours prouver qu’on a raison du début à la fin. Les philosophes, eux, bénéficient tous d’une sorte de présomption de vérité et de sagesse. »
« Un poète vit grâce au langage et aussi pour le langage. »
« Un poète est un amant fidèle et passionné du langage. »
« Pour un poète, le langage n’est pas seulement un moyen pour communiquer, mais aussi une fin en soi. »
« Un poète, c’est quelqu’un qui n’a besoin que de quelques mots pour atteindre le sommet du Mont Blanc. »
« Pour connaître Dieu, il vaut mieux être curieux qu’intelligent. »
« Tous les hommes ont vocation à s’aimer et il n’y a aucune excuse pour ceux qui ne le font pas. »
« La haine peut tout détruire, sauf l’amour. »
« La vie est un privilège accordé à tous les hommes. »
Pensées originales de Laurent Jouet choisies par Jean O’Creisren pour ce blog
et publiées avec l’autorisation de l’auteur
Vous aussi, vous aimez réfléchir sur des thèmes profonds ?
La pandemia de coronavirus ha causado el mayor choque de la economía mundial registrado en la época contemporánea. El trabajo de reconstrucción que se deberá llevar a cabo tras este desastre tendrá proporciones épicas. Ahora bien, esta obra masiva llega en un momento en el cual los analistas, economistas y activistas en todo el planeta ya instaban a que se cambiara fundamentalmente la configuración de nuestras economías para hacer frente a la crisis climática mundial.
Está casi universalmente aceptado que debemos descarbonizar nuestras economías y acabar con nuestro uso de combustibles fósiles este siglo para impedir un calentamiento global galopante y catastrófico. Eso era el convenio al cual llegaron los dirigentes que representaban a casi todos los Estados naciones del mundo en el Acuerdo de París sobre el Cambio Climático en 2015.
¿A qué se parecería realmente un Nuevo Trato Verde para la economía mundial pospandémica?
Como en los años 1930, en los cuales el presidente estadounidense Franklin D. Roosevelt implementó el New Deal para salir de la crisis, un Nuevo Trato Verde produciría un beneficio social de mayor interés, es decir, una cierta creación de empleo. El desempleo ha surgido en todo el mundo durante la crisis. La Organización Internacional de Trabajo (OIT) considera que, en 2020, el 8,8% de las horas de trabajo se perdieron respecto a 2019, lo que equivale a 255 millones de empleos de tiempo completo. Y, afortunadamente, la producción de energía renovable (por lo menos de momento) crea más trabajo que la de combustibles fósiles. Esto sugiere que esta transición debería estimular el empleo de forma global. Un programa masivo de aislamiento para millones de edificios y de retroadaptación para miles de millones de viviendas con sistemas de calefacción con emisiones de carbono bajas o nulas (como bombas de calor de fuente de aire o calderas eléctricas) también serían una fuente de nuevos empleos e ingresos para los trabajadores.
Un Nuevo Trato Verde necesitaría que los Estados desechasen todos los subsidios que todavía se otorgan a firmas y hogares para que compren combustibles fósiles. También haría falta un incremento de las tasas sobre las actividades que emiten mucho carbono, como los viajes en avión o la conducción de coches de gasolina o diésel. Sin embargo, tales políticas provocarán una fuerte resistencia por parte de varios grupos de presión. Para contrarrestar este esfuerzo de lobbying y ganar la batalla de la opinión pública, los Estados tendrán que adoptar medidas decisivas y rápidas para sostener la renta de los hogares a lo largo de la transición, redistribuyendo los ingresos de los impuestos sobre el carbono a los consumidores menos acomodados, que quedan afectados por el incremento del coste de la vida.
Comment concilier élégance et développement durable ? Hors des boulevards de la fast-fashion, Bapheus propose une alternative qui allie qualité et respect de l’environnement.
Installé à Angers, Paul Saiveau a lancé une marque de vêtements durables. Souhaitant donner du sens à son activité professionnelle, cet ancien consultant a fondé Bapheus en vue de proposer un habillement élégant et écologique.
Entre autres, il fait produire des chemises, pulls, écharpes et T-shirts. Tous ses articles en cachemire sont de grade A. Composés par un textile au fil plus long, ils peuvent durer une trentaine d’années. Cela limite donc les déchets et l’empreinte carbone liée à la production ainsi qu’à l’acheminement. Mais si ces produits de qualité sont plus chers que l’offre de la fast-fashion, cet investissement de départ est rentable sur le long terme. En effet, vous garderez ces habits bien plus longtemps, donc cela vous évitera de sortir votre porte-monnaie plusieurs fois pour des articles que vous ne pourrez porter que quelques années. Faire confiance à Bapheus est donc un choix écologique, mais aussi économique !
Par ailleurs, ces vêtements sont uniquement composés de matières naturelles. Un certain nombre d’articles sont fabriqués en laine mérinos provenant d’Italie. Paul fait également produire au Portugal et en Bulgarie. Contrairement aux grandes sociétés de la fast-fashion, Bapheus propose peu de produits provenant d’Extrême Orient. En fait, seuls des articles en cachemire de grade A sont confectionnés en Mongolie. Pourquoi un tel choix ? Il faut savoir qu’à l’échelle mondiale, cette matière textile est très majoritairement produite en Asie centrale et orientale. Il était donc difficile de faire autrement. Néanmoins, les usines où sont confectionnés ces articles se trouvent à proximité des élevages de chèvres fournissant la matière première. Comme vous pourrez le lire sur ce lien, cela permet donc de soutenir l’économie sur place tout en limitant l’empreinte carbone au début de supply chain. À court ou moyen terme, Bapheus souhaite localiser toute la production en Europe de l’Ouest, afin de favoriser encore davantage les circuits courts.
Vous souhaitez renouveler votre garde-robe avec des articles de qualité ? Vous voulez avoir du style tout en respectant l’environnement ? Alors n’hésitez pas à faire un tour sur la boutique de Bapheus en cliquant ici…
Ska-P est un groupe de ska-punk qui chante en espagnol depuis les années 1990…
Connaissez-vous Ska-P ? Il s’agit d’un groupe de ska espagnol originaire du quartier populaire de Vallecas, à Madrid. S’il ne vous dit rien, je vous invite à visiter leur site officiel.
J’ai eu la chance de découvrir Ska-P l’année où j’ai commencé à apprendre la langue de Cervantès. J’avais alors 13 ans. Un cousin m’a introduit dans leur musique et cette dernière m’a plu. En écoutant les chansons de Planeta Eskoria et d’El Vals del Obrero, je me suis vite rendu compte que c’était un truc de rebelles. Et ça, comme ça te parle quand tu es ado ! J’ai découvert ce qu’est l’anarchisme et j’aimais beaucoup chanter “Legalización” pour embêter mes parents.
D’autre part, j’aimais bien le Gato López. Le symbole du groupe « est un chat ouvrier » (“es un gato obrero”) qui porte une casquette verte, jaune et rouge, ainsi que quelques piercings et une médaille anarchiste. Cet animal fume également un joint. Au collège, j’ai dessiné beaucoup de Gatos Lópeces, surtout pendant les cours de mathématiques. Voici mes deux plus belles œuvres en la matière :
J’ai dessiné ce Gato López pour l’afficher sur le mur de la classe, quand j’étais en 3e. C’est un hommage à Ska-P et aux 5 albums qu’ils avaient sortis à cette époque. Mais comme nous n’avions pas le droit de faire valoir des symboles politiques dans la classe, j’ai remplacé la médaille anarchiste par une médaille “Peace and love”. Bon, nous sommes bien d’accord que cela ne convient pas du tout à ce chat si agressif… 😂Cette série de parodies du Gato López vise à imaginer quels types de chats symboliseraient des groupes d’autres styles musicaux. Enfin, c’est le point de vue d’un adolescent qui a plus de sympathie pour certains genres que pour d’autres…
Mais, surtout, l’écoute de Ska-P m’a énormément fait progresser en espagnol. Grâce à leurs chansons, j’ai pu apprendre les gros mots. En effet, les premières paroles que j’ai mémorisées par cœur sont celles d’“A la mierda”. J’ai également pu intégrer beaucoup de vocabulaire relatif à la politique, mais aussi améliorer ma compréhension orale et mon accent. Je n’aurais pas pu être tête de classe en espagnol de la 4e à la licence Cultures et langues étrangères sans l’aide de Ska-P. Encore aujourd’hui, lorsque je traduis un texte du français vers le castillan, les paroles de leurs chansons me sont d’un grand soutien. Si j’ai un doute sur une préposition ou sur autre chose, je me rappelle que c’est formulé de telle façon dans un chant que je connais par cœur.
En outre, Ska-P propose des morceaux joyeux et dont le son me plaît, même lorsque les propos tenus sont tristes. Par exemple, le rythme de “Un@ más” donne envie de danser, bien que les paroles soient très pessimistes. Ainsi, j’ai parfois besoin d’écouter Ska-P pour me donner du courage : quand je conduis sous la pluie, quand je nettoie mon appartement, quand je fais la vaisselle, etc.
Le Gato López illustre la pochette de l’album ¡¡Que corra la voz!!
De quoi parlent les chansons de Ska-P ?
Les gens connaissent surtout Ska-P pour le tube “Legalización”. Mais il y en a d’autres, qui sont beaucoup plus intéressantes ! Certaines traitent de la condition ouvrière : “El Valso del Obrero”, “Naval Xixón”, “La fábrica”, etc. Les membres du groupe viennent des classes populaires et connaissent bien le sujet.
D’autres chansons traitent de politique. Elles critiquent le capitalisme et l’ordre établi. C’est notamment le cas de “¿Quiénes sois?” et de “Canto a la rebelión”. “Intifada” soutient le peuple palestinien sans aucun positionnement ni antisémite ni islamiste. J’aime bien ce chant, même si je ne pense pas que la contestation violente soit la solution. Le rythme de cette chanson est très rapide. Danser le rock là-dessus est un vrai défi, et je l’ai déjà relevé avec une amie. 😉 Ska-P dénonce également le libéralisme qui régit l’Union européenne dans “The Lobby Man”. De même, le groupe critique la monarchie espagnole dans “Jaque al rey”. Moi qui suis français, j’aime bien “La Colmena”, qui mentionne la crise des banlieues en 2005. Dans cette chanson, on entend Nicolas Sarkozy et Ska-P chante même en français… avec un accent espagnol. Dénoncer, critiquer… Mais bien évidemment, le groupe propose aussi des alternatives ! “Marinaleda” donne l’exemple d’une commune andalouse régie selon les principes de l’autogestion. Ska-P montre que l’anarchisme n’est pas une vaine utopie, mais qu’il peut être appliqué concrètement.
Si leur message politique est très souvent orienté, Ska-P dénonce également des injustices que tout être humain devrait dénoncer. Par exemple, “Violencia Machista” est un cri de résistance contre la violence faite aux femmes. “Alí el Magrebí” est un hommage aux migrants qui nous incite à la solidarité ainsi qu’à la lutte contre le racisme. De même, “Niño Soldado” et “Los hijos bastardos de la globalización” défendent les droits de l’enfant. Enfin, “El Olvidado” nous appelle à aider les sans-abris.
Par ailleurs, Ska-P est sensible à la cause animale. “Insensibilidad” parle des animaux de compagnie abandonnés par leurs maîtres. De même, le groupe s’oppose à la corrida dans “Abolición”, “Vergüenza” et “Wild Spain”.
En tant que groupe anticapitaliste, Ska-P critique la société de consommation. “Consumo Gusto” en est un bon exemple. Par ailleurs, le groupe aborde bien d’autres sujets : la censure, l’environnement, la peine de mort et les violences policières, les revendications féministes et LGBTI, l’évasion fiscale, etc. Enfin, quelques rares chansons ne sont pas engagées. C’est notamment le cas de “No lo volveré a hacer más”. Elle aborde avec humour le sujet des cuites et de la gueule de bois. J’ai regardé le clip avec un ami alcoolique qui ne parle pas espagnol. Il a beaucoup ri en le voyant et m’a déclaré : « Le mec dans la vidéo, c’est moi ! » Dans son premier album, le groupe a sorti “Como un rayo”. J’aime particulièrement le rythme festif de cette chanson. En cliquant ici, vous pourrez en regarder une vidéo avec les paroles. Et sur ce lien, vous trouverez l’archive d’un concert où Ska-P interprète ce morceau en 1995. Pour leurs grands fans comme moi, il est émouvant de voir les débuts du groupe, quand les membres étaient très jeunes et encore à la recherche de leur style…
À mesure que j’ai progressé en espagnol, je me suis rendu compte que les paroles des chansons de Ska-P relèvent d’une qualité littéraire très intéressante. Elles foisonnent de figures de style et de références culturelles bien trouvées.
Et au sujet de la religion ?
En tant que groupe anarchiste, Ska-P critique beaucoup les religions, et plus particulièrement le catholicisme. Souvent, ils mettent des mots à connotation sexuelle ou scatologique dans leurs chansons à thème religieux. Par exemple, dans l’une d’entre elles, ils comparent le Pape à une mouche à merde.
Ceux qui me connaissent un peu savent bien que, dans la vraie vie, je suis une grenouille de bénitier. Ainsi, bien que je sois fan de Ska-P, je refuse d’écouter les chansons qui ne respectent pas mon Dieu et mes croyances. Néanmoins, j’écoute parfois “Crimen Solicitationis”. Ce morceau s’attaque à l’Église, mais pour des raisons appropriées. En effet, elle met en lumière les abus sexuels commis par certains prêtres. Je suis catholique, mais je considère que ces crimes sont très graves et je suis tout à fait d’accord avec Ska-P pour les dénoncer. Toutefois, ce qu’ils disent sur Benoît XVI n’est pas adéquat étant donné que ce pape est justement celui qui a permis de lutter contre ces atrocités.
Bien que Ska-P se montre hostile envers le christianisme, les références religieuses abondent dans les paroles de certaines chansons. Par exemple, dans “Intifada”, ils chantent “¿Quién podía imaginar que David fuese Goliat?”. Ce vers se traduirait par : « Qui pouvait imaginer que David deviendrait Goliath ? » Le groupe entend par là que les Israéliens et les Palestiniens ont échangé leurs rôles respectifs sur le plan militaire. En effet, dans la Bible, Goliath représente la force armée du puissant peuple philistin (le mot « philistin » a d’ailleurs donné, plus tard, « palestinien ») et David est un enfant juif fragile qui défie le géant en lui lançant des pierres. Aujourd’hui, c’est le contraire qui se produit : l’armée israélienne est très puissante et les opposants civils palestiniens ont jeté des cailloux aux soldats de Tsahal au cours de conflits nommés « intifadas ».
En outre, le groupe propose d’autres références à la Bible, à l’histoire de l’Église, à même à d’autres religions (comme l’évocation du croissant et du Ramadan dans “Alí el Magrebí”). Si l’on voulait détailler tout cela, il faudrait écrire un autre article. Quoi qu’il en soit, cela montre que les membres de Ska-P disposent d’une bonne connaissance du catholicisme, comme beaucoup d’Espagnols. De mon point de vue, il est important de s’intéresser à la culture religieuse. Après, croire ou non est un autre sujet. Chacun·e est libre d’avoir la foi ou non. Mais, pour pouvoir choisir, il faut savoir à quoi l’on décide de croire ou de renoncer. Et si votre culture religieuse vous sert à vous opposer à la religion, vos arguments auront beaucoup plus de poids que ceux d’une personne qui se considère comme athée, mais qui, en réalité, ne peut pas critiquer de manière efficace car elle ignore ce qu’elle rejette.
En somme, Ska-P est un groupe que j’aime énormément. Bien que je ne partage pas toutes leurs idées, bien que je n’aie jamais eu la chance de les voir en concert, je suis un grand fan de ces artistes. Ça vaut vraiment le coup d’écouter leur musique. Alors, n’hésitez pas à le faire, ¡¡hasta la victoria siempre!! 😉
El martes, 3 de mayo de 2016, Jeanne Larghero habló a los estudiantes del tema de la afectividad y de la sexualidad. Este asunto no es en absoluto un tabú en la Iglesia Católica. Se abordó con benevolencia y la conferenciante nos enseñó cuánto la mirada de Dios sobre nuestro cuerpo es bella.
¿Cuál es realmente el punto de vista católico sobre el sexo?
¿Qué dice la Iglesia sobre la sexualidad? El martes, 3 de mayo de 2016, Jeanne Larghero impartió una conferencia para los estudiantes que frecuentaban la capellanía de Cergy-Pontoise, cerca de París. El tema era: «Mi cuerpo bajo la mirada de Dios». La conferenciante es filósofa, escritora y formadora de educación afectiva y sexual. Publicó un libro titulado Quand la philosophie se mêle de sexe (Desclée De Brouwer, 2014). En español, la traducción del título sería «Cuando la filosofía se mete con el sexo». En nuestra sociedad, este tema es omnipresente. Así que esa aclaración sobre el punto de vista de la Iglesia Católica cautivó al auditorio.
En efecto, la sexualidad es un asunto del cual se habla muchísimo. Sin embargo, resulta difícil articular un discurso justo y adecuado al respeto. Jeanne Larghero nos recuerda que Dios, nuestro Creador, se interesa con nuestro cuerpo. No es indiferente al hecho de que un@ tenga un cuerpo de hombre o de mujer. Nos mira y nos dice: «¡Qué hombre tan estupendo!» «¡Qué chica tan guay!» Y es más: ¡Dios tiene sentimientos por nosotros!
Además, nuestro cuerpo sexuado está llamado a la vida eterna. En el día de nuestra resurrección, veremos a Dios en nuestra propia carne, después de buscarlo durante toda nuestra existencia terrenal.
Cuando un@ lee el libro del Génesis, se entera de que el Señor crea al hombre «macho y hembra», si se traduce literalmente. Es el primer relato de la historia en el cual se afirma que el hombre y la mujer tienen el mismo origen y la misma dignidad. Antes de tratar de Adán y Eva, el texto menciona la creación de los animales y su reproducción, pero sin abordar directamente el tema de la sexualidad. A las bestias, Dios no les dice: «Sean fecundos y multiplíquense» (Gn 1, 22). En cambio, solo a la hora de crear una realidad a su imagen, el Señor le otorga la existencia a la pareja humana, dotada de una sexualidad y de una fecundidad. «Y Dios creó al hombre a su imagen; lo creó a imagen de Dios, los creó varón y mujer» (Gn 1, 27). En otros términos, la sexualidad humana no tiene nada que ver con la sexualidad animal, ya que refleja la gloria de Dios. Asimismo, no puedo separar mi forma de vivir la sexualidad y la propia mirada sobre el hombre o la mujer que soy. En efecto, no hay nada más concreto que mi masculinidad o mi feminidad. Si soy un hombre, cuánto más bella sea mi manera de mirar a las mujeres, más bella será mi forma de considerar la propia masculinidad.
Querido por Dios, mi cuerpo sirve a la relación; está enteramente hecho para relacionarse con los demás. No es diferente de mí. En efecto, un@ no «tiene» un cuerpo, sino que «es» un cuerpo. Cuando alguien me dice «te quiero», esto significa que le gusta mi cuerpo. La relación sexual es la forma cumplida de la relación amorosa; por eso la Iglesia pide que no se viva a la ligera, sino que implique un auténtico compromiso de amor.
Aunque el cuerpo del hombre produce espermatozoides sin cesar, el de la mujer sólo es fértil durante unos diez días del ciclo menstrual. Esto significa que la sexualidad humana no es el lugar del instinto y de la reproducción, a diferencia de lo que pasa con los animales. Es algo profundo y sagrado.
Cuando el acto sexual engendra un ser humano, los padres lo crean «para siempre»; le dan vida a un ser llamado a la eternidad.
Después de la conferencia, algunos estudiantes formularon preguntas sobre lo que la Iglesia permite y prohíbe en materia de moral sexual. Jeanne Larghero contestó que moralizar no tiene sentido en sí mismo. Sin embargo, la religión cristiana enseña que el amor y la sexualidad deben vivirse en la verdad, queriendo realmente el bien de la persona con la cual un@ se une, y dándose plenamente. Esto es la propia definición del matrimonio.
La tarde terminó con debates entre los estudiantes, sobre esta hermosa cuestión que preocupa a todo el mundo.
Il y a quelques mois, nous avons élu notre président et nos députés. Si les questions bioéthiques ont été assez absentes des débats, LREM comme la NUPES planifient de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Une grande consultation citoyenne à ce sujet est prévue dans les mois qui viennent. Comment gérer la fin de vie ? Faut-il ouvrir aux Français·es le droit à mourir dans la dignité ? Est-ce une bonne ou une mauvaise idée ?
Parmi les arguments en faveur d’une telle loi, on avance souvent la liberté et la compassion pour les personnes qui souffrent. Un autre argument de poids est l’écologie. Plus nous sommes nombreux sur Terre, plus nous polluons. Les morts, eux, ne polluent pas. Ce dernier argument me paraît être le seul recevable en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté. Néanmoins, la démographie s’effondre dans de nombreux pays, notamment les plus développés. Il paraît donc que, depuis peu, les experts considèrent que la surpopulation ne représente plus une menace pour note environnement. En revanche, la pyramide des âges s’inverse notre population est vieillissante. D’où la question des retraites qui, dans les faits, préoccupe bien plus les Français que l’euthanasie, mais cela est un autre débat.
D’après moi, toute souffrance peut être traitée. Il suffit de développer les soins palliatifs et d’entourer les personnes seules et/ou souffrant de dépression. Octroyer le prétendu « droit de mourir » à une personne qui le réclame est une attitude démissionnaire : « ta vie ne mérite plus d’être vécue, tu n’es plus qu’un déchet et je ne veux surtout pas m’emmerder à prendre soin de toi ». Il ne s’agit pas de juger celles et ceux qui souffrent et formulent cette demande. Cette dernière est généralement un cri de détresse, un appel au secours. Il faut entendre ce cri et y répondre avec courage : « Non, ta vie a de la valeur et mérite d’être vécue ! Bats-toi et je suis à tes côtés pour t’aider ! »
Dans cet article, je raconte l’histoire d’une personne qui a traversé une dépression sévère et qui était sur le point de se suicider. Finalement, elle a accepté de se faire soigner et, après quelques années de lutte, elle ne regrette pas d’avoir choisi la vie. 😊
Comme elle pourrait en témoigner, quelqu’un qui considère la mort comme seule issue n’est pas vraiment libre. La liberté implique la possibilité de choisir au moins entre deux options. Si vous souffrez tellement que mettre fin à vos jours vous semble être la seule voie envisageable, alors vous êtes aussi libre qu’un condamné un mort. Or les partisans de l’euthanasie et du suicide assisté invoquent la liberté pour justifier leur point de vue. Vous voyez bien que cela ne tient pas la route !
Si vous vous sentez au bout du rouleau et ne voyez d’autre issue que l’euthanasie ou le suicide assisté, cet article vous donnera des pistes concrètes pour vous battre et vous en sortir. 😊
Vous pouvez aussi regarder les vidéos suivantes, notamment des témoignages de personnes souffrant de handicaps sévères. Bien que la société leur dise que leur vie n’a aucune valeur, elles s’opposent à l’euthanasie ainsi qu’au suicide assisté. Parmi ces témoins, vous pourrez écouter Philippe Pozzo di Borgo. C’est de son histoire que s’inspire le film Intouchables.
Pour conclure ce raisonnement, je citerai le serment d’Hippocrate. Dans les pays où l’euthanasie et le suicide assisté sont pratiqués, ce sont généralement les médecins qui administrent les produits létaux. Or ces soignants ont promis, au début de leur carrière, de ne jamais provoquer la mort délibérément :
“Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.”
En définitive, la fin de vie reste un sujet complexe. Je vous ai exposé mon point de vue sur l’euthanasie et le suicide assisté. Bien évidemment, je ne suis pas spécialiste et tout le monde a le droit de penser différemment. Si vous souhaitez partager votre opinion à ce sujet, n’hésitez pas à laisser un commentaire et je serai ravi de débattre avec vous ! 😊
La pandémie de Covid-19 a fait subir à l’économie mondiale le plus gros choc enregistré à l’époque contemporaine. Le travail de reconstruction à mener dans le sillage de ce désastre prendra des proportions épiques. Or, ce chantier massif arrive à un moment où les analystes, les économistes et les activistes sur toute la surface du globe exhortaient déjà à un changement fondamental de la configuration de nos systèmes économiques pour gérer la crise mondiale causée par le réchauffement climatique.
Presque tout le monde reconnaît que nous devons avant tout décarboner nos économies et mettre un terme à notre utilisation de combustibles fossiles au XXIe siècle. Cela nous permettra d’éviter la fuite en avant ainsi qu’un réchauffement planétaire catastrophique. C’est là ce dont ont convenu les dirigeants qui représentaient presque tous les États-nations du monde en signant l’Accord de Paris sur le climat en 2015.
À quoi ressemblerait réellement une Nouvelle donne verte visant à inventer une économie mondiale post-pandémie ?
À l’instar du New Deal pensé dans les années 1930 par Franklin D. Roosevelt pour faire face à la Grande dépression, cette Nouvelle donne verte offrirait parmi ses principaux avantages sociaux une création d’emploi. Dans le monde entier, le chômage a explosé du fait de la crise actuelle. L’Organisation internationale du Travail estime qu’en 2020, on compte 8,8 % d’heures travaillées en moins à l’échelle mondiale par rapport à 2019, soit l’équivalent de 255 millions de postes à temps plein. Et, par un heureux concours de circonstances, la production d’énergies renouvelables est (du moins pour l’instant) plus « créatrice d’emploi » que les combustibles fossiles. Cela suggère que cette transition devrait stimuler le marché du travail d’une manière générale. Un programme massif d’isolation de millions de bâtiments et de rénovation de milliards de logements avec des systèmes de chauffage à émissions de carbone faibles ou nulles (comme les pompes à chaleur aérothermiques ou les chaudières électriques) serait également une source de nouvelles embauches et de nouveaux revenus pour les travailleurs.
Une Nouvelle donne verte obligerait les États à abandonner toutes les subventions liées aux énergies fossiles qui sont encore versées aux entreprises et aux ménages. Elle nécessiterait également qu’ils taxent davantage les activités fortement émettrices de carbone, comme le transport aérien et les voitures à essence ou au gazole. En se positionnant de la sorte, un certain nombre d’États seront confrontés à une forte résistance de la part de différents lobbies. Pour contrecarrer cet effort de lobbying et gagner la bataille de l’opinion publique, les systèmes étatiques devront prendre des mesures rapides et décisives afin de soutenir le revenu des ménages au travers de la transition énergétique, par la redistribution aux consommateurs les moins favorisés des recettes générées par les taxes sur le carbone. En effet, ces agents économiques sont frappés par l’augmentation du coût de la vie […].
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Leonardo se pose beaucoup de questions. Ce travail a-t-il vraiment du sens ? Certes, il gagne bien sa vie. Oui, mais après ? Cette activité très lucrative le rend-il vraiment heureux ? Est-elle au service du bien commun ? Leo est indispensable à son entreprise. Contrairement aux autres, il a eu la chance de faire des études à Agrocampus, à Angers, tandis que son futur employeur finançait le développement de son haut potentiel. Bien sûr, il n’en parlait pas à ses camarades de promotion. Il disait juste qu’il voulait travailler dans la recherche en botanique, mais le reste de son parcours était top secret. D’ailleurs, depuis qu’il est retourné dans son pays, il n’a plus aucun lien avec ces étudiants français. Et c’est sans doute mieux ainsi.
Oui, ce travail si bien rémunéré dans ce laboratoire lui pose question. Quinze ans après son retour, il est en pleine crise de la quarantaine. Mettre au point des plantes de plus en plus psychotropes et addictives pour ce cartel latino-américain lui paraît vide de sens. Toute cette délinquance, tous ces massacres, toutes ces vies gâchées… Mais s’il dit mierda à son employeur, c’est la gâchette à coup sûr…
Le marché s’épuise, les drogues classiques ne se vendent plus tellement ; il faut innover. Une étude de marché fait ressortir une nouvelle demande de la part des consommateurs : une plante euphorisante, dégageant un gaz ou une énergie qui les mettrait dans une joie dynamique et qu’ils pourraient avoir chez eux. Il y travaille avec professionnalisme, mais sans grande conviction. Il est résigné, comme un esclave, comme un robot.
Dans ce bidonville de San Porro del Mono, le cartel local règne en maître. L’État a déserté les lieux depuis longtemps et la population fait confiance à ces bandits qui sortent les pauvres gens de la misère par le clientélisme. Le seul contre-pouvoir sérieux est l’Église catholique. Les prêtres, les religieux et les religieuses, qui vivent pauvres parmi les pauvres, sont aux côtés des toxicomanes, des enfants des rues et des prostituées. Ils ne cautionnent pas la mainmise des narcotrafiquants, mais ils sont bien obligés de fermer les yeux s’ils veulent rester en vie. Même certains dealers se montrent très croyants et arrosent généreusement la quête du dimanche avec leur argent sale. Le curé de la paroisse, le père Francisco, est un homme très respecté. Il est d’une très grande cohérence : généreux, bienveillant et franc, il vit sobrement et se met toujours au service d’autrui. Sa prédication est toujours remplie de sagesse et il s’adresse de manière accessible aux paroissiens qui, pour beaucoup, ne sont jamais allés à l’école. Croyants ou non, tout le monde l’admire et l’appelle ElSanto, « le saint ».
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Latif est désespéré. Et il n’est pas le seul. Dans le royaume de Dar ez-Zoulm, une grande partie de la population déprime. Tout va très bien pour les Zoulmites. Leur vie est paradisiaque : villas, piscines, voyages à l’étranger, festins réguliers. Mais pour les travailleurs originaires d’Asie du Sud-Est, c’est l’enfer. Venus pour pouvoir envoyer de l’argent à leur famille, ils sont payés misérablement. Ils sont entassés dans des logements insalubres, travaillent comme des bêtes et n’ont aucun moyen pour protester. Certains préfèrent se suicider pour que leurs familles puissent toucher l’argent des assurances. Quant aux jeunes filles, elles sont forcées à la prostitution.
L’Occident est complice de cette monarchie injuste. La richesse du royaume vient de ses nombreux gisements de pétrole, exploités par la multinationale Petroflouz. Latif et ses compagnons travaillent sur les puits d’extraction. Ils y font les métiers les plus dangereux et nombre d’entre eux sont tombés malades à cause de la pollution. Les Zoulmites habitent loin de ces bagnes et ne sont donc pas exposés à ces problèmes. D’ailleurs, se rendent-ils vraiment compte de ce que subissent les populations « accueillies » sur leur territoire ?
Latif marche seul dans le désert. Il se sent comme une victime. Il se croit beaucoup trop gentil pour résister aux injustices et prie Allah de lui venir en aide. Dans son Pakistan natal, on adore le même Dieu qu’ici. Pourquoi les croyants de Dar ez-Zoulm agissent-ils de la sorte ? Le Coran ne dit-il pas que tous les musulmans sont frères ?
Soudain, il trébuche et tombe à plat ventre. Il regarde quelle pierre l’a fait choir. À son grand étonnement, il s’agit d’une lampe, exactement comme celle d’Aladin. Incrédule, il la frotte pour voir quel sera le résultat…
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Adila pleure sur ses enfants. Elle les aime. Elle connaît tous les trésors qui se cachent en eux. Mais la vie ne les a pas aidés. C’est comme si le sort s’était acharné sur toute la famille. Abbas, l’aîné, est devenu chef de bande. Il a rapidement compris qu’il aurait plus d’avenir dans le trafic de drogue qu’en tentant de suivre les cours dans ces établissements de ZEP où les professeurs sont dépassés.
Abra, la deuxième de la fratrie, est beaucoup plus raisonnable. Elle a toujours été studieuse et a toujours montré le bon exemple à ses frères et sœurs. Mais elle souffre d’asthme sévère à cause de l’environnement dans lequel se trouve la cité. En effet, Tutiroutupointes est coincée entre une bretelle d’autoroute et une raffinerie de pétrole tenue par Petroflouz, dans la banlieue nord de Marseille. Et les ferries à quai n’arrangent rien ! De nombreux problèmes de santé touchent ces populations qui n’ont pas les moyens de vivre ailleurs : maladies respiratoires, cancers, problèmes psychiques, voire malformations des fœtus et déficiences intellectuelles.
Dakwan, le troisième enfant de Badreddine et Adila, est très intelligent. Petit, il était curieux et s’intéressait à tout. Mais la crise d’adolescence fait des dégâts. Au collège de Tutiroutupointes, il ne fait pas toujours bon être un « intello ». Les enseignants voient que ce jeune a du potentiel, mais il préfère rester légitime auprès de ses copains que passer pour le « fayot de service », même si son grand frère est tellement craint que personne n’oserait le toucher. D’ailleurs, Dakwan s’identifie plus à Abbas qu’à son père. Ce dernier est âgé et il ne parle même pas français. Il ne travaille pas et c’est l’aîné caïd qui fournit l’argent à la maison.
Les deux derniers, Bahij et Faïda, font la consolation de leurs parents. Ils vivent encore de la fraîcheur de l’enfance, mais pour combien de temps ? Bahij est enjoué, et son sourire radieux emplit la maison. Il fait souvent le clown et apporte un peu de rire dans cette ambiance morose. Faïda est pleine de bienfaits pour sa famille. À quatre ans et demi, elle est déjà coquette, elle bute sur les mots et attendrit tout le monde, du terrible Abbas à la sérieuse Abra, du Dakwan peu assuré aux deux parents angoissés par leurs trois aînés.
Cette famille est un exemple type de ce qui se passe dans cette cité : chômage, discrimination, pollution, maladies, manque d’avenir, délinquance, mais aussi solidarité et vie. À Tutiroutupointes, tout le monde souffre de ces injustices. Mais, comme dans chaque cité de France et de Navarre, tout le monde se connaît. Donc s’ils veulent s’unir pour faire la révolution, ils en ont les moyens. Le tout est de la faire intelligemment…
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Le père Francisco se lève. L’évangile est lu, il va enchaîner avec son homélie. On vient de lui diagnostiquer un cancer en phase terminale, mais il ne l’a dit à personne. Il n’a donc rien à perdre. Tout le monde attend avec impatience ce qu’il va dire. Après un long silence, il commence enfin son prêche :
« Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? »
Il s’arrête. Toute l’assemblée retient son souffle. Que va-t-il tirer de cette citation de l’évangile de Matthieu ?
« Mes amis, que signifie cette phrase pour nous aujourd’hui ? »
Pas de réponse.
« San Porro del Mono est remplie de gens bien. Vous êtes des gens bien. Vous êtes des enfants de Dieu et vous avez été créés pour faire le bien. »
Silence.
« Mais malgré cela, San Porro del Mono est remplie de violence, de misère et d’injustice. Pourquoi ? »
Silence.
« Eh bien parce que le démon y fait son œuvre ! Il y a, dans ce bidonville, des gens qui ont vendu leur âme au diable. Ils gagnent des milliers de pesos, ils ont des piscines, des femmes à volonté, parfois ils vont à l’église et donnent leur argent sale à la quête ou aux plus pauvres. Ils gagnent le monde entier, mais ils sont sur le chemin de l’enfer. Et vous, vous êtes complices ! Vous acceptez cette servitude ! Or Dieu nous a créés pour l’amour, pour la liberté, pas pour cette complaisance avec le mal ! Dieu est plus fort que le diable ! L’amour est plus fort que la mort ! N’ayez pas peur et osez résister aux narcotrafiqu… »
Le sermon du padre est interrompu. Une balle vient de s’encastrer au milieu de son front. Personne ne sait d’où ça vient, mais le tireur a un message implicite pour l’assemblée : « Si vous faites ce qu’il vous a dit, il vous arrivera la même chose ! »
Dans ce bidonville, violence et religion sont omniprésentes. Les habitants en ont assez de la violence et la religion est leur seul refuge — avec la drogue, pour beaucoup. Les paroles d’El Santo ont retenti. Si tous les prêtres ne sont pas irréprochables, celui-ci était très aimé car il était très cohérent. Il a témoigné de ses convictions jusqu’au don de sa vie. Alors il est temps de reprendre le flambeau et de faire la révolution…
Le soir même, un groupe de personnes se réunit dans le plus grand secret. Les leaders de tous les groupes sont représentés : les syndicalistes, les religieux, les enfants des rues, les prostituées, les colporteurs… Seuls les trafiquants manquent à l’appel. Le conseil secret réfléchit à la manière dont il peut renverser ce régime narcocrate.
– Il faut faire table rase du passé, annonce Felipe, un leader syndical d’âge mûr. Il faut prendre les armes pour renverser ce régime impérialiste ! Barricadons-nous ! ¡¡El pueblo unido jamás será vencido!![1]
– La violence ne résout rien, rétorque sœur Teresa. Pensez à Jésus, qui a sauvé le monde sur la croix. Pensez au pasteur Martin Luther King qui a fait changer les États-Unis par la non-violence…
– Je ne crois pas à votre Bon Dieu des Bisounours, ma p’tite dame ! Est-ce qu’Hitler est tombé de cette manière-là ? Nous avons affaire à des tarés ! Contre le fascisme et la dictature capitaliste, seule la révolution peut changer les choses !
– Et que pensez-vous d’une révolution non-violente ?
Tous se tournent vers Miguelito. De sa petite voix, le chef de bande des enfants des rues vient d’intriguer l’ensemble du conseil.
– Explique-toi, reprend María Magdalena, directrice de la maison clause du quartier.
– Eh bien, nous pourrions lancer une grève du manque !
– Une quoi ? répondent-ils tous en chœur.
– Une grève du manque ! C’est le même principe que la grève de la faim, mais avec la drogue. Tous les toxicomanes du bidonville arrêteraient de consommer jusqu’à ce que les narcos dégagent…
Devant les explications de l’enfant, tous éclatent de rire.
– Tu es jeune et sans expérience, Miguelito, reprend jovialement Melquíades, le porte-parole des colporteurs. Mais tu apprendras avec la vie qu’un toxico ne peut pas se passer de drogue comme ça. C’est une maladie et on n’en sort que très rarement à coups de bonne volonté.
– J’ai peut-être l’air jeune, mais j’ai bien plus d’expérience que vous ne le croyez. Nous, les enfants des rues, nous ne sommes pas du tout naïfs. Nous sommes des experts en matière de délinquance et de défonce. Et d’ailleurs, je ne suis même pas un enfant, mais un extraterrestre !
Devant cette nouvelle remarque, c’est un fou rire incontrôlable qui saisit toute l’assemblée. C’est à croire que le garçon vient de dévorer un space cake ! Mais tout à coup, les rires se transforment en cris de peur. En effet, ce n’est plus un enfant qui se dresse devant eux, mais un cloporte vert géant, avec des tentacules à la place des pattes. Il disait donc vrai !
– Ça vous fait peur ? Rassurez-vous : je vais vous effrayer encore davantage !
À la place de l’alien, les conseillers voient un jeune homme d’une trentaine d’années, l’air introverti. Ils crient en effet de plus belle, car c’est l’une des dernières recrues des narcotrafiquants. C’est Judas, l’assistant de Leonardo au laboratoire.
– N’ayez pas peur ! J’ai beau avoir un nom de traître, ce sont les narcos que je trahis. Si vous m’écoutez bien sagement, je vous indiquerai comment mener votre révolution. Mon vrai nom est Ra-Rho. Je viens d’une planète nommée Terra Botanica, qui est à un million d’années-lumière de la vôtre. D’ailleurs, ce nom est aussi celui d’un parc à thème dans l’ouest de la France, mais les responsables politiques locaux n’ont pas fait exprès de copier sur nous. Ils ne connaissaient pas l’existence de ma terre natale, donc nous ne pouvons pas les accuser de plagiat. Sur ma planète, la vie animale et végétale est foisonnante. On y trouve notamment une multitude d’espèces de plantes magiques. Avec deux collègues, j’ai été envoyé en mission pour aider les Terriens. Mon camarade Ra-Rib a été parachuté au Moyen-Orient, où il se fait passer pour un génie dans une lampe. Quant à Zarbi, il s’est déguisé en chômeur qui profite du système dans la banlieue de Marseille, en France. Nous communiquons par télépathie pour coordonner des insurrections qui changeront la face du monde. Donc ce qui se joue ici, à San Porro del Mono, servira toute l’humanité. Ça vous va ?
Tous acquiescent en silence.
– Bien, reprend Ra-Rho. Alors, la première plante que je vous propose est la tripa gerba. Elle agit sur l’ADN et provoque une mutation génétique ainsi qu’un profond dégoût pour tout type de drogue. En même temps, elle supprime tous les symptômes liés au manque et répare toutes les lésions dues à la consommation. Depuis mon recrutement au labo, j’en ai mis dans toutes les marchandises exportées à l’étranger. C’est pour cela que le marché s’essouffle et que les narcos sont de moins en moins généreux envers les pauvres du quartier. Cette situation nous aidera à gagner le soutien des habitants. Nous allons donc donner de la tripa gerba à tous les toxicos qui veulent en finir avec leurs tortionnaires. En échange, ils feront savoir haut et fort qu’ils entament la grève du manque. Ça vous va ? Vous avez des questions ?
– J’espère que nos cris de rire et de peur ne nous ont pas fait repérer, s’inquiète María Magdalena.
– Pas de problème, répond Ra-Rho. J’ai brouillé les ondes pour que cette maison semble déserte à toute personne extérieure à notre groupe.
– J’ai une autre question, demande Felipe. Comment as-tu fait pour venir jusqu’ici si ta planète est aussi loin ?
– Bah ! Enfin ! Par téléportation ! Quelle question !!!
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* *
Ra-Rib a réuni les ouvriers d’Asie du Sud-Est dans un endroit secret. Sans leur dire, lui aussi a agi sur les ondes pour que personne ne puisse les y trouver.
– Alors, vous en avez marre de cette exploitation de la bourgeoisie pétrolière ?
– Ouais ! Aux chiottes les Zoulmites !
– À Dar ez-Zoulm, on va tous les bouffer comme des loukoums !
– Je comprends votre colère, camarades ! Mais attention : nous allons agir de manière non-violente. Souvenez-vous de Gandhi, qui a réussi à libérer la plus grande démocratie du monde sans armes. Combien parmi vous sont indiens ? Bien, je vois beaucoup de mains levées ! Je vous propose de faire grève. Petroflouz sera bien emmerdée si les puits n’extraient plus rien, et les Zoulmites aussi !
– Mais comment veux-tu qu’on fasse grève de manière non-violente sans se faire taper dessus ? interroge un ouvrier au fort caractère originaire d’Indonésie.
– Eh bien avec ça, répond Ra-Rib en sortant de sa poche un petit pot, le corpus diamantis !
– Le quoi ?
– C’est une plante magique. Vous en mangez et personne ne pourra vous blesser. Votre corps deviendra si dur que ce sera l’arme qui cèdera.
Devant cette déclaration, tous éclatent de rire. Ça leur fait du bien : ces hommes n’ont pas ri comme ça depuis des mois, voire des années. Au bout d’un moment, Ra-Rib prend son apparence bleuâtre de génie et s’amuse à entrer dans la lampe, puis à en ressortir par intermittence.
– Mâ shâ’ llâh ! s’écrient les ouvriers en chœur.
– Ça vous épate, hein ! Alors ? On croit aux plantes magiques, maintenant ? Bon, dit-il après avoir repris son apparence humaine, Latif, prends ce couteau à viande et coupe-moi le bras !
– Non, je ne pourrai jamais faire ça !
– Femmelette ! répond l’Indonésien en lui arrachant l’arme des mains. C’est un génie, ça va rien lui faire !
Et l’homme tranche d’un coup sec le bras de Ra-Rib, qui part à l’autre bout de la salle. Le sang gicle à flots, mais le membre repousse sur-le-champ.
– Pourquoi le bras est-il parti ? Parce que je n’avais pas pris de corpus diamantis ! J’en mange donc une bouchée… Mmmh… Ch’est bon ! Et là, tranche-moi le bras pour voir !
L’Indonésien recommence, mais c’est le couteau qui vole en éclats. Alors, tout le monde se rue vers le génie pour pouvoir se gaver de la plante magique.
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* *
Les sages du quartier fument la chicha sur la place principale de Tutiroutupointes.
– Ah, mon bon vieux Hakim… La vie n’est plus ce qu’elle était ! Nous, on essayait de s’intégrer. Mais pour nos petits-enfants, c’est bien plus difficile…
– Comment veux-tu t’intégrer quand la police te contrôle tout le temps, quand l’école n’est plus une garantie de réussite, quand l’air est trop pollué pour que tu puisses te développer normalement ?
– Salam calikoum, mes oncles !
– Abbas ! Comment vas-tu, mon grand ?
– Pas fort ! Les affaires ne marchent plus trop, en ce moment… Quand il s’agit des clients qui ne fument que du shit marocain, il n’y a aucun problème. Mais ceux qui touchent à la came latino-américaine nous lâchent complètement ! Il y en a même qui dégueulent sur mes dealers ! J’ai dû arrêter de travailler avec mes fournisseurs de San Porro del Mono. C’est à croire que leur marchandise est maudite !
– Salut la compagnie !
– Tiens ! Salut Kevin ! Ça roule ?
– Putaing, oui ! Toujoure la frite !
– Bah t’as de la chance ! T’es bien le seul ici… Tiens, v’là Amady !
Un homme de type subsaharien se dirige vers eux. Avec ses 140 kilos, il a du mal à se déplacer. Il arrive en sueur pour saluer les uns et les autres.
– Alors, j’ai l’impression que ça va pas fort !
– Ce n’est pas qu’une impression !
– Et si on changeait tout ça ?
– Comment veux-tu que ça change ?
– Ben… En faisant la révolution !
– T’es sérieux ?
– Très sérieux ! On est pauvres, on souffre de la pollution. Donc ce qui marche, aujourd’hui, c’est de foutre le bordel pour se faire entendre. Il y a eu les Gilets jaunes, il y a eu la Marche pour le climat. Je vous propose donc « la Marche des pauvres pour le climat ». Nous bloquerons les ronds-points avec des gilets verts fluorescents 100 % naturels…
– Attends, Amady ! T’es mignon, mais depuis qu’on te connaît, tu passes ta vie devant la télé à bouffer des chips et à fumer des pétards, tu profites de toutes les allocs possibles et tu nourris la réputation des étrangers qui profitent du système. Donc tu vas arrêter avec tes idées à la con ! Déjà, on n’est pas assez riches pour financer un truc pareil, et en plus, des gilets fluorescents 100 % naturels, ça n’existe pas !
– Bon, déjà, je n’y suis pour rien si je ne trouve pas de boulot. Les employeurs ne sont pas nécessairement racistes, mais quand on s’appelle Amady Coulibaly, c’est vachement plus dur d’avoir un job !
– Rien ne t’empêche de changer de nom !
– En France, c’est un handicap, mais au Bled, c’est un atout. Je peux être ami sur Facebook avec tous les Coulibaly que j’y trouve. J’en ai même invité un qui a lancé des plantations de coton bio au Mali. On pourrait s’en servir pour tisser nos gilets tout en favorisant le commerce équitable…
– Et avec quoi tu vas financer tout ça ? Avec ton RSA, tes APL et ton AAH basée sur ton handicap fictif ?
– Je peux trouver des financements, interrompt Hakim. Je suis parent avec le rappeur Karim Kif-Edderim. Il est très riche et très généreux. En plus, il ferait certainement une chanson pour soutenir notre mouvement.
– Bien, reprend Abbas. Et la teinture fluorescente naturelle ?
– Regarde-moi ça ! Cette poignée d’herbes nous changera la vie ! C’est de la stabylota verda. Tu teins du coton avec ce truc et tu as de beaux gilets verts…
– Je te croirai quand tu m’auras fait une démonstration.
– Très bien, cher Abbas ! Viens chez moi et je te montrerai. Tu peux me croire. Demande aux gens du quartier ! J’ai l’habitude de tromper l’État français, mais pas mes frères de la cité. D’ailleurs, je suis l’un de tes clients les plus fidèles et je t’ai toujours payé comptant.
– Pas faux ! Montre-moi ça, qu’on puisse enfin changer la vie de tous les banlieusards !
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Pablo est désespéré. San Porro del Mono s’est complètement retourné contre son clan. La grève du manque a bien pris. Plus personne n’achète sa marchandise, ni ici ni ailleurs dans le monde. Son personnel se met en grève et refuse de massacrer les rebelles. À la télévision, il voit que l’entreprise Petroflouz est, elle aussi, en difficulté. Les ouvriers sont en grève à Dar ez-Zoulm et les Zoulmites plient devant eux depuis que le monde entier a vu les corps invincibles des esclaves brisant les armes de la répression. Ça fait le buzz, tout comme les manifestations des Gilets verts en France. Il y a différentes insurrections, mais pour quel résultat ? Partout, la situation est bloquée. Si on se soulève, il faut que ça serve à quelque chose. Pour l’instant, Petroflouz et les narcotrafiquants sont dans une situation critique, sans que rien ne s’améliore pour les insurgés. Ces derniers protestent, mais ne proposent aucune alternative concrète. Pablo sort son revolver, le charge et met le canon dans sa bouche.
« Boum ! »
Le dirigeant du cartel se retourne. Leonardo vient de frapper un grand coup sur la porte.
– J’ai une bonne nouvelle, patron !
– Ça existe encore, les bonnes nouvelles ?
– Vous vous souvenez de cette plante euphorisante que vous m’aviez demandée il y a quelques mois ? Judas m’a aidé à…
– Qu’est-ce que j’en ai à foutre, maintenant ? La drogue, ça ne marche plus ! Il faut innover, se reconvertir, et nous n’avons plus le moindre peso à investir là-dedans !
– Justement, Judas a trouvé un truc pas mal : le cactus ecologicus. Si on dépose un brevet, on peut sauver la compagnie, le bidonville et le monde entier avec !
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Cinq ans se sont écoulés. En partenariat avec Petroflouz, le cartel de San Porro del Mono a développé des plantations de cactus ecologicus dans le désert de Dar ez-Zoulm. Les ouvriers agricoles d’Asie du Sud-Est sont très bien payés et envoient des biodollars qui participent largement au développement de leur pays d’origine. Le cactus ecologicus absorbe le dioxyde de carbone en grande quantité. Il peut même en attirer à des milliers de kilomètres. Une partie du carbone sert à la photosynthèse. Une énorme quantité de dioxygène est recrachée dans l’atmosphère, ce qui a un effet euphorisant. Les ouvriers sont donc très heureux et dynamiques au travail. Une autre partie du carbone est stockée dans le sol. Mais avec le cactus ecologicus, on fait surtout du biocarburant non polluant et du plastique biodégradable. Cela est notamment fabriqué dans des usines situées dans les quartiers sensibles. À Tutiroutupointes, la raffinerie Petrovert (anciennement Petroflouz) est devenue une usine éthique, qui emploie la main-d’œuvre locale dans des conditions de travail rêvées. Le jeune Dakwan vient d’obtenir son baccalauréat avec mention très bien. Après la classe préparatoire et une école d’ingénieur, il espère intégrer cette société dans laquelle son grand frère est manager. À San Porro del Mono, le cartel vit grassement du brevet lié au cactus ecologicus. Le bidonville n’en est plus un. C’est un quartier où il fait bon vivre, comme à Tutiroutupointes, à Dar ez-Zoulm et partout ailleurs. La Terre est moins polluée et les Terriens ont enfin compris que c’est par la justice et l’équité qu’ils peuvent réellement être heureux.
[1] « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! » Slogan marxiste très souvent utilisé dans le monde hispanique.
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Jour après jour, nous faisons beaucoup dans un seul but : être heureux. Mais souvent se produit quelque chose qui modifie les critères : nous confondons le bonheur avec le succès.
Nous voulons que nos actions donnent du résultat, et en donnent immédiatement. Si cela ne se réalise pas, nous avons l’impression d’avoir perdu notre temps et nous essayons autre chose. Il doit bien être possible d’acquérir la gloire !
En cherchant à atteindre nos buts par cette allée et venue constante, nous finissons par être doublement angoissés : nous ne remplissons pas nos objectifs et, pire encore, nous ne sommes pas heureux.
ALORS, DANS LES MOMENTS OÙ VOUS SENTEZ QUE RIEN DE CE QUE VOUS ENTREPRENEZ NE PORTE SES FRUITS ET QUE LA VIE DEVIENT TRÈS DIFFICILE, QUAND VOUS AVEZ ENVIE DE RENONCER À TOUT PARCE QUE CELA N’A AUCUN SENS, SOUVENEZ-VOUS DE LA FABLE DE LA FOUGÈRE ET DU BAMBOU.
Il était une fois un menuisier qui semblait mener une vie comblée. Il gérait son atelier ; il vivait auprès d’une femme qu’il aimait et avait deux enfants. Mais un jour, il commença à recevoir moins de commandes. Des problèmes économiques se déclarèrent donc pour lui et pour sa famille.
Cet homme voulait prendre soin de son activité professionnelle. Pour ce faire, il commença à essayer plusieurs méthodes afin de relancer son atelier, mais aucune ne produisait un quelconque résultat. Ses problèmes économiques commencèrent à générer des soucis avec sa femme. Les voyants tristes et en conflit, les enfants se mirent à rencontrer des difficultés à l’école.
Le menuisier se sentait découragé : rien de ce qu’il entreprenait ne semblait avoir du sens, étant donné que les choses allaient de pire en pire. Un jour, sur le point de jeter l’éponge, il décida d’aller dans les bois pour discuter avec un vieux sage.
Après avoir marché pendant une demi-heure, il rencontra ce dernier. Le vieil homme vivait dans une humble maison. Voyant le menuisier, il l’invita à passer prendre un thé. Il remarqua l’inquiétude sur son visage et lui demanda ce qui lui arrivait. L’artisan conta ses mésaventures au sage, qui l’écouta avec attention et sérénité.
Quand ils eurent fini de boire le thé, le vieil homme invita son hôte à l’accompagner vers un jardin magnifique qui se trouvait derrière la maison. La fougère et le bambou trônaient au milieu de dizaines d’arbres. Le sage demanda au menuisier d’observer les deux plantes et lui annonça qu’il devait lui raconter une histoire.
« Il y a huit ans, j’ai pris quelques graines et j’ai semé la fougère et le bambou au même moment. Je voulais que ces deux végétaux croissent dans mon jardin, car tous deux me sont d’un grand réconfort. J’ai mis tout mon cœur à prendre soin de l’un et de l’autre comme s’il s’agissait d’un trésor. »
« Peu après, j’ai remarqué que la fougère et le bambou répondaient à mes soins de manière différente. La fougère a commencé à éclore et, en à peine quelques mois, elle est devenue une plante majestueuse qui ornait l’ensemble du jardin par sa présence. En revanche, le bambou restait sous terre, sans donner signe de vie. »
« Une année entière s’est écoulée, au cours de laquelle la fougère continuait à se développer, mais pas le bambou. Néanmoins, je n’ai pas baissé les bras. J’ai continué à m’en occuper avec plus grand soin. Malgré cela, une autre année s’est écoulée et mon travail n’a porté aucun fruit. Le bambou refusait de se manifester.
Je n’ai pas non plus baissé les bras après la deuxième année, ni après la troisième, ni après la quatrième. Au bout de cinq ans, j’ai enfin vu qu’un jour une brindille timide émergeait delaterre. Le lendemain, elle était beaucoup plus grande. En quelques mois, elle a poussé sans s’arrêter et est devenue un prodigieux bambou de 10 mètres. Sais-tu pourquoi ce dernier a mis tant de temps à sortir de terre ? »
Après avoir écouté l’histoire, le menuisier n’avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle le bambou avait tant attendu pour se manifester. C’est alors que le vieil homme lui déclara :
« Il a mis cinq ans car, pendant ce temps, la plante était occupée à développer ses racines. Elle savait qu’elle devait croître jusqu’à atteindre cette hauteur impressionnante. C’est pourquoi elle ne pouvait pas sortir de terre avant de disposer d’une base ferme qui lui permette de s’élever de manière satisfaisante. Comprends-tu ? »
Alors le menuisier comprit que toutes ses luttes étaient destinées à développer ses racines. Par ailleurs, le fait de ne pas voir les fruits de son travail pour le moment ne signifiait pas qu’il perdait son temps, mais qu’il devenait plus fort.
Avant de le laisser partir, le sage fit part à son hôte d’un dernier message :
« Le bonheur te permet de rester doux. Les tentatives te permettent de rester fort. Les peines te permettent de rester humain. Les chutes te permettent de rester humble. Le succès te permet de rester brillant. »
Cette histoire doit vous rappeler que peu importe le temps que mettent les choses à porter leurs fruits. Dans les moments difficiles, le plus important n’est pas de chercher à voir les résultats à tout prix.
En revanche, il est fondamental de travailler avec ardeur au développement de vos racines. En effet, c’est seulement grâce à elles que vous pourrez croître et devenir la meilleure version de vous-même.
Source : “La fábula del helecho y del bambú que deberías leer cuando pases por un momento difícil”, conte écrit par Rocío Belén Suárez et publié sur La mente es Maravillosa ainsi que sur le site internet de Bioguia [consulté le 27 mars 2021 ; mis à jour le 10 décembre 2020]